Zetman – Vous reprendrez bien un super-héros ?
En ce printemps 2012, les super-héros ont de nouveau débarqué. L’année dernière nous avions eu droit à Tiger and Bunny, une création originale, et cette année a vu naître une adaptation, celle du manga de Zetman. Pourquoi parler de ces deux séries en intro ? Parce qu’il faut bien raconter quelque chose déjà, mais aussi pour leur sujet commun, les super-héros, et surtout pour Masakazu Katsura, auteur du chara-design pour T&B et du manga original de la série dont on a va vous parler. Exceptionnellement, vous aurez droit à deux avis, car la série Zetman soulève une sacré problématique qui revient souvent dans nos débats : une bonne adaptation est-elle une œuvre qui respecte point par point l’œuvre dont elle est issue ? Peut-on avoir une bonne série même si on apprend plus tard qu’elle aurait soit disant massacré l’originale ?
Pour en débattre, nous avons réunis sur le ring aujourd’hui deux célébrités du Webzine : à notre droite, celle qui a lu le manga et qui en est fan ; la redoutable, la terrifiante, la pseudo-mignonne Emilie, Maîtresse es trolls! Et à notre gauche, un nouveau challenger, tout juste débarqué sur le Webzine via des procédés obscurs, et qui n’a aucune connaissance du manga ; la cynique, la satyrique, la pseudo-gentille Rydiss, la Drama-turge !! Allons-nous assister à un match dans les règles de l’art ou bien cela va-t-il finir en un combat de boue? (Vous aurez vite compris que la problématique du début n’était en réalité qu’un piège afin d’attirer les intellectuels. On n’est pas là pour ça, mais pour la baston, cela va de soi.)
L’avis de la chevalière
Contrairement à Emilie, je n’ai pas lu le manga. Oui, je sais, parait-il que c’est un crime. Mais sachez tout de même jeunes gens que je ne suis pas tout à fait ignorante de Masakazu Katsura. J’ai lu plusieurs de ses œuvres, parmi lesquelles I’’s et DNA2. Que j’ai globalement apprécié. De ce fait, on va oublier trente secondes l’histoire pour se consacrer à l’élément que je connais le mieux chez lui : le graphisme, que je trouvais superbe dans ses œuvres précédentes. Alors pour cette série, je sais pas si l’auteur a changé de style de dessin entre I’’s et Zetman, mais je trouve que c’est assez raté… Autant il y a des passages où je me suis dit : « ça va, c’est plutôt joli et ça correspond pas mal à son style », autant y a des moments (la majorité) où j’ai fait la grimace et émis un « beurk ! » fort élégant. Je ne me souvenais pas que les personnages masculins avaient des lèvres aussi marquées (puis même si c’était le cas, ça n’empêche pas le fait que ce soit moche). Pareil pour certains visages, j’ai littéralement bloqué devant les déformations qu’avaient subies ces derniers. Bref, ce n’est pas la joie niveau chara-design quoi. Je me demande ce qui est arrivé au chara-designer, il avait fait du bon boulot sur Kekkaishi et Eyeshield 21 pourtant…
Côté animation, on sent qu’ils ont eu un budget réduit. Ca bouge pas des masses. Ils conservent tout pour les combats. Et même là, on sent qu’ils se limitent. Alors ça se bastonne, on ne va pas dire le contraire. Mais voilà quoi, j’ai vu mieux. Néanmoins ça n’empêche pas qu’on ressent pleinement l’intensité des combats, grâce à des effets, des plans, un découpage bien foutus et une musique épique qui souligne bien l’action (on oubliera le combat de l’épisode 2, que j’ai trouvé particulièrement statique et chiant). Les décors sont globalement réussis, ou tout du moins je n’ai pas à m’en plaindre. Notez que je ne saute pas au plafond non plus. En résumé, on sent qu’un effort est fait pour la réalisation, mais apparemment ils sont sacrément limités niveau budget…
Et maintenant, on attaque la partie que tout le monde attend : l’histoire et les personnages. On va mettre les choses au point : j’écris ces lignes après avoir vu cinq épisodes sur les treize de prévus. Nous sommes donc proches de la moitié de l’histoire. Pour le moment, je n’ai pas grand-chose à reprocher. Hormis le premier épisode, qui est vachement concentré. Ils nous ont placé un sacré nombre d’informations en vingt-cinq minutes, mais ça reste compréhensible : une grosse entreprise s’est amusée à créer des monstres (les Players) pour amuser la galerie, mais manque de pot, ces derniers se sont rebellés et ont pris la poudre d’escampette. Heureusement, les dirigeants avaient en partie prévus le coup puisqu’ils ont développé le ZET, être mi-homme mi-player, chargé d’éradiquer ces êtres assoiffés de sang. Dommage qu’un scientifique l’ait enlevé pour l’élever en tant qu’humain. Ce dernier va développer un esprit débrouillard, rencontrer un défenseur de la Justice en herbe, puis il va rencontrer la mort, grandir, et se retrouver face à son destin. Tout ça en vingt-cinq minutes. Du coup, les aspects « attachement pour les personnages » et « le développement de leur relation », ben ils sont traités au minimum. Dans le reste des épisodes, les choses avancent plus calmement, même si les ellipses sont souvent utilisées. Néanmoins, en aucun cas je ne me suis sentie perdue. Je comprends la dualité entre les personnages, la situation, le rôle de chacun, et globalement ce qui les lie. Du coup, quand j’entends les fans hurler au scandale quand des passages n’ont pas été adaptés, je me demande : vous êtes certains qu’ils servent à quelque chose ces passages? (Et paf Emilie !)
