La critique manga est-elle nulle ? Compte-rendu du débat (Angoulême 2009)
C’est sans illusions que nous sommes venus assister à cette conférence du samedi 31 janvier, et nous avions tort. Nous pensions bêtement qu’Animeland y ferait de l’autopromotion un peu niaise tout en cherchant à occulter une réalité peu reluisante, et nous avons été confrontés à des gens passionnants, lucides et soucieux de clarifier le mieux possible les choses. Ce qui s’y est dit nous a paru de première importance, et il y a fort à parier que ce débat compte parmi les moments importants pour l’histoire de la critique du manga et de la « japanimation » en France. Qui plus est, les organisateurs n’ont pas commis l’erreur de ne choisir les intervenants que parmi l’équipe d’Animeland. C’est donc autour de Sébastien Langevin (Animeland, Le Virus manga), Hervé Brient (Mangaverse, MangaVoraces, fondateur de la maison d’édition qui publie Manga 10 000 Images), Nicolas Penedo (directeur de la rubrique Mangathèque d’Animeland) et Christophe Quillien (journaliste indépendant, membre de l’ACBD) que s’est organisé le débat. Nous allons tenter ici de vous en donner une synthèse exacte, ce qui s’avère être un exercice compliqué et un peu scolaire… mais essentiel pourtant. Précisons que nous ne commentons pas ce débat dans cet article.
Nicolas Penedo a commencé par situer Animeland dans le paysage de la presse française : plus ancienne revue de bande dessinée et d’animation existant à ce jour, elle ne bénéficie que de 8 ou 9 pages de chroniques manga, ce qui est trop court, et qui condamne à faire du zapping si l’on n’opère pas un choix. Pour améliorer la qualité de cette rubrique, la revue a donc ouvert une nouvelle section sur son site Internet afin de chroniquer des mangas qui ne seront pas traités dans le support papier. Cette rubrique a pour vocation de servir de guide de lecture, surtout lorsque l’on considère que, grosso modo, 80 à 90% des mangas restent dispensables. Il est peut-être dommage de perdre en exhaustivité, mais l’évolution du marché oblige à trancher. Et la réalité est telle qu’elle ne permet pas pour l’instant d’avoir, comme à l’époque du Virus Manga1, un cahier critique exhaustif. Hervé Brient et son équipe pratiquent quant à eux une politique un peu différente, dans la mesure où les supports ne sont pas les mêmes : MangaVoraces (ancien support papier de Tonkam, devenu un site Internet) tente quant à lui d’être le plus exhaustif possible, sans pour autant prétendre à faire de la critique, M. Brient préférant employer le terme de chronique. Par ailleurs, l’équipe du site est constituée de bénévoles, ce qui empêche parfois certains titres d’apparaître en chronique.
La conversation s’est ensuite orientée sur la question des réactions du public ou des professionnels de l’édition face aux productions d’Animeland ou de MangaVoraces. Nicolas Penedo a commencé par expliquer que la rédaction d’Animeland n’était pas à la solde des éditeurs de manga, en insistant sur le fait que Le Virus Manga, tout comme Animeland, ont pu être parfois très durs envers certains titres qui leur paraissaient médiocres. C’est notamment pour cette raison que les éditions Taifu ont cessé de faire parvenir leurs titres à la rédaction. Les éditeurs de BD ont plus une démarche de communication, ils n’attendent pas de critique(s). De leur côté, les lecteurs restent trop dans l’ombre ; Christophe Quillien a justement posé la question du retour, des réactions du public quant à ce que peuvent proposer les journalistes. De ce point de vue, tout le monde est d’accord : il n’y a aucun retour. Nicolas Penedo a alors expliqué que, d’après ce qu’il pouvait lire ou entendre, la rubrique mangathèque était la préférée des lecteurs, mais pour ce qui est de critiques constructives, il n’y en avait que très peu, les gens ayant généralement tendance à apprécier sans réserve ou à descendre en flammes la revue. Globalement donc, Animeland ne connaît jamais de conflit avec ses lecteurs, parce que ces derniers ne sont pas dans une logique de remise en question. En fait, ce n’est pas l’aspect polémique qui semble les intéresser : à voir le forum, on a plutôt l’impression que les membres se retrouvent avant tout pour l’aspect ludique de la chose, que c’est un moyen de communier autour de mêmes valeurs. Les impressions sont les mêmes en ce qui concerne Hervé Brient : ils ont énormément de mal à avoir des retours, d’où des difficultés sensibles pour se situer par rapport aux lecteurs.
