Iron-Blooded Orphans – La série sang pour sang Gundam
La saison d’automne 2015 s’annonce d’ores et déjà comme un des meilleurs millésimes de ces dernières années du point de vue des animes diffusés au Japon. Outre l’excellent One Punch Man de chez Madhouse, on a droit entre autres au retour de Lupin The Third et à une case Noitamina en grande forme. Et pour parachever ce sympathique tableau, la dernière itération de la saga Gundam s’avère être le refuge inespéré des naufragés de l’animation de robots géants.
Si l’on parle de « saga » Gundam, c’est bien parce que la franchise du studio Sunrise constitue un des piliers indétrônables de l’animation japonaise depuis maintenant trente-cinq ans. Gundam fascine, Gundam impressionne, mais Gundam effraie les débutants qui ne savent pas par quel côté attaquer le monument. A tous ceux-là, je leur dis que Gundam Iron-Blooded Orphans est la porte d’entrée que vous attendiez tous.
En effet, cela faisait quelques années que Sunrise n’avait pas produit de Gundam à l’attention des nouveaux spectateurs. Le dernier en date était Gundam 00, qui fut à titre personnel un des tout premiers animes que j’ai regardé au cours de sa diffusion au Japon. Depuis lors, pas grand-chose : Gundam AGE s’adressait surtout aux enfants, Build Fighters s’adressait aux fans de figurines et G no Reconguista s’adressait… à personne. Il était temps pour Sunrise de revenir dans la course, de ne pas laisser le monopole du robot géant à des imposteurs tels que Aldnoah.Zero qui tentait ouvertement d’usurper l’héritage de Gundam.
Ce ne sera donc pas un hasard si l’on trouvera des similitudes thématiques entre la série sus-citée et Iron-Blooded Orphans. L’histoire commence trois cents ans après une guerre qui opposa la Terre et la planète Mars. Suite à cet affrontement, la planète rouge fut colonisée par la planète bleue et partagée entre plusieurs nations. L’une de ces nations, Chryse, tente d’obtenir son indépendance vis-à-vis du pouvoir terrien. A cet effet, une jeune diplomate appelée Kudelia cherche à se rendre sur Terre pour plaider la cause de son peuple. Elle doit être escortée par une société militaire privée qui emploie des enfants soldats, parmi lesquels le héros Mikazuki Augus. Mais avant même que le périple de Kudelia ne débute, elle est attaquée par les soldats de Gjallahorn, une autre société privée qui travaille pour le compte de la Terre. Au milieu de la bataille, les enfants soldats décident de se rebeller contre les adultes qui les oppressent et de former leur propre armée au service de Kudelia. Pour y parvenir, ils utilisent une arme secrète appelée « Gundam »…
Iron-Blooded Orphans n’entretient aucun lien avec de précédents opus de la saga, mais le schéma narratif utilisé s’inscrit dans l’esprit de ses prédécesseurs tels que Gundam 00 cité plus haut, mais aussi de productions bien plus anciennes telles que le méconnu Dougram par exemple. On y retrouve cette thématique des enfants soldats en rébellion contre l’ordre établi, ainsi qu’une relative importance du jeu politique entre les factions. En quatre épisodes, Iron-Blooded Orphans introduit un grand nombre de personnages et d’éléments de scénario ; parfois au prix d’une exposition un peu lourde au point de passer par des wall of text en plein épisode.
L’autre particularité de Iron-Blooded Orphans est son ton nettement plus sombre et premier degré par rapport aux derniers Gundam. Le public visé ici est clairement plus mature que celui de AGE et Reconguista, avec des protagonistes écorchés vifs et des conflits qui se résolvent de manière brutale. Il est donc d’autant plus gênant de voir la narration céder à certaines facilités, en particulier en ce qui concerne les antagonistes grossièrement écrits, et des personnages féminins caricaturaux.
Pour expliquer cette discordance entre les thèmes abordés et leur exécution, un coup d’œil rapide au staff donne une explication. Sunrise a confié le projet au réalisateur Tatsuyuki NAGAI et à la scénariste Mari OKADA ; un duo qui a déjà travaillé ensemble sur des séries que vous connaissez sans doute telles que Toradora (2007) et Ano Hana (2011). Ces animes de romance mélodramatique ont certes connu un énorme succès, mais sans rapport avec de la science-fiction à teneur politico-militaire. NAGAI saura-t-il empêcher OKADA de transformer Iron-Blooded Orphans en soap-opéra pour adolescents, comme elle l’a fait l’an dernier sur la série M3 The Dark Metal ? C’est la grande interrogation qui plane pour la suite.
En attendant, on ne boude pas notre plaisir de revoir un anime de robot géant ambitieux – et dessiné à la main – après avoir été déçu du traitement dégradant accordé au genre ces dernières années, y compris par Sunrise eux-mêmes (Valvrave, Buddy Complex…). Iron-Blooded Orphans est donc une chance pour Gundam, pour Sunrise et pour le genre tout entier de sortir de l’ornière. Quel que soit le résultat, il serait dommage de le manquer.
Gundam Iron-Blooded Orphans est disponible en simulcast sur Daisuki.net, ainsi que sur Crunchyroll.com et Wakanim.tv.
2 commentaires
Je partais avec un a priori plus positif mais j’ai été tout autant agréablement surpris. Alors l’exposition est catastrophique (l’article de Deluxe est plus clair que les quatre premiers épisodes) et on sent quelques marottes malheureuses mais on a un univers dense, sans concessions, qui me fait un peu penser à Ryvius.
Surtout, plus que le dessin même des boîtes de conserve, c’est le rendu de leur animation qui m’a tapé dans l’œil. Sans devenir du Iso, les mechas semblent avoir un certain poids qui se ressent dans les mouvements. Je regrette du coup le départ dans l’espace où on risque de tomber dans quelque chose de plus classique. Un cru prometteur ceci dit.
[…] vous êtes passés à côté malgré tous mes efforts, IBO raconte l’histoire d’un groupe de mercenaires de l’espace appelé Tekkadan, qui se […]