On a aussi une belle galerie de personnages, tous ayant une personnalité bien marquée. Leur développement commence à peine, mais tous sont un minimum intéressant. Et malgré leur nombre et la rapidité du rythme, aucun n’est oublié. Mention spéciale au nettoyeur plein de promesses. C’est la grande classe, sérieux. Sinon, la dualité entre Jin et Kouga pourrait valoir son pesant de cacahouètes s’ils ne se plantent pas dans le développement. Pareil pour le « complot dans l’ombre » des « méchants ». Bref, on va dire qu’ils sont bien partis, mais pour ce qui est de la fin, je m’attends à un truc à la ramasse, surtout qu’on en est encore à poser l’univers au bout du cinquième épisode… Nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve.
Pour conclure, ces cinq premiers épisodes s’avèrent sympathiques : ça se bastonne, ça présage du bon niveau histoire et personnages, il ne manque plus que la réalisation et l’animation s’améliorent et on devrait avoir une bonne série d’action, malgré un certain classicisme dans le scénario (pour le moment, sait-on jamais…).
Rydiss
L’avis de la folle québécoise
My turn ! Avec le printemps, voici revenue la schtroumphette grognon qui a envie de se lâcher sur un anime qu’elle attendait malheureusement avec impatience. Non je n’ai pas changé, je ne m’appelle pas Jérôme, mais je suis toujours aussi naïve. À l’annonce de la sortie de l’anime du manga de Katsura, Zetman, je ne pouvais qu’être surexcitée comme une jeune fille en fleur en attente de son premier rencard. D’ailleurs c’est depuis que j’ai lu I’’s que j’aime cet auteur, à cause de son trait précis, délicieux qui m’enchante à chaque page et qui donne vie à des personnages vraiment beaux : que ce soit les jeunes filles ou les jeunes hommes (oui, mon cerveau occulte les personnages moches). De même, il faut reconnaître que ses histoires sont bien ficelées et que la psychologie des personnages joue un rôle important dans les manga de Katsura poussant le lecteur à embarquer très vite. L’intérêt de Zetman réside aussi en cela : la beauté du dessin (Jin est à tomber par terre, Konoha est réellement magnifique et tous les autres personnages sont objectivement très bien dessinés), la psychologie marquante des personnages et une histoire maîtrisée.
Alors bien sûr, pour ne pas décevoir Rydiss qui me regarde en coin depuis l’autre côté du ring, je vais faire ma fan-girl comme il se doit et je vais tomber dans le travers de faire la comparaison entre le manga et l’anime. Mais en même temps si je ne faisais pas ça, ça ne serait pas drôle, je ne pourrais pas me faire pourrir par ceux qui ne regardent que l’anime. Cependant, j’aimerais aussi plus tard répondre à une question essentielle et objective : « Peut-on réellement apprécier cet anime sans ne rien connaître du manga ? ».
Commençons donc par râler (et pour ceux qui n’ont pas vu l’anime ni lu le manga : SPOIL ALERT !). Tout d’abord, vu que la série n’est apparemment prévue que pour une dizaine d’épisodes, il faut s’attendre à des raccourcis, il ne faut pas se leurrer, c’est le jeu ma pauvre Lucette. Je partais donc pour vivre avec comme une gentille petite fille résignée… Mais ils nous ont rajouté des passages sans intérêt, qui prennent du temps dans l’épisode et auraient pu laisser la place à des scènes originales bien plus maîtrisées pour l’histoire générale. C’est quoi cette histoire farfelue que Jin, Kouga et Konoha se connaissent enfants ? !!! Déjà que Kouga est casse-pieds, faut en plus qu’on se le tape en gamin blondinet que tu aimerais claquer toutes les cinq secondes ? Surtout que ça ne sert à rien, vu que la réelle rencontre Kouga/Jin dans l’immeuble en feu cinq ans plus tard a également lieu et que le développement psychologique de Kouga suite à cette rencontre se fait aussi. Pourquoi nous ennuyer avec ce petit trio de justiciers en herbe et nous enlever la réelle façon dont Konoha et Jin se sont rencontrés et les liens les unissant ?