Sébastien Langevin, reprenant la parole, en a profité pour demander aux intervenants ce qui, selon eux, faisait un bon critique de mangas. Ici, les points de vue ont pu varier, chose évidente puisque le manga est quelque chose d’encore récent en France. Nicolas Penedo a d’ailleurs précisé que la plupart des rédacteurs d’Animeland étaient des pionniers, et qu’à l’heure actuelle, ils étaient bon gré mal gré ceux qui théorisaient le genre. En tant qu’enseignant à l’école Eurasiam, M. Penedo mesure bien le fossé incroyable pouvant séparer nos civilisations. Ainsi, doit-on parler du manga dans son environnement culturel français ou japonais ? On est obligé de jouer sur ces deux tableaux. Effectivement, on n’a aucune assurance que le discours originel sera perçu comme on le souhaitait. De cela découle souvent la grande incompréhension que peuvent éprouver certains mangaka quand ils voient le succès qu’ils ont hors du Japon. Dans tous les cas, pour bien percevoir le message d’origine, il faut avoir beaucoup de pop culture, allant de Blade Runner à Harry Potter, en passant par Spiderman, etc. Approcher le manga nécessite d’avoir une réflexion mouvante, surtout dans le cadre d’articles de fond, où il s’agit de mettre en valeur des éléments saillants d’une œuvre. C’est le rôle du critique d’éclairer les œuvres dont il parle. Hervé Brient a un peu précisé sa vision des choses à ce sujet, en posant comme obstacle majeur pour les Français l’absence de maîtrise du japonais, qui ne peut bien souvent donner qu’une vision très parcellaire de la culture nippone, parce qu’on est dès lors incapable de voir ce qui est au-delà et qui n’est pas publié en France. C’est dans l’intention de pallier ce manque qu’il a fondé les éditions H: les rédacteurs sont tous japonisants, ce qui est essentiel selon Hervé Brient. Prenant son propre exemple, il n’a pas manqué d’expliquer qu’il devait souvent avoir recours à l’aide de japonisants, ce qui le freinait dans son travail. Nicolas Penedo a tout de même essayé d’infléchir cette vision des choses en précisant que selon lui une personne ayant une sensibilité réelle à la BD pouvait sans problème traiter de mangas. Bien évidemment, si l’on prend par exemple NonNonbâ, il faudra avoir un minimum de culture sur les yokaï. On se doit de recevoir l’œuvre en elle-même et par elle-même, c’est du moins l’idée qu’a développé Sébastien Langevin pour aller dans le sens de ce propos : un livre serait d’abord quelque chose de posé, hors de tout contexte.
Alors, la critique de manga est-elle nulle ? Dans tous cas, les intervenants étaient tous d’accord pour dire qu’ «on rame ». Mais ce n’est pas plus reluisant ailleurs : la critique en tant que telle n’existe pas au Japon, tous les magazines édités là-bas appartiennent aux grands groupes, il n’y a pas de critique libre. Cela aboutit d’ailleurs à des situations parfois étonnantes : lorsqu’un mangaka arrive en France et qu’il voit les questions qu’on lui pose, il est épaté. Nicolas Penedo a ainsi évoqué l’exemple de cette auteur de manhwa qui, au bout du compte, a retourné l’interview pour lui demander ce qu’il pensait qu’elle devait améliorer dans sa BD. Animeland a par ailleurs déjà été confronté à cette question de la part d’un grand groupe japonais, qui ne comprenait pas pourquoi les rédacteurs se cassaient la tête à faire des articles de fond au lieu d’utiliser directement les textes fournis par l’éditeur (pratique interdite en France au demeurant). Revenant sur la question de l’approche critique du manga, Nicolas Penedo a évoqué aussi la capacité un peu paradoxale parfois qu’a le manga à être universel : ça se lit, ça se regarde facilement, parce que tous les codes narratifs et toutes les allusions qui sont faites ne sont pas nécessairement que japonais. Julien Bastide a d’ailleurs publié dans le premier numéro du Virus Manga un article intitulé « Alexandre Dumas, père du shônen manga ? », question curieuse au premier abord mais qui fonctionne pourtant extrêmement bien. Il n’y a qu’à voir aussi tout l’usage que peut faire l’animation japonaise de la littérature française, et même mondiale : Les Trois mousquetaires par exemple, mais aussi, plus largement, la façon d’aborder la psychologie, qui reprend les schémas littéraires classiques. C’est le conseil que donne toujours Nicolas Penedo à ses étudiants : pour être un bon critique, mais aussi un bon scénariste, il vaut mieux avoir vu un maximum de classiques du cinémas, avoir lu beaucoup de littérature. Les structures et schémas narratifs que l’on retrouve dans ces œuvres de la pop culture ne sont pas un hasard extraordinaire. Ils ont nécessité une formation intellectuelle de la part des mangaka.
