Akiba Manga 1 – Janvier 2011

Et bien, ne tergiversons pas plus longtemps à ce sujet. Akiba Manga est un magazine se basant sur la prépublication de mangas originaux. Qu’est-ce que je veux dire par mangas originaux ? Que ces mangas ont été créés spécialement pour ce magazine et qu’ils ne seront jamais découverts ailleurs. L’idée d’Akiba Manga est de ressembler au Shônen Jump, Young Gangan, Comic Valkyrie et autres magazines vendus au Japon. Différents noms mais une même règle : les plus mauvais partiront les premiers. Et pour cela ? Un système de votes a été mis en place. J’explique brièvement : chaque mois, les lecteurs d’Akiba Manga envoient par courrier ou vont sur le site d’Akiba Manga pour voter pour leurs séries préférées. Celle qui aura le plus de votes à la fin de mois sera en page de couverture du prochain numéro d’Akiba Manga. Au bout de cinq fois, le manga sortira en volume relié. Dans le cas contraire, si un manga est quatre fois de suite dernier de la « classe », il sera tout simplement annulé. Assez violent, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est ainsi que ça fonctionne au Japon ou, du moins, cela y ressemble fortement.

Parlons maintenant un peu de la composition de ce magazine car oui, il n’est pas uniquement basé sur la prépublication de mangas. On évoque les dernières sorties mangas, DVD ainsi que quelques jeux vidéo. Rien de bien transcendant mais ça fait toujours plaisir de se renseigner même si c’est le minimum syndical. En plus intéressant, un petit article sur l’origine du manga est à lire. Notons aussi un autre texte sur le quartier d’Akihabara et un troisième sur … la Japan Expo en Belgique ? Il y a de quoi surprendre sur le coup. Et on termine le magazine par un article sur les festivités de nouvelle année au Japon et de quoi vous préparer un bento avec une petite recette. Bref, des articles de trois à quatre pages chacun, mais qui ont au moins le mérite d’exister ! Et je n’oublie pas de vous parler de Shingo ARAKI, l’auteur vedette de ce premier numéro. C’est grâce à lui que nous avons eu Versailles no Bara, Saint Seiya ou Aishite Night. Mais maintenant, il faut passer au plat de résistance et finalement voir ce pour quoi Akiba Manga fut créé : les mangas ! Alors, allons-nous avoir des tonnes de nekketsu ou quelque chose de plus original ? Réponse dès maintenant avec une présentation et un avis sur chaque manga présenté.

Sourire (Shingo ARAKI)

Résumé : Un jeune garçon et ses amis rentrent dans une boutique de « kashibon », des mangas disponibles à la location. Le jeune héros semble intéressé par un concours qui recherche de nouveaux talents. Il décide alors d’y participer, qu’importe le temps que cela lui prendra. Néanmoins, le sommeil l’emporte dans un monde imaginaire. Là-bas, il s’adresse alors à une pomme douée de parole et capable de flotter dans les airs. Puis vint le moment où des hommes en imperméables lui prennent le manga qu’il était en train d’écrire. Néanmoins, après avoir jeté un oeil au manga, ces hommes s’enfuient en voiture.

Avis : Autant dire que les graphismes comme la lecture de ce petit one-shot sont assez « spéciaux » en soi. Car oui, ça ne plaira pas à tout le monde, il est difficile de suivre voire même de comprendre l’histoire. Je l’avoue, j’ai été assez perdu et perplexe. Néanmoins, il semblerait que ce one-shot soit une autobiographie. Bref, je ne peux guère dire grand-chose à ce sujet. C’est plutôt … perturbant ? Et il n’y aura pas de suite normalement puisqu’il est dit que cette one-shot a été dessiné par rapport à une histoire qu’il avait imaginée lorsqu’il était enfant. Une histoire plutôt « singulière », dira-t-on.

Les 10 de Sanada (KOSATO)

Résumé : Dans une chambre, un jeune garçon dort. Ailleurs, dans ce qui semble être une époque féodale, un jeune homme portant le nom de Sasuke Sarutobi, l’un des seigneurs de Sanada se trouve aux côtés d’un paysan qui l’a prévenu d’un incident. Des meurtres ont été commis et il tente de résoudre ce mystère. Rapidement, le jeune homme remarque que les traces de pas ne concernent que les victimes. Il ne tarde pas à trouver une jeune survivante avant de se faire attaquer par des corbeaux. Apparaît enfin ce qui semblent être les coupables de ce drame : des hommes-corbeaux.