Je ne vais pas m’étaler trop longtemps sinon on est là vraiment pour des lustres. Cependant, il y a aussi tout ce qui implique la première rencontre de Jin avec un player, la mort du grand-père et l’agression d’Akemi. Je dois dire que la façon de traiter tout ça dans l’anime n’est pas si mal vu qu’on reste limité par le temps, seulement cela enlève beaucoup à la psychologie de Jin et la profondeur de sa relation avec Akemi. Dans le manga, il rencontre son premier player au camp de SDF et son grand-père se fait défoncer sous ses yeux et ce gamin de 10 ans bien qu’il se sait fort ne peut rien face au player. Ensuite Akemi est agressée par un simple humain, Jin bien que présent n’arrive pas à empêcher l’agression. Dans l’anime, tout est plus condensé, il trouve le vieux mourant au camp de SDF et c’est quand il est avec Akemi qu’elle se fait latter par un player. C’est là qu’il y a un manque cruel dans la psychologie de Jin. C’est sûr aussi que le 1er épisode condense le 1er volume du manga et il faut bien couper comme on dit. Seulement à quoi bon faire une adaptation anime si c’est pour enlever les fondements de l’œuvre originale ? Autre truc tout con mais qui m’a fait hurler ! Dans l’épisode 2, Konoha tente d’empêcher deux SDF de se battre et là Jin débarque magnifiquement dans un petit vent pour arrêter la bagarre, avec une petite pose classe et tout. Euh ouais… Les gars, elle pue le compost votre scène ! Elle correspond à une scène du manga où Konoha est réellement en danger, Jin débarque avec la même pose et la sauve, mais là ? Des SDF qui se battent dans un bac à sable ? Quel danger ! On est loin, mais très loin de ce qui fait l’âme du manga original. Comme je vous disais je pourrais en parler des heures des changements non nécessaires, des ajouts débiles ou encore du manque d’âme de l’anime, mais on est nous aussi, limité par la place. Pourquoi avec une série ayant un potentiel aussi énorme n’avoir prévu qu’une dizaine d’épisodes ?
Bon, allons voir la technique… Alors là ce n’est même pas une question d’être une fan-girl à la base ou non vu que Rydiss est proche de mon avis. Le graphisme est tout simplement une insulte à Katsura. Alors que dans le manga, quasiment chaque planche est un régal pour les yeux, l’anime massacre carrément les personnages. Jin a perdu la moitié de sa classe naturelle, Kouga m’énerve encore plus juste avec sa tronche, mais le pire c’est Konoha. L’adolescente Amagi est quand même le personnage féminin du manga qui est le plus beau entre sa petite bouille, ses formes parfaites, ses moues de jeune fille à croquer et j’en passe, l’anime a réussi à la faire ressembler à un gremlin !!! En encore s’il n’y avait qu’elle, mais tout le monde y passe sans exception : les traits sont grossiers, aucun soin n’est apporté aux personnages ça fait peur.
Arrivé là, on se dit qu’il nous reste les combats et l’animation ! Autant vous le dire de suite, je me suis réellement forcée à regarder les épisodes de Zetman. Même moi qui suis une fan de baston, j’ai encore été déçue ici. Les traits sont toujours grossiers, Jin a le droit parfois a une bonne animation, à des mouvements que l’on peut suivre, mais ses adversaires eux, peuvent aller se brosser. Mais c’est surtout l’ajout d’effets pour faire classe mais qui est juste ridicule qui m’insupporte le plus. On est censés avoir droit à un anime adulte et on se retrouve avec une série de bas-étage qui utilise tout de façon médiocre.
Bon voilà je me suis pas mal étendue sur l’histoire finalement. Mais que voulez-vous ? Ce manga est un petit bijou de personnages et de situations intéressantes, que l’anime a bradé, sous-exploité pour pouvoir rentrer dans à peine une dizaine d’épisodes. Ce qui reste positif cependant c’est que les scénaristes donnent le ton dès le départ en impliquant l’organisation Evol dès le 1er épisode, on sait qu’il ne faudra pas se leurrer, l’anime ne sera pas une réelle adaptation. En cinq épisodes, on a quand même couvert quasiment les huit premiers volumes du manga donc ça va vite, normal que les fans du manga n’y retrouvent pas leur compte.
Donc, Rydiss, je récupère ton « Et paf » au vol : bien sûr certains passages ont été coupés, on peut vraiment se passer de certains vu la longueur de la série ou encore parce que certaines scènes sont trop violentes. Ainsi, il y a des particularités chez certains personnages qui ne seront pas correctement développées mais de bons scénaristes retombent toujours sur leurs pattes normalement. Or, comme je le dis plus haut, ce n’est pas le cas ici. En cinq épisodes je trouve que l’âme du manga a été vendue pour nous pondre un anime médiocre qui se classe dans les productions standards de ces dernières années, avec du potentiel mais sans âme.
Je répondrais donc à la question du départ : « peut-on apprécier cet anime sans ne rien connaître du manga ? ». La réponse est oui, mais seulement si vous aimez les animes médiocres et si vous avez cessé d’espérer que les studios japonais nous fournissent de réelles bonnes séries. Parce qu’objectivement, cette série prise toute seule sans savoir que c’est un manga à la base, n’a rien à offrir de plus que les autres séries de bastons sans âmes , elle n’a rien à elle-seule que son histoire intéressante au départ mais mal exploitée, sans la technique qu’elle est censée mériter et passerait totalement inaperçue si le manga n’existait pas à la base.
Emilie
5 commentaires
C'est un peu ce qui est triste dans cette adaptation et là où Katsura aura pu garder un oeil, mais bon on peu pas toujours empêcher un drame. Parfois c'est esthétique parfois c'est difforme, premier aspect louche dans l'équilibre simplement visuel de la série.
Oui évidemment, quand ce sont les seuls passages qui aurait foutu un peu de profondeur à la série et qui ont été parfaitement squizzés, qu'il s'agissent de quelques séquences qui auraient pris à peine une dizaine de seconde ou de simple mimiques et expressions faciales. Au final on a un truc sans âme et complètement surfait.
C'est une question à double tranchant à laquelle moi-même j'essaie de répondre et plus je visionne d'adaptation plus je m'enfonce dans des hypothèses encore plus brouillons. Mais même en répondant partiellement à la question, tu soulève un point intéressant sur ce que peux offrir une adaptation. Peut-être que la question tournée autrement apporterais plus de réponses: Une adaptation a-t-elle besoin d'être fidèle au manga pour briller?
Bon j'avais choisi mon camps depuis le début, celui du Fangirl powa où on aime que les mangas soient efficacement adaptés et non qu'on nous lance des kinder avec de la merde à l'intérieur. J'ai tellement vu en Zetman un truc à fort potentiel que plus on avance dans l'histoire, plus ma tête se crispe d'un autre facepalm violent. Tout est dit les filles, merci à vous deux, j'ai lu cet article avec grand plaisir. Maintenant je retourne dans ma pénombre préparer des poupées vaudous du staff de TMS qui s'est chargé de ce gâchis innommable.
J'y réponds que l'idéal pour moi c'est que le réalisateur donne sa vision, sa "version" de l'oeuvre originale. On respecte le manga mais on ne fait pas du copié-collé, on apporte quelque chose. On garde l'histoire et les personnages mais on ne fait pas de la transposition directe de vignettes façon St Seiya Inferno. L'exemple, l'idéal presque, de l'adaptation réussie, pour moi c'est Kenshin Tsuioku-hen. On garde l'histoire du manga ,mais en apportant une mise en scène et une vision différente, et à l'arrivée ça surpasse l'original.
Si je me fie à ce que vous dites, Emily et SJE, on est très loin de ça avec Zetman, parce qu'on n'a pas de retravail ou de vision personnelle de l'oeuvre mais juste du bâclage.
bon, je ne suis pas "prof" de français, et ma grammaire et syntaxe n'était (et n'est) pas toujours parfaites, mais LE problème, c'est comme disait le fondateur d'Actes Sud,( spécialisé dans les livres traduits, dont" Millénium") "de ne pas briser les rêves des lecteurs!"
Même problème avec l'animation et manga, c'est une sorte de traduction.......Plus encore, c'est deux médium différents : avec un rythme différents, un montage constructif différents, un découpage différent, etc...etc....etc.............
C'est pourquoi souvent, trop souvent, on est déçu..........et même furieux, ou pire..!!!!!
Le principal problème-mis à part que les acheteurs sont pas assez critique et achètent tout et n'importe quoi- c'est qu'on à peu ou guère d'influence sur les productions de manga, manwha, ....anime,etc........
On à un-trop-petit pouvoir, c'est le pouvoir d'achat....on prend ou on laisse......donc le plus souvent, on est frustré dans l'un ou dans l'autre cas!!!! On ne peut pas, de toute façon, pas acheter ce qui n'existe pas!
Il serait temps de prendre plus d'influence-se réunir-se faire respecter!
Attention, je ne parle pas de" fan service", mais de respect aussi bien des amateurs, que des créateurs et des oeuvres!!!