Pour en revenir à la grande presse française : il y a eu une époque où l’on disait que Taniguchi n’était pas du manga, ce qui accentuait l’idée que le manga n’avait aucune légitimité. Certaines revues comme Télérama ont pu faire preuve d’une condescendance extrême (c’est à eux que l’on doit le terme de « japoniaiserie »), c’était de bon ton à ce moment, c’est aussi sur cela qu’a joué Ségolène Royal dans La Révolte des bébés zappeurs. Il a fallu attendre Quartier lointain pour que les choses changent un peu. Il faut aussi dire que la génération de journalistes oeuvrant alors dans la presse spécialisée ne s’intéressait pas au manga, parce qu’il était vu comme un support ne s’adressant qu’à un public d’adolescents. Pourtant, on ne peut pas nier le phénomène : Naruto est tiré à 220 000 volumes par numéro. En fait, on pourrait dire que le manga est dans la même situation chez nous que la BD il y a 20 ans. Il y a quelque chose que l’on ne veut pas aborder, que l’on a peur de voir, et qui touche au corps et à ses limites : nombreux sont les mangas qui développent un rapport fort au corps, à la famille, au sexe, etc. Il n’y a qu’à observer la plupart des shôjo manga. Personne n’ose mettre le nez dans cette machine, il a fallu attendre pour cela le premier numéro de la revue Manga 10 000 images (NDLR : sur l’homosexualité) pour que le thème soit abordé. La presse spécialisée a un problème de place aussi pour traiter correctement de ces sujets. C’est pour cela, comme l’a expliqué Hervé Brient, que Manga 10 000 Images est semestriel : il peut paraître avec un peu de retard, le nombre de pages peut varier, mais les personnes qui s’y expriment peuvent utiliser toute la place qu’ils désirent. La revue peut très bien se définir comme le successeur du Virus Manga en ce qui concerne sa démarche éditoriale. Ici, les approches varient un peu : Nicolas Penedo a développé l’idée selon laquelle le fanzinat a donné naissance à la critique manga : le travail amateur a ainsi pu prétendre au bout d’un temps devenir professionnel. C’est la période de la fondation d’Animeland, fanzine créé par Yvan West Laurence. Avec le net, les pages web ont pu se multiplier, c’est ce qui pousse Hervé Brient à avoir la dent plus dure envers ce qu’il appelle les « fans ». Un travail critique nécessite effectivement que l’on ne soit pas fan, que l’on essaie de se mettre dans la place du lecteur. La BD a beaucoup souffert aussi à cause du traitement que les fans lui ont accordé. Christophe Quillien a ici défini un peu plus précisément ce qui fait une bonne critique : la capacité à s’extraire de soi-même, tout en apportant ses propres références culturelles afin d’interpréter l’œuvre au mieux. Et, de ce point de vue, nombreux sont les fans manquant de culture. Encore une fois, Nicolas Penedo a donné l’exemple de la lettre d’un lecteur, outré d’avoir vu dans le manga I’ll génération basket des personnages arborant des croix gammées dans le dos. Ce dernier ignorait tout de ce que pouvait être une svastika, ce qui a totalement faussé sa lecture. Il faut au moins pouvoir poser une base simple pour lire un manga. La plupart des critiques manga ont souvent d’abord une culture franco-belge, ce qui n’est pas nécessairement un handicap. La tendance toutefois de la presse généraliste est de se trouver un alibi culturel en choisissant des auteurs « propres », des Mizuki, Taniguchi, pour en faire de vrais auteurs de BD. Pourtant, Taniguchi ne marche pas au Japon, tout comme Masamune Shirow. Le rapport au manga varie considérablement selon la civilisation.
