Gundam Seed
L’histoire, constat visuel et bande son
L’histoire de Gundam SEED : un classique de la saga
Après la tragédie de la Bloody Valentine, les tensions entre la Terre et PLANT ont immédiatement développé de sérieux engagements militaires. Avec la supériorité numérique que possédait l’Alliance Terrestre, personne ne pensait que ce conflit puisse être aussi long. Cependant, en représailles à l’attaque nucléaire terrienne, ZAFT (Zodiac Alliance of Freedom Treaty), l’armée de PLANT, éparpilla sur toute la Terre des Neutrons Jammers, afin de supprimer toute possibilité de fission nucléaire. Le résultat fut une énorme crise d’énergie sur Terre. La guerre surpassa toutes les estimations, et les deux partis continuèrent dans cette guerre d’usure. 11 mois dans l’impasse… ZAFT projette désormais de dérober des armures mobiles secrètes construites par l’Alliance d’Orb pour l’armée terrienne, à Heliopolis.
Yoshiyuki Tomino, réalisateur sur des séries cultes telles Ashita no Joe et Astro Boy, et Yatate Hajime, créateur génial de Cowboy Bebop, The Big O ou encore Mugen no Ryvius, font un retour en force avec leur immense saga Gundam : Gundam SEED, le dernier-né d’une lignée prestigieuse, ajoute une nouvelle pierre à ce monumental édifice. Arrivée sur la télévision japonaise en octobre 2002, sur la chaîne MBS, la série ne cesse de faire des carnages, aussi bien dans son pays d’origine, en témoigne le succès critique et commercial, qu’aux Etats-Unis…
L’histoire de Gundam SEED (Kidô Senshi Gundam SEED de son titre original) est surtout axée sur la notion de Naturals et de Coordinators : les Coordinators sont en fait des humains génériquement modifiés, ils ont reçu des gènes qui permettent l’accroissement de leur force physique et de leurs capacités intellectuelles, tandis que les Naturals sont des humains « normaux ». Les Coordinators souhaitèrent leur indépendance, mais les Naturals s’y opposèrent, ce qui provoqua le début d’un immense conflit. Les deux races humaines ont une haine viscérale l’une envers l’autre.
Le scénario de Gundam SEED se compose au fur et à mesure d’embranchements complexes et de rebondissements nombreux, il offre une richesse assez impressionnante et maintient un suspense haletant ! De plus, les grands adorateurs de la saga auront d’emblée repéré qu’une fois encore, cette histoire reprend le conflit « Terre/colonies » devenu presque incontournable chez Gundam (les huit scénaristes ne se sont pas trop foulés pour l’idée de base). Ils pourront ainsi prendre leurs marques rapidement, tout en permettant aux novices de pouvoir profiter de Gundam SEED, l’œuvre étant en fait parallèle aux autres sagas (on se rappelle que Sunrise avait fait de même pour Gundam Wing).
Visuellement : ça vaut quoi ?
Les légendaires Mobile Suit Gundam ont conservé toute leur superbe : ils disposent d’une énorme panoplie d’armes en tout genre, allant du lance-missiles jusqu’à la gigantesque épée, ils ne manquent pas de détails et de charisme, c’est réellement l’élément essentiel de l’esthétique de Gundam SEED, et rien que leur présence arrive à tirer la série de la banalité.
Le travail de Kimitoshi Yamane (grand mecha designer qui a notamment œuvré à ce poste sur Cowboy Bebop, Mugen no Ryvius, le film d’Escaflowne ou encore Argento Soma) et de Kunio Okawara (derrière de nombreuses séries Gundam) méritent toutes les éloges ! Les combats entre les Gundam sont d’ailleurs spectaculaires, la célérité et la souplesse de ces machines de guerre permettent des affrontements extrêmement dynamiques.
Mais outre les mecha, le reste apparaît en dessous de ce que proposait la plupart des productions de la même année de diffusion : le character design particulier, mais pas déplaisant, de Hisashi Hirai (Scryed, Mugen no Ryvius) et les décors, s’ils profitent d’un niveau très correct de détails, semblent tous deux assez « vieillots ». Pour vous donner une petite idée, Gundam Wing arrive presque à rivaliser techniquement, alors qu’il date de 1995 et qu’à l’époque, il ne faisait pas partie des séries les plus impressionnantes. Mais on dira, par indulgence, que Bandai Visual et Sunrise ont voulu offrir à la série une atmosphère particulière, dans la veine des autres séries parallèles, pour exploiter (et avec brio) le filon de la nostalgie. Et d’ailleurs, en parlant nostalgie, on trouve Raww Le Klueze, le « grand méchant masqué », référence directe à Char Aznable, méchant charismatique et intriguant de la première série de Mobile Suit Gundam.
De la musique au doublage
Mais passons à l’un des points les plus intéressants de Gundam SEED : les musiques. Elles sont l’une des grandes surprises de la série, elles atteignent un niveau de grande qualité, particulièrement pour un anime, et le talent de Toshihiko Sahashi (Gunslinger Girl) est une nouvelle fois prouvé : des morceaux symphoniques, des mélodies mémorables, des génériques marquants, l’ensemble parfaitement adapté à l’univers. L’utilisation de l’aspect sonore et plus précisément musical prend ici sa véritable dimension : rarement une série avait autant soigné ce côté-ci, et l’intensité des sentiments exprimés se décuple grâce à cela (la musique participe énormément au côté sentimental). Annani Ishoudattanoni, le premier générique de fin, a par ailleurs remporté le titre de la meilleure chanson de l’Anime Grand Prix 2002, 25ème édition. On y retrouve toute la maestria du groupe See-Saw de Yuki Kajiura, que l’on connaît dans le domaine de l’animation pour les remarquables pièces musicales de .hack//Sign, Aquarian Age et Noir, et qui a également participé à d’autres morceaux de la série, tout aussi sublimes. T.M. Revolution est également de la partie, avec deux génériques, dont l’excellent Invoke.