Avis : Le début est intriguant. Comment ne pas se demander quelle est la relation entre l’enfant qui dort dans notre monde actuel et son rêve qui le plonge dans un monde féodal ? Néanmoins, à part ceci, il faut reconnaître que l’on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le nom du personnage principal ne me plait guère mais c’est personnel. Les Sasuke, ils m’irritent. A côté, il faut néanmoins reconnaître que les graphismes sont plutôt plaisants. Mais l’histoire est quand même bien trop lente et il aurait peut-être mieux valu accélérer le rythme plutôt que de faire perdre quelques pages sur le héros qui veut qu’on l’appelle par son prénom.

Terminus (Katsura TAKADA)

Résumé : Une lycéenne attend le métro dans le froid en pleine nuit. Son corps se penche subitement en avant lorsque le train arrive. Pourquoi un tel acte ? Il faut retourner en arrière. Premier jour de fac pour Kaede. Prête à changer de vie, elle est accompagnée de sa meilleure amie Sachiko. Après la cérémonie d’ouverture, Kaede décide de rentrer seule, laissant Sachiko avec de nouvelles connaissances. En rentrant chez elle, alors qu’elle prend le métro, un homme s’écroule dans la nacelle. Kaede se rapproche de lui pour voir s’il va bien. Un battement d’aile de papillon qui déclenchera un ouragan.

Avis : Un shôjo ! Et fait par les mains d’un homme ? Autant lui donner sa chance, n’est-ce pas ? Et Terminus semble très bien l’attraper. Un début assez intriguant puisqu’il sonne comme une conclusion. Connaître la fin avant même d’avoir lu le manga ? Ca me rappelle un peu Lost Canvas. Maintenant, est-ce une bonne chose ? Pour un premier chapitre, on peut dire que oui. On ne perd pas tellement de temps et la relation entre Kaeda et Sachiko est ambiguë. Est-ce que à cause de l’abondance de rougeur aux joues sur les dessins ou alors … De même, le jeune homme à la fin du chapitre semble être l’élément perturbateur majeur de ce manga. Pour un premier chapitre, les ingrédients de ce shôjo semblent des plus appréciables. A voir ce que cela donnera sur le long terme.

Pandemonium (SAVAN)

Résumé : Des terroristes ont pris en otage un immeuble. Mais ce ne sont pas des terroristes ordinaires : ils portent le nom de Mouvement Indépendantiste Vampirique. Pour lutter contre ce groupe, une unité spéciale (comprendre = surnaturelle) nommée Pandemonium est envoyée sur le terrain. Rapidement, le mouvement est mis hors d’état de nuire. Ailleurs, des voyous de bas étage veulent agresser un jeune garçon. Celui-ci ne tarde pas à se transformer en loup-garou, déchiquetant les voyous sur son passage. Il sera vite anesthésié avant que la police ne soit obligée d’appeler Pandemonium.

Avis : On rentre directement dans le feu de l’action. Sans même chercher à réellement comprendre ce qui se passe, on est tout de suite mêlés à des combats entre terroristes anormaux et unité surnaturelle. Néanmoins, c’est là que le bât blesse. Autant, le chara-design peut me plaire, j’ai une petite préférence pour la geisha au visage froid, autant lors des combats, ça m’a l’air plus que brouillon. Quant à l’histoire, on voit tout de suite où elle va nous mener avec une plausible future recrue dans Pandemonium. C’est dommage mais il faut savoir que l’auteur, SAVAN, publie deux mangas en même temps dans Akiba Manga. Peut-être devrait-il plutôt se concentrer sur un seul et envisager le second pour plus tard ? Au moins, on ne peut pas dire que je me sois ennuyé.

