Junji Itô Collection : Itô, fais-moi peur !
Il aura fallu de longues années avant de songer à adapter les œuvres de Junji ITÔ en une série télévisée. Cet hiver 2018 est donc arrivée, en même temps que les 30 ans de carrière de l’auteur, la série Junji Itô Collection, après une première adaptation d’un des mangas d’ITÔ en OAV, Gyo, en 2012, qui avait à l’époque reçu un accueil mitigé.
La série sortie cette année s’attache à adapter une grande quantité d’œuvres différentes, avec un nombre d’épisodes restreint. On ressent une certaine volonté d’aller droit au but, le plus fidèlement possible, sans faire traîner en longueur des histoires sous couvert de prétexte mercantile. 14 épisodes seront au total diffusés, dont les deux derniers, considérés également comme des OAV, présenteront l’histoire de Tomie. De fait, une bonne partie des épisodes sortis parvient à résumer plusieurs histoires dans l’ensemble des vingt minutes : Le Journal de Soïchi, Le Mort Amoureux, La Maison de Poupées… A titre d’exemple, l’ouvrage La Femme Limace (qui dans sa version écrite ne comprend pas plus que quelques dizaines de pages), est parfaitement adapté dans l’épisode 3 en quelques minutes seulement.
Bien que le surnaturel et le fantastique aient une place prépondérante dans l’univers de Junji ITÔ, le chara-design des personnages et la représentation des décors dans leur ensemble sont des plus réalistes, toujours dans une volonté de cadrer fidèlement avec les ouvrages originaux. Les couleurs, les environnements, ou encore les dialogues entre les personnages (souvent au mot près par rapport aux mangas), sont empreints de réalisme, permettant de rendre terre-à-terre des événements qui ne le sont pas vraiment. Et donc de susciter la même tension et le même climat de frayeur souhaités par l’auteur.
De manière globale, et sous la réalisation de Shinobu TAGASHIRA, l’animation est fluide et surtout simple. Les actions ne sont pas précipitées, malgré l’avancée rapide de l’histoire. De la même façon, nous ne sommes pas perdus face à de nombreux personnages secondaires, mais focalisés sur les principaux. Parfois même jusqu’à mettre volontairement le spectateur dans une sensation d’insécurité, comme lors de l’épisode 4, où les figurants présents au second plan dans la rue ne bougent pas. Ainsi, ils apparaissent véritablement détachés de l’histoire des protagonistes, montrant que ces derniers sont les seuls concernés par les phénomènes surnaturels auxquels ils font face. Si l’on extrapole avec les autres épisodes de la série, il y a généralement très peu de personnages secondaires, pour que nous puissions nous concentrer sur les événements ciblés.
La série présente une animation de qualité (que l’on doit au Studio DEEN) et un style fort à propos, qui est visiblement calé sur les intentions de Junji ITÔ et les représentations faites dans ses mangas. Cet avantage peut également être un point critique, puisque la série semble être un véritable calque des œuvres originales, alors qu’elle aurait pu s’approprier le matériau de base pour, par exemple, s’essayer à implanter les histoires anciennes dans une société plus moderne. Ce n’est qu’un exemple, car la temporalité des événements n’est pas vraiment marquée et il est très facile de s’en détacher. Cette adaptation ne présente pas de défauts flagrants mais elle aurait gagné à prendre plus de recul sur le manga en prenant le temps d’aborder plus en détails certaines situations. Redorant le blason des animes d’horreur, elle permet également de mettre en avant des tomes peu connus du grand public.
Série disponible sur Crunchyroll
Un commentaire
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