Le Tentacule : POURQUOI ?
On en parle trop peu, et pourtant elles existent. On ne les voit que d’un mauvais œil, gluantes et perverses, sans jamais explorer leurs causes, leurs origines ou tout simplement leur raison d’être.
Tentacule : Appendice mou, allongé et mobile de certains mollusques tels que la pieuvre.
Inutile de tourner autour du pot, ni de nous voiler la face, les appendices de mollusques n’apparaissent que dans les eroges bien dégueulasses ou les hentais aussi infâmes qu’amoraux.
Mais alors, une question quasi sociologique se pose pratiquement d’elle-même :
POURQUOI ?
C’est vrai après tout, lorsque l’on y réfléchit, il pourrait être aisé de trouver une représentation phallique un poil plus sexy que les grosses tentacules gluantes. Alors certes, on lit dans certains coins glauques de la toile que l’animisme shintoïste y est pour quelque chose, mais bon…Qui aurait l’audace d’expliquer au reste du monde que les japonais sont spirituellement le peuple le plus apte à être excité par des membres de mollusques super gluants ? Certainement pas moi, même si j’aurais jubilé à l’idée d’être capable d’un tel argumentaire.
Mais bien au contraire, j’entends aborder ce problème d’un point de vue « international » ; car s’il serait facile de m’affilier à la croisade de Ségolène Royal (entre autre), en vomissant avec ostentation sur la perversion nippone qui nous contamine un peu plus chaque jour, il me semble bien plus pertinent de partir du postulat que les amateurs de tentacules n’ont été corrompus que par la petite partie bien vicieuse de leurs cerveaux déviants.
N’y voyez d’ailleurs aucune critique personnelle, ou aucun réquisitoire visant à éjecter les pervers de la société ; là où les tentacules n’effleurent pas l’esprit sommeille d’autres perversions, indéniablement ; et le sale, le sexuel ou je ne sais quoi encore se manifeste sous d’autres formes, que parfois l’on ne souhaiterait même pas connaitre.
Ainsi, ne soyons pas pudiques et jetons-nous dans la fausse aux poulpes.
Les tentacules ont donc pour but initial de contourner la censure nippone qui refuse l’apparition de tous poils pubiens et de tout sexe, féminin comme masculin. L’un étant par définition plus voyant que l’autre, vous m’excuserez la rudesse de mon texte, il fallait donc sérieusement envisager un objet, ou un membre faisant la même chose, mais ne choquant pas l’esprit de la même manière. Quand soudain, dans l’esprit fougueux de je ne sais quel animateur ou directeur de studio hentai, vint l’idée des tentacules.
Ainsi, et depuis maintenant de nombreuses années, on trouve des animes pornos, des eroges ou même des séries innocentes, dans lesquelles les tentacules jouent un rôle à part entière ; et je pense que personne n’osera me contredire lorsque j’affirme que ce que ces dernières ne manifestent pas en parole, elles le compensent largement en action…
Lorsque l’héroïne à l’innocence aussi courte que sa mini mini-jupe se fait suspendre avec aisance dans le vide par un appendice mou, tandis qu’un autre lui arrache le chemisier et lui entoure violemment la poitrine, on saisit pleinement le potentiel érotique de la tentacule.
Primo, sa taille démesurée et sa force sans pareille sont tout à l’honneur de la virilité masculine, dominant totalement la femme, ce qui lui permet d’ailleurs de se passer de son consentement dans 90% des cas (qui, de toute manière, aurait envie d’une tentacule ?). Ensuite, le bruit de la tentacule est assez fabuleux. Allez savoir pourquoi, il se faut, afin de faciliter le travail d’interprétation du téléspectateur, que la tentacule soit à la fois luisante et veineuse, à tel point que l’on se demande l’intérêt de la censure lorsque l’objet initial devient si explicitement identifiable. Ainsi, lorsqu’elle ne fouette pas le vent par ses déplacements spectaculaires, la tentacule imbibe littéralement ses victime de la substance gluante l’entourant de toute part, et ce à grand coup de « Floc floc » ; bien entendu, la substance est libre d’interprétation…
Un geste sale et non nécessaire me direz-vous. Effectivement, ça l’est, mais au-delà de tous ces constats primaires et spontanés, on découvre très vite une vérité millénaire. Je m’explique.
Les japonais sont connus pour constituer un peuple prude, relativement peu émancipé sur le plan social, avec des règles et des normes de politesse à en avoir le tournis. Résultat de centaines d’années où leur culture n’a cessé de s’affirmer dans cette direction, une frustration démesurée. On sent parfois leur envie d’aller au-delà de la pudeur, de dépasser toutes ces contraintes et de foncer dans l’inconnu, dans l’interdit ; de se jeter dans les plaisirs charnels sauvagement, brutalement, sans belles paroles ni rien d’autre que de la luxure. « AH ! ENFIN !« , doivent-ils se dirent, et on les comprend bien.