Pour conclure la discussion, la salle a eu l’occasion de poser quelques questions. Pour faire court, la question de la coopération avec les amateurs a été soulevée, Nicolas Penedo expliquant qu’Animeland est toujours nourri d’amateurs à l’heure actuelle, mais qu’il y a des difficultés d’échange : c’est une communauté visuelle, mais pas très intellectuelle. Pour ce qui est de la réception du manga : il n’est pas bien vu de lire des mangas au Japon, ce n’est que très récemment que le gouvernement à décidé d’utiliser ce que l’on appelle le soft power. C’est la même chose en France, il y a un problème de génération, le manga finira par se démocratiser aussi dans les esprits. Pour l’instant, il faut savoir que ce sont 5 titres qui représentent à eux seuls 50% des ventes, et Naruto représente 1 vente sur 6. On peut espérer que ce genre de disproportion se résorbe un peu quand même dans l’avenir.
Voilà, c’est ici que le débat s’est arrêté. Non sans humour, et ne manquant pas de sens de l’autodérision, Sébastien Langevin a simplement conclu en posant la question de façon un peu théâtrale : « Alors, la critique de manga est-elle nulle ? Réponse : oui ! ». Espérons en tout cas que la critique manga conserve cet état d’esprit encore longtemps…
1 NDLR : Revue fondée en 2003 et pilotée par des rédacteurs d’Animeland, qui proposait un contenu nettement plus exigeant en terme d’analyse, mais qui a très vite coulé faute de lecteurs.
21 commentaires
"Un travail critique nécessite effectivement que l’on ne soit pas fan, que l’on essaie de se mettre dans la place du lecteur. [...] Christophe Quillien a ici défini un peu plus précisément ce qui fait une bonne critique : la capacité à s’extraire de soi-même, tout en apportant ses propres références culturelles afin d’interpréter l’œuvre au mieux. Et, de ce point de vue, nombreux sont les fans manquant de culture."
Heureusement, il y a quelques sites/blogs qui font un travail d'analyse objective de qualité (dont AK avec ses très bons dossiers webzine :)) mais ça reste assez rare dans la multitude de publications disponibles sur le net et en version papier. Pour faire une critique correcte, il faut au moins connaître les bases de la réalisation, du scénario, du dessin (ou de l'animation pour les animes), et avoir un minimum de culture cinématographique/littéraire, sinon, on passe inévitablement à côté de l'œuvre. Même si ce n'est probablement pas ça qui va apporter des lecteurs à court terme, bien au contraire, au final c'est ce qui servira à théoriser et à développer ce média que nous aimons tous. Encore merci donc pour cet article, and keep up the good work !
Le débat était également très intéressant et il m'a permis de mieux cerner certains phénomènes auxquels j'étais confrontés.
Parfois je vais sur des forum pour exprimer mon point de vue, souvent assez dense, sur une oeuvre.
Cependant j'ai été rapidement découragé et maintenant je me contente de faire des réponses courtes.
La raison de mon découragement ?
Deux cas extrêmes :
- Les fans justement qui ne tolèrent pas la moindre critique sans qu'on se fasse écorcher vif au passage.
- Mais aussi l'indifférence lorsqu'on n'est pas en présence de fans : en dépit d'une argumentation qui me semblait assez pertinente, il n'y avait personne qui réagissait à ce que j'avais écrit.
Personne ne venant discuter.
C'est dommage car la discussion justement c'est ce que j'attends le plus souvent d'un forum.
Heureusement qu'il existe des forums de mangas ou généralistes où on peut trouver des personnes qui semblent avoir envie de débattre sur telle ou telle chose.
Sinon très bon compte rendu...
En espérant que dans 10-20-30 ans, les mangas soient vraiment ancrés en nous.
C'est l'une des malédictions de quasiment tout "fandom" : l'absence de dialogue et la multiplicité d'avis très tranchés. Le monde des fans est très riche mais il peut être parfois un vrai panier de crabes. Et quand on ne s'affronte pas bêtement, c'est effectivement l'indifférence qui règne.
"(...) C’est dans l’intention de pallier ce manque qu’il a fondé les éditions H: les rédacteurs sont tous japonisants, ce qui est essentiel "...)"