Agents suicides (SHINO)

Résumé : Une réunion est faite. La raison ? De nombreux attentats ont été commis dans différentes parties du monde, tous semblant être reliés les uns aux autres. Une personne est présente à chaque attentat avant de disparaître. Néanmoins, malgré toutes les informations trouvées sur cette personne, même Interpol ne peut lui donner un nom. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne sait pas  à quoi elle ressemble. En même temps, une adolescente accepte la proposition d’un ‘gaijin » quand que celui-ci lui annonce qu’il ne lui reste que six mois à vivre et qu’il ait fait sauter l’épicerie où le patron la harcelait sexuellement.

Avis : Je ne pas vraiment quoi penser de ce chapitre. On a plus le droit à des explications qu’autre chose mais en même temps, est-ce des explications sur le terme « d’Agents Suicides » ? D’ailleurs, autant les personnages masculins ont un certain physique que j’apprécie, autant ce qui semble être la plausible héroïne du manga a une tête qui me laisse de marbre. Pourtant, avec des lunettes, elle a un certain charme mais la mayonnaise ne prend pas. Peut-être est-ce dû au fait que l’histoire ne semble pour l’instant pas si intéressante que ça ? C’est dommage mais c’est l’impression qu’elle me donne.

Absynthe (SAVAN)

Résumé : Une jeune femme fait un étrange cauchemar où elle rêve qu’elle est en train de tuer un homme d’âge mur avec une rare violence. Se réveillant en sueur, elle se considère comme née il y a six mois. Du fait de son absence de « sentiments » à l’encontre du monde qui l’entoure, elle se sent vide. Néanmoins, Téoxane n’est pas complètement seule. Jin Chevalier est peut-être son seul lien social dans ce monde. Pourtant, lorsque Téoxane se remet à rêver à cause d’une jeune fille lui ressemblant étrangement, cela est tout simplement pour être en proie au même cauchemar. Un cauchemar où son unique ennemie est nulle autre qu’elle-même.

Avis : SAVAN a fait deux mangas différents pour ce même magazine. Peut-être serait-il bon de comparer ces derniers ? Alors que Pandemonium sentait bon l’action, ici, nous avons quelque chose de plus calme … et lugubre en quelque sorte. Est-ce que notre héroïne est schizophrène ? C’est à se poser la question, surtout lorsque l’on sent qu’elle est amnésique. Ici, parce qu’il est pas question de combats, on peut s’attarder plus longuement les graphismes et je dois reconnaître que j’apprécie plutôt bien le design de Téoxane qui a un sacré charme.

La valse des corps (Kenta HASHIURA)

Résumé : Un adolescent sèche les cours après la réception d’un message sur son portable. A l’hôpital, il assiste, impuissant à la mort d’une vieille femme alors dont le message parlait. Là-bas, les déclarations parlent d’une infirmière qui aurait perdu la tête. L’adolescent comprend aussitôt « qu’IL » est responsable. IL ? Un tueur qui choisit une cible tous les cent jours. Retour en arrière, deux semaines plus tôt, un homme se réveille, son fils lui ayant laissé un message pendant qu’il dormait. Inspecteur de police, il semble lui aussi être sur cette affaire criminelle. Trois semaines après l’incident, une prise d’otage est en cours, l’adolescent est non-loin de la scène, prêt à intervenir.

Avis : Autant le dire : ce chapitre est plutôt confus et brouillon. Difficile de bien cerner ce qui se passe bien que tout semble être relié entre les différentes histoires. Il faut aussi reconnaître que certains visages sont vraiment avares de détails. Après, il est bon de noter que ce chapitre a été fait en une semaine contrairement aux autres qui ont pu être travaillés pendant un mois. Néanmoins, est-ce une « excuse » valide ou non ? C’est à chacun d’en décider. Je préfère lui laisser une chance et voir le prochain chapitre avant d’être formel.

La Mort en grève (Midori HARADA)

Résumé : Deux jeunes filles observent un homme se faire corriger verbalement par une femme à cause de son travail. Selon elles, il serait un prophète dont elles doivent s’occuper. Ailleurs, une jeune fille s’approche d’un homme, prête à poser sa main sur lui avant de s’arrêter. Dans un autre endroit, deux étranges créatures attendent plusieurs minutes sans que rien n’arrive. Rapidement, les deux créatures préviennent les anges et les démons qui tirent la sonnette d’alarme. La Mort ne fait plus son travail : plus aucun humain ne meure et c’est plus que problématique. Le Gardien des prophètes demande alors à ce qu’anges et démons s’unissent pour trouver les prophètes et s’il le faut, les neutraliser. Mais en même temps, dès qu’ils sont partis, le Gardien des prophètes s’adresse à d’autres personnes pour leur donner une mission différente, dont il niera en être à l’origine. Retour sur Terre : notre homme subit malchance sur malchance jusqu’au moment où un camion s’apprête à le percuter lorsqu’il traverse la route.