Seulement voila, on le dit souvent, du moins certains psychologues le font, les plus timides sont les plus réservés, les plus contenus, et cachent souvent des individus radicalement extrêmes une fois désinhibés. Voila, vous savez désormais : les tentacules sont l’exutoire pervers ultime de la société nippone. Or ! Désormais, dans certaines catégories d’individus, comme les otakus, une forme similaire de pudeur est apparue aussi. Une pudeur naturelle face aux autres, qui s’exprime souvent maladroitement à coup de « je trouverai jamais une fille aussi parfaite qu’Asuka« , ou encore de « Ah ! Mizuko-sensei ! Je veux être en 2D et vivre avec toi pour toujours !« . Alors voila, puisqu’effectivement, les progrès techniques actuels ne permettent malheureusement pas d’avoir de rapports sexuels avec des individus en 2D, et encore moins des les épouser (cf. Un Japonais lance une pétition), il fallait des individus, ou des entités surpuissantes, se moquant de tout les empêchements possibles, et se contentant de tentaculer vigoureusement dans tous les sens.
Voila donc, nous savons désormais, et ce via un raisonnement logique assez incontestable, s’il est utile de le préciser (HAHA !), que les tentacules compensent tout ce que l’otaku, ou plus précisément le nippon n’est pas en mesure de faire dans la réalité qui l’entoure. On imagine sans difficulté l’otaku tokyoïte qui, au bout d’une trentaine de bousculades subites au cours de ses deux heures quotidiennes de transports en communs, se perd dans les méandres de sa vicieuse imagination, et se projette muni de deux cent tentacules tuant tous les hommes et toutes les laides, déshabillant simultanément toutes les femmes dignes de ce nom et commençant le sale boulot. Ainsi, il peut sourire niaisement, le regard dans le vide, à l’idée de sa surpuissance fictive, et assumer comme il se doit sa journée de travail, serein et motivé.
Les tentacules, en même temps qu’elles expriment quelques valeurs perverses comme la nature humaine sait si bien en créer, permet donc de catalyser, par sa violence suprême et la délectation qui s’en découle, les pulsions de l’otaku moyen. Si par le plus grand des hasards, il vous arrive de vous réveiller en sursaut, au beau milieu de la nuit, avec en mémoire quelques bribes d’un rêve érotique, dans lequel plus vous étiez excités, plus vous vous transformiez en poulpe, il serait intéressant que vous nous envoyiez un mail très précis sur le déroulement de vos nuits et sur les activités que vous exercez juste avant le sommeil.
En vous remerciant de m’avoir suivi le long de ma démonstration socio-scientifique, n’oubliez pas que sur le plan de la longévité, le poulpe sera toujours devant l’homme.
30 commentaires
Ah ah ah... Ca c'est du mauvais esprit ^^"
Bon sang, mais où as-tu pêché cette illustration invraisemblable ??? On dirait un cornichon mutant attiré par une paire de chaussettes à petits coeur !
Est-ce que t'as des infos sur la deuxième image ? (genre est-ce qu'elle est aussi vieille qu'elle en a l'air :P)
" Ainsi, lorsque l'héroïne à l'innocence aussi courte que sa mini mini-jupe se fait suspendre avec aisance dans le vide par un appendice mou, tandis qu'un autre lui arrache le chemisier et lui entoure violemment la poitrine, on saisit pleinement le potentiel érotique de la tentacule."
Euh ... ouais. Sûrement. Les petits lapins roses, c'est bien aussi X)
Article très intéressant ^^
L'image s'intitule Le rêve de la femme du pêcheur. C'est une œuvre d'Hokusai qui date de 1820 ;)
(c'était une - mauvaise - blague)
(c'est dingue mais ça sonne super mal "le" tentacule...)
J'avoue mon erreur, j'avais totalement zappé o_o
Il ne faut pas oublier le caractère "animal" du tentacule, à mettre en lien avec la sauvagerie érotique et cette envie de se donner à quelque chose d'incontrôlable, d'incontrôlé et d'inhumain, ce que la psychanalyse appelle le "ça" sauvage : sans interdits, sans normes, la source même des pulsions humaines refoulées ciblant uniquement le plaisir immédiat et absolu. C'est fou ce qu'une simple image perverse peut apporter comme significations et comme elle peut être l'image même d'une population donnée, d'une psyché collective :)
Sinon je poserai la question que tout le monde se pose :
de quel film vient la première image ? :3
a part ca, chouette article
"Ainsi, il peut sourire niaisement, le regard dans le vide, à l'idée de sa surpuissance fictive, et assumer comme il se doit sa journée de travail, serein et motivé." Vraiment excellent!!!
Un p'tit message pour vous rappeler qu'on dit UN tentacule et non UNE ;)
Tchao
Attention, malheureux. "Tentacule" est un nom masculin !!
C'était très drôle, et presque instructif... J'ai dit presque... ^^"