Je n'ai pas du être assez clair. Tous les rédacteurs de la revue ne sont pas japonisants, seulement une grande majorité. En fait, la revue a été créée pour pallier à l'absence du Virus Manga qui de toute façon, n'allait pas assez loin en ce qui concernait les articles de fond. D'ailleurs, les relations "forumesques" étaient tendues à une certaine époque entre des forumeurs de Mangaverse et une grande partie de l'équipe rédactionnelle du Manga Virus (et des forumeurs du Virus).
Ce n'est pas hasard qu'on retrouve des éminents participants de Mangaverse et de son forum, du projet MangaVoraces, d'anciens du Virus Manga et d'actuels rédacteurs d'Animeland au sommaire des différents numéros de Manga 10 000 images.
Sinon, en ce qui concerne la juste remarque de beber sur le côté gentillet du débat, malheureusement, il ne fallait pas en attendre autre chose. On ne va pas commencer à balancer quelques vérités en public et dégouter les fans de mangas (sans parler de se les mettre à dos, en plus de certains sites web ou magazines). Malheureusement pour vous, on les garde pour quand on est entre nous :)
"Mais ce n’est pas plus reluisant ailleurs : la critique en tant que telle n’existe pas au Japon, tous les magazines édités là-bas appartiennent aux grands groupes, il n’y a pas de critique libre."
Ce commentaire-là est assez injuste. Même sans parler de la critique académique, qui, même si elle est vivante et profonde, reste difficile d'accès et toujours rétrospective (dans un milieu où les choses se démodent vite), il y a une vraie presse critique, certes plus volontiers élogieuse que le contraire, mais qui sait émettre des réserves. Mantan, la partie manga/anime/jeux de Mainichi Shinbun semble un bon exemple de ce qui se fait en la matière; d'ailleurs, je ne sais pas exactement à quoi ressemble le conseil d'administration du groupe Mainichi, mais il n'y a pas de lien direct entre lui et les grands éditeurs (il y en a juste avec le réseau télévisé TBS). Dans un autre genre, Da Vinci montre qu'on peut publier un magazine littéraire au Japon parlant aussi de manga et de light novels. Alors certes, c'est Media Factory, mais ils ne traitent pas spécialement de titres du groupe.
"Précisons que nous ne commentons pas ce débat dans cet article."
C'était particulièrement vrai avec Coyote, dont il me semble que le système de notation allait de "bon" à "chef d'oeuvre" (ou un truc dans le genre) ; bref, rien en dessous de "bon".
Alors je sais que compte-tenu des contraintes de format et du nombre de sorties, ils doivent faire des sélections préalables. Mais quoi qu'il en soit, cela fait parti des raisons qui m'ont poussé à arrêter complètement d'acheter des magazines spécialisées sur la japanim' ; je préfère me concentrer sur les avis des amateurs, sur internet.
Mais même sur internet, difficile de trouver vraiment des avis divergeants ; pour la simple raison que, quand quelqu'un commence à présenter une critique (argumentée ou non) contraire à ce que la majorité des internautes pensent, il se fait descendre en flamme. Je parle en connaissance de cause. J'ai beau encouragé le dialogue, certaines réactions peuvent être blessantes, du genre "si tu n'as pas aimé, c'est forcément que tu n'as compris" ; constructif comme réponse, vous ne trouvez pas ?
Et comme l'a dit Orieur, une critique d'une oeuvre un peu moins "mainstream" (toute proportion gardée) n'a que rarement des retours, ce qui est dommage.
Bref, la critique de manga et d'animes a encore du chemin à faire...
Une précision, néanmoins, pour rendre à César ce que de droit: je ne suis, malheureusement, pas l'auteur de l'article "Dumas: père du shonen manga" paru dans le premier numéro du Virus manga (dont j'étais en revanche co-fondateur et co-rédacteur en chef).
C'est Julien Bastide, désormais grand manitou du Manga building au Festival d'Angoulême, qui a signé cet article fondateur à mon sens, en matière de réflexion sur le manga mais aussi sur la bande dessinée et la culture populaire en général. Et c'est pas pour lustrer les pompes de mon boss de 4 jours, c'était juste un très bel article, comme Julien en a fait quelques uns dans les pages du Virus manga, contribuant pour une bonne part à la renommée de ce mag', toujours regretté par deux ou trois joyeux illuminés.
