Made in Japan 3 – Mars / avril 2009

En matière de manga, les magazines papier sont à la peine. Animeland ne laisse que des miettes à ses concurrents, l’actualité est disponible gratuitement et rapidement sur internet et les critiques manga/anime pullulent sur les blogs ou webzines. Dans ces conditions, difficile pour un magazine de se faire une place. Pouvait-on alors envisager un quelconque avenir au magazine Made in Japan dont le 1er numéro catastrophique se distinguait par son manque de professionnalisme, son odieuse mise en page, ses textes superficiels et son français approximatif? Non. On ne pouvait décemment imaginer que le second numéro puisse se vendre suffisamment pour qu’un troisième numéro voie le jour. Et pourtant, il est bel et bien disponible.

Premier constat: les fautes d’orthographe et coquilles, bien que toujours présentes ici et là, sont beaucoup plus rares. A l’évidence, les remarques à ce sujet ont été prises en compte par les hautes instances du magazine et l’amélioration est sensible. On peut lire les textes sans s’écorcher les yeux à chaque paragraphe.

Visuellement, le magazine est une surenchère de couleurs et la mise en page laisse souvent à désirer. Les articles sont surchargés d’images parfois d’une qualité très discutable et les cinq posters photoshopés à l’arrache sont d’une laideur sans nom.

Pourtant la couverture n’est pas désagréable et promet des sujets variés et plutôt intéressants. Lucky Star est à l’honneur dans un… « dossier d’un anime déjà légendaire ».

C’est donc un « dossier » de deux pages bourrées d’images qui nous attend page 21. Et, vous le savez sans doute déjà si vous êtes abonnés aux agrégateurs Blogchan ou Aggregator Sama, ce texte n’