Côté doublage, Gundam SEED n’est pas en reste : Tanaka Rie, qui a d’ailleurs signé deux magnifiques chants pour son personnage, n’est autre que la doubleuse de la chanteuse Lux Clyne, celle de Chii dans Chobits, adaption du célèbre manga éponyme de Clamp par Madhouse, et de Kayama Aki dans Uchuu no Stellvia. Houko Kuwashima apporte son talent pour Natarle Badgiruel, elle dont la filmographie est prestigieuse : Nakahito dans Koutetsu Tenshi Kurumi, Quon Kisaragi dans RahXephon, Aoi Housen dans Mugen no Ryvius, Tiki Musicanova dans Geneshaft, Roze Thomas dans FullMetal Alchemist… Les grandes stars masculines pour le doublage restent incontestablement Hoshi Souichirou et Seki Tomokazu. Le premier, la voix de Kira Yamato, se cache derrière les personnages de quelques séries bien connues, notamment Gensou Maiden Saiyuki et Argento Soma, et le second, pour Yzac Jule, double entre autres Hiromu Shimbo de Chobits, Sôma Kyô de Fruits Basket et Ichiro Miyata de Hajime no Ippo. Pour terminer, Akira Ishida, que l’on connaît pour Cho Hakkai de Saiyuki et Sasuke de Samurai Deeper Kyo, s’occupe du deuxième héros, Asran Zara.
Analyse
Conflit psychologique, guerre des races absurde
Maintenant, intéressons-nous plutôt au fond de la série, à ses profondeurs, ses entrailles, qui nous réservent des éléments surprenants : la psychologie des personnages, les protagonistes en eux-mêmes, leur évolution dans ce conflit destructeur et déchirant, qui leur fera perdre des êtres aimés. Mais aussi les réflexions soulevées, tout cela s’avère très intense, très captivant, tellement passionnant que le spectateur s’implique énormément dans le visionnage de Gundam SEED, s’implique même trop, et qu’il vit des moments de tristesse éprouvants.
La série est une tragédie qui met en scène de jeunes hommes et femmes aux sentiments humains, aux comportements très réalistes et très compréhensibles. On retient le tourment de Kira Yamato, malgré lui dans l’armée terrienne, qui veut absolument protéger ses précieux amis Naturals, mais qui redoute de devoir exterminer son ami d’enfance, Asran Zara, et ses compagnons, tous des Coordinators qui oeuvrent pour l’armée de PLANT, la ZAFT (ce qui les met en rivalité directe). Le fait d’être également un de ces « sales » Coordinators apporte beaucoup de problèmes à Kira : il est considéré comme un objet par les hauts représentants de l’armée, certaines personnages, même parmi ses amis (!), doutent se sa fidélité pour la Terre, de son réel engagement dans la sauvegarde de la planète, de ses motivations dans cette guerre de races.
L’absurdité de toutes ces batailles militaires est également pointée du doigt : les intentions des grands dirigeants de la Terre et de PLANT sont à peine caricaturales, et leur bêtise honteuse, aberrante, amène misère et désolation. Remarquez que je souligne la stupidité des deux camps, puisque dans Gundam SEED il n’y a aucun manichéisme ! Pas de réels méchants, de réels gentils, à part peut-être Raww, et c’est une grande et rare qualité.
Combats impressionnants et déchirants
Evidemment, il n’y a pas que les sentiments, loin de là. Les affrontements entre les Gundam, surpuissants, restent bien sûr l’une des grandes attractions de la série, il fallait s’y attendre. Les scènes d’action sont de véritables petits bijoux, la série ne lésine par sur les moyens : on retrouve les classiques « fenêtres », dans lesquelles hurlent les combattants, et toutes ces batailles n’hésitent pas à causer la mort de personnages importants, tout en nous laissant le temps de beaucoup d’y attacher. Quelle cruauté chez Sunrise, et ça ne fait que renforcer notre amour pour Gundam SEED. On pourra toutefois regretter la longueur de la fin, qui épuise son lot de nouveautés pour les combats et parvient difficilement à éviter une chute dans la répétitivité. Mais les duels d’épéistes mécanisés, de géants croiseurs interstellaires ou encore les dogfights (combats rapprochés entre des chasseurs aériens, comme dans Star Wars) promettent une flopée d’instants captivants, avec un dosage d’action/dialogues très équilibré.
Gundam SEED est une série profondément marquante, elle laisse une trace impérissable de son passage dans l’esprit et le cœur. Son scénario d’exception, bercé par d’intenses moments d’émotions et d’action, des combats spectaculaires, des personnages attachants, nous tient en haleine jusqu’au « The End » fatidique. Gundam SEED, ce n’est ni plus ni moins qu’un nouvel incontournable de l’animation, une tragédie exceptionnellement mise en scène… La saga Gundam n’est pas prête de rendre l’âme. Une suite est d’ors et déjà en cours de préparation : Mobile Suit Gundam SEED Destiny devrait envahir les écrans nippons d’ici octobre 2004… on a hâte d’y être.
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