Pas de souci pour l'imprécision (du moins pour ma part, il faut voir ça avec Julien ;-). J'espère juste que, pendant la table ronde, le public n'a pas compris que je m'attribuais la paternité de cet article...
J'en profite pour préciser autre chose qui ne l'a pas été pendant la table ronde car ce n'était ni le lieu ni le moment. Cet article souligne avec beaucoup de justesse les similitudes entre Les trois mousquetaires et le shonen manga, en terme de condition de parution (feuilleton, presse populaire...) et surtout de structure narrative. L'aspect "psychologique" est important, mais surtout, on a là de très fortes ressemblances dans l'histoire racontée et surtout dans la manière de la raconter. C'est d'ailleurs plus généralement la structure du conte indo-européen, de la quête initiatique. Mais bien entendu, à chacun sa quête, à chacun son Graal...
Bravo pour votre travail!
En tant que rédacteur au sein d'un fanzine plutôt critique/déconne (cf : No-Xice http://www.no-xice.com), nous avons été souvent confronté à d'autres fans qui nous ont regardés, choqués du style "Mais, vous n'aimez pas le Manga, pourquoi vous venez en convention et vous faites un fanzine alors?". Sans comprendre que non seulement, très souvent il s'agissait de second degré, mais qu'en plus, on voulait adopter un point de vue moins commun, plus critique donc.
Et c'est si rare dans la japanimation Française. Tout au plus certains blogs (comme cités plus haut) qui osent ouvrir leur grande bouche pour dire "Ben voilà, ça c'est très bien, et ça ben c'est du gros caca" (Vulgairement hein ^^). Même sur le web, on hallucine quand on voit certains sites web (qu'on ne citera pas), dont la quasi totalité des animes possède des notes extrêmements hautes.
Nous n'allons donc pas nous forcer à regarder des séries qui ont peu de chance de nous plaire, et certains ne vont pas vouloir écrire une critique longue sur un titre qu'ils ont abandonné en cours de route, car ils considèrent leur avis biaisé (la série en question pourrait devenir bonne par la suite sans qu'ils le sachent).
Par contre (*rire sadique*) les journalistes spécialisés sont obligés de voir les séries en entier pour en parler (même les mauvaises), s'ils ont un minimum de conscience professionnelle ; donc ils devraient être plus à même de donner des critiques/chroniques négatives.
Le Virus était subjectivement le meilleur papier qui traitait de manga.
Dommage qu'il n'ait pas marché.
Mangajima aussi était bon.
saleté d'internautes radins.
Je pense que la critique "amateure" sur les forums a ses limites en ceci : celui qui a ENVIE d'écrire une critique, est justement la personne qui a soit aimé, soit détesté l'objet de sa critique. Et c'est tout à fait naturel : qui voudrait en fait critiquer une oeuvre qui ne lui a fait ni chaud ni froid? La critique dans les forums naît justement du rapport du fan à l'oeuvre critiquée : elle ne saurait être impartiale.
Les remarques de Hervé Brient ("Un travail critique nécessite effectivement que l’on ne soit pas fan, que l’on essaie de se mettre dans la place du lecteur") - notez au passage le paradoxe - et de Christophe Quillien ("ce qui fait une bonne critique : la capacité à s’extraire de soi-même) sont tout à fait pertinentes. Néanmoins, ce faisant, parviennent-il réellement à se glisser dans la peau du lecteur?
Je pense quant à moi, qu'il ne peut y avoir UNE bonne critique : le seul moyen de se faire une opinion sur une oeuvre, est d'y parvenir au travers du prisme de plusieurs critiques qui ne doivent pas hésiter à laisser parler leurs sentiments.
Pour finir, à ceux qui se plaignent de se faire trop agresser dans les forums, ou au contraire de ne recevoir aucune réaction, je conseillerai de changer de forums : dans cet immense océan du net, il doit bien y avoir ici ou là quelques ilots de débats intelligents et ouverts.
Il y a 20 ans la bd francobelge touchait déjà ces domaines-là, mauvaise comparaison.