Avis : Un résumé un peu plus long que le reste pour une série que je trouve au-dessus des autres. Je ne vais pas le cacher plus longtemps, c’est mon coup de cœur. Déjà le style graphique utilisé est plus qu’appréciable. Ici, rien de lisse, c’est du crayonné et c’est beau à voir. Enfin, l’histoire en elle-même est potentiellement intéressante : si la Mort refusait de tuer, que se passerait-il ? De même, nous avons aussitôt plusieurs protagonistes dont les envoyés des anges et des démons, le Gardien des prophètes qui semble faire un double jeu, le héros malchanceux ou la Mort elle-même sous les traits d’une jeune fille. Nous avons aussitôt le scénario de départ et je suis plus qu’intéressé de connaître la suite.

Maintenant que chaque manga a été présenté brièvement, il est temps de faire un constat sur l’ensemble. Bien qu’il faille reconnaître qu’Akiba Manga a réussi à nous épargner le traditionnel nekketsu parmi ses nombreux mangas, le problème est bien au niveau du nombre de pages pour chaque manga. Vingt pages pour un premier chapitre de lancement, c’est bien peu. Rares sont les mangas qui nous donnent envie d’en savoir plus. De même, souvent, il faut lire le résumé de l’histoire qui accompagne le premier chapitre pour essayer de comprendre un peu ce qui va se passer dans notre lecture. C’est dommage, bien dommage.

Mais tout n’est pas à jeter dans ce magazine, loin de là. Car oui, avec sept mangas assez différents, on peut quand même espérer trouver son bonheur quelque part. De mon côté, contrairement à ce que j’aurai pu croire au départ, j’ai une attirance toute particulière pour le travail d’Harada Midori : la Mort en grève. Non pas parce qu’elle a illustré des cartes Pokémon (série que je raffole) mais simplement car j’ai trouvé son travail différent des autres et que l’histoire a un charme particulier comme ses dessins. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à voter pour elle.

D’ailleurs, parlons du système de votes qui me semble plutôt bancal. En vous rendant sur leur site où vous pourrez aussi lire les premières pages de chaque manga, vous pourrez alors voter pour vos mangas préférés après vous êtes inscrits. Vos ? Oui, c’est bien le cas. Car bien que vous n’y soyez pas forcés, vous pouvez voter pour six des sept mangas au maximum. Car oui, que ça soit un, deux ou six mangas, c’est à vous de décider et alors, c’est là que le bât blesse. Au lieu de voter pour votre manga favori, vous évitez de voter pour le manga que vous avez le moins apprécié tandis que tous les autres ont un vote en plus. Je trouve ce système plus que perturbant et bancal, c’est à se demander si cela se passe exactement ainsi au Japon.

En conclusion, Akiba Manga est un magazine qui tente de se démarquer des autres, que ça soit par son contenu ou ses idées. Néanmoins, ce magazine est perfectible et pour un premier numéro, il reste quand même à faire des efforts. Mais il faut lui reconnaître d’oser tenter d’installer un système de prépublication de mangas en France. Si cela devait marcher, pourquoi ne pas alors espérer arriver chez le second pays consommateur de mangas d’autres magazines de la sorte ? Que cela soit issu directement du Japon ou alors de chez nous comme Akiba Manga ? Ainsi, bien que ce premier numéro ne m’ait plu dans sa globalité, je prendrai sûrement le prochain pour voir ce qu’il en est maintenant que les bases de chaque manga sont posées.

A titre purement indicatif, voilà l’ordre dans lequel j’ai voté sur le site :

– La Mort en grève
– Terminus
– Absynthe
– Pandemonium
– Agents suicides
– Les 10 de Sanada
– La valse des corps (pour lequel je n’ai pas voté, suivez dans le fond)