Les Gouttes de Dieu : la nouvelle série live
Vous appréciez ou montrez de la curiosité à l’égard du domaine du vin mais vous ne souhaitez pas vendre votre âme en échange des 44 tomes des Gouttes de Dieu ? On vous comprend, c’est pourquoi la série live qui vient de débarquer sur Apple TV + est faite pour vous. On vous explique pourquoi c’est bien, pourquoi ça l’est moins.
Avant de commencer, remettons-nous dans l’historique et quelques données informatives concernant la « licence », sur laquelle nous avions d’ailleurs écrit un article … il y a 13 ans déjà !
Les Gouttes de Dieu c’est un manga dessiné par Shû OKIMOTO et scénarisé par Tadashi AGI qui a commencé en 2004 dans le Weekly Morning et s’est fini en 2014 avec 44 tomes (il y a donc un certain temps déjà). A noter également leur très courte série en deux tomes Signé le Vin. S’ajoute à cela l’arc Mariage (ou plutôt « accords ») comprenant 26 tomes finalisés en 2020. Une première adaptation live a été faite en 2009, pur drama par le Japon et pour le Japon, comprenant 9 épisodes. La série de mangas originale a récolté des récompenses diverses, alliant le monde du manga avec le prix du Meilleur Seinen aux Japan Expo Awards 2011, à celui de la gastronomie avec le Grand Prix de la Revue des Vins de France 2010. Il faut compter environ 1,5 million d’exemplaires vendus par Glénat en France sur les 10 millions vendus à travers le monde.
Présentée en mars dernier au Festival Séries Mania à Lille et diffusée à partir d’avril sur Apple TV +, la série est une co-production française, américaine et japonaise de huit épisodes. Qu’en penser ?
Les Plus
– Le format
Les épisodes oscillent entre 45 minutes à plus rarement une heure et ne sont qu’au nombre de huit. L’intrigue en est évidemment bien transformée et notamment l’objectif du protagoniste, qui est pour rappel de découvrir les vins qui comptaient le plus pour son père afin de mériter son héritage, tout en étant en concurrence avec un élève de son père, Tomine Issei, sorte de fils spirituel.
Dans les mangas, il est question de douze apôtres, où chacun des deux concurrents doit présenter le choix correspondant à leurs yeux à la description qu’est faite de chaque apôtre dans le testament, selon les critères du père disparu. Un treizième apôtre est mentionné dans le manga mais également dans le drama de 2009, avec une solution quelque peu différente entre les deux et surtout clivante, mais pas de spoiler ici car facilement trouvable sur le net pour quiconque le souhaite.
Le format de huit épisodes se prête donc difficilement à aller courir le monde pour trouver une douzaine de grands vins, qui se sont ici transformés en trois manches de vins à découvrir, tantôt en les goûtant, tantôt en résolvant des énigmes. J’ai apprécié ce parti pris qui permet de se focaliser sur un nombre de vins plus restreint tout en accordant plus de temps à chacun.
– L’aspect éducatif
A l’instar du manga, la série live se veut « éducative » et ludique à la fois. Principalement sur les premiers épisodes il est rappelé les méthodes de vinification, la façon de sentir et déguster un vin ou encore la manière d’ouvrir une bouteille comme un sommelier en restauration. Ces points sont abordés dans la série mais sans en faire tout un pataquès, ce qui permet de ne pas trop être pris pour un néophyte. Un épisode reliera d’ailleurs avec l’arc Mariage en proposant des accords mets/vins de façon succincte.
– La production multiculturelle
Production japonaise, française et américaine, Drops of God présente un casting international : Fleur Geffrier et Stanley Weber (français), Tomohisa Yamashita (japonais également connu pour Alice in Borderland, Ashita no Joe, Terra Formars … et l’entièreté de sa discographie solo et en boys band) ou encore Diego Ribon et Luca Terracciano (italiens), pour ne citer que les principaux acteurs. Mention spéciale pour Gustave Kervern que les fans de Groland reconnaîtront. Les épisodes sont ainsi tantôt en japonais, beaucoup en français, tantôt en anglais, en italien … ce qui est appréciable car valorise aussi bien la culture japonaise dont est issue l’histoire que les terroirs importants pour le vin. Cette production internationale permettant également de se promener dans des villes et pays différents (Paris, Bordelais, Japon, Tyrol du Sud principalement).
Les Moins
– L’attribution des rôles
Bien que je mentionne l’aspect multiculturel fortement intéressant des protagonistes je n’ai pas toujours été fan des acteurs, en bonne partie à cause des personnages qui ont dévié des mangas. Hormis Tomine ils sont pour la plupart assez détestables et j’ai vraiment eu des difficultés à m’attacher à eux, ni même à comprendre leur raisonnement ou certaines motivations. En outre, si j’ai volontairement été évasive quant au nom du personnage principal tout à l’heure, c’est qu’il est devenu elle. Fleur Geffrier joue donc Camille Léger (prénom unisexe certes mais c’est bien une femme), quand dans le manga nous suivons le jeune homme Shizuku Kanzaki. Cela m’importe peu en fait mais je me demandais pourquoi.
Digression de l’auteur de ce texte : Si cela est pour féminiser le domaine du vin c’est une bonne chose. Pour participer en tant que jury au Concours Général Agricole secteur vins ainsi qu’au Concours des Vignerons Indépendants, je ne peux que confirmer que le monde du vin est un monde d’hommes qui appartiennent à une catégorie assez stéréotypée car, c’est factuel, les vins ça coûte cher et il faut généralement une bonne situation pour se permettre d’acheter de bonnes bouteilles. Sur les différentes tables de jury auxquelles j’ai pris place j’ai la plupart du temps été la seule femme à table et la seule trentenaire. Ce choix de féminiser le héros de l’intrigue est une bonne chose, mais j’ai peur qu’il n’ait été guidé par de mauvaises raisons.
– La romance
Pour mettre dans la série une histoire sentimentale en filigrane alors que c’est clairement du superflu et qu’elle prend beaucoup trop de place. Je n’ai jamais été contre des scènes qui donnent des éléments de contexte et apporte du lor / compréhension du personnage, mais l’aspect sentimental présenté dans la série live est déjà hors-contexte par rapport au matériau original, en plus de peser de façon un peu lourde sur les événements.
Malgré quelques approximations et un regard critique tantôt présent avec une bonne prise de recul, tout en confirmant à d’autres moments les clichés, la série télévisée des Gouttes de Dieu reste de bonne facture et met en avant une vraie collaboration entre la France et le Japon. Je reste sur ma faim sur certains points (un vin mis en avant qui n’existe pas : pourquoi ? pour ne pas faire de publicité ? alors qu’il n’y a pas ce sujet dans l’œuvre originale) et ai vraiment regretté qu’il s’éloigne souvent trop de la trame principale pour faire preuve de sentimentalisme, mais reste contente d’avoir vu une telle adaptation.
Je pense que la série pourra encore doper les ventes du manga si cela n’est pas déjà fait, bien qu’il n’y ait pas vraiment eu de publicité en France. Je vous conseille donc de regarder Drops of God si évidemment le sujet vous plaît et vous conseille le bon article de la RVF paru il y a peu : Les Gouttes de Dieu : la série adaptée du manga arrive ce vendredi sur les écrans – La Revue du vin de France (larvf.com)
Un commentaire
Un article fort intéressant. Bon après je ne sais pas si je regarderai la série déjà je lirai peut être le manga.