En tant que rédacteur sur un site web amateur, la question de la critique m'intéresse vivement. A titre personnel, je pense que le but d'un article est de mettre un maximum de billes, de clés de compréhension entre les mains du lecteur pour que celui-ci puisse se faire une opinion en toute connaissance de cause. J'ai tout à fait confiance qu'il ne s'agit toutefois qu'une d'une manière parmi d'autres d'aborder le problème, mais c'est celle qui, tout bêtement, me parait à priori la plus "démocratique".
Dunacan, ce sont des propos qui ont été tenus dans le cadre d'une discussion. Ton interprétation vient d'une formulation un peu rapide de ma part : dans mon souvenir, N. Penedo parlait de la situation des mangas pour ce qui est de l'opinion publique. Les considérations sur le corps sont plutôt distinctes de ça.
Pourquoi ?
Bien, pour la bonne et simple raison, que des sites comme Mangavoraces, ne permettent pas aux lecteurs de s'exprimer sur les " chroniques "
Un système de commentaire serait plus appréciable qu'un forum, dont l'inscription est souvent lente et fastidieuse, nous (lecteurs) avons envie de nous exprimer, clairement et rapidement.
Et lorsque je vois un de mes mangas favoris, se faire démonter par deux " chroniqueurs "
( qui ne doivent probablement pas prendre en compte le travail fournis pour publier un Manga )
Alors que la quasi totalité du public de lecteurs ont adoré l'œuvre en question, et que personne ne peut répondre à ces chroniques, librement, hé bien c'est tout juste frustrant.
On pourrait se dire : " Oui, mais le forum existe, vous pouvez y poster un avis, etc... "
Ben non.
Non parce que, le visiteur moyen, s'arrêtera probablement à l'avis de ce site, et n'y voyant aucun commentaire dans la page, rare sont ceux qui auront la curiosité d'aller plus loin.
Comme précisé dans l'article, au Japon, on donne rarement son avis, en France, c'est différent, on est un peu le pays des " Grandes Gueules " aux yeux des autres.
Il en découle des points négatifs, mais aussi positifs, comme la discussion autour de la culture.
Afin de proposer des articles un tant soit peu intéressant, il faudrait que l'auteur de ces critiques, sortent un peu de son moule " Héroic Fantasy/BD/Littérature "
Le Manga reste un Manga, et doit être considéré comme une catégorie à part.
Il est incroyablement frustrant de voir dans une critique, une œuvre comparé à un long métrage américain, ou d'une pièce de la littérature Française.
Le Japon est un pays à part, et ça, peu de lecteurs ( et de chroniqueurs ? ) ont l'air de s'en rendre compte.
De cette façon, il est quasi impossible de comparer des "extrêmes" de la sorte, le Manga n'a rien à voir avec la Bande Dessiné, bien que très proche, les sujets traitées, ainsi que les sous genre, sans compter le graphismes, en font quelque chose d'incomparable avec autre chose qu'un autre même Manga.
C'est un peu comme comparer un long métrage Français, avec une super production Hollywoodienne Mainstream à grand budget.
Il en va de même pour l'Animé, le site Animeka reste plus ou moins la référence en terme de critiques, bien que le site dispose d'une interface incroyablement vieillissante, qui ne facilite en rien nos recherches. Mais encore une fois, le site s'est vu introduire des Animations, qui n'avaient rien à voir avec le monde de la Japanimation.
Comme quoi, il semblerait qu'il est impossible aux Français de ne pas tout emmêler bêtement...
Alors, pour que la critique Manga soit juste, et non totalitaire comme j'ai pu le constater.
Il faudrait que les sites proposent aux lecteurs de donner leurs avis, de façon organisée.
Et évidemment, je me doute qu'il existe des sites qui en proposent, mais il s'agit, comme d'habitude, de petits sites amateurs, et non de gros sites, qui génèrent des tonnes de visites par mois.
Alors coup de gueule pour Mangavoraces, dont les chroniques me révulsent plus qu'autre chose, et coup de gueule également, pour à peu près toute la population qui s'intéresse aux Manga, mais ne font aucun efforts pour s'intéresser au Japon. Il est évident que, de cette façon, ces personnes passent à côté de 80% du Manga lu.
Et donc, il n'en résulte que des avis altérés, faussés, biaisés, dénaturés, déformés, voire travestis.
[…] C’est un peu un habitué du festival, puisqu’il était déjà intervenu au moins en 2009 pour une autre conférence. Qu’est-ce que cela a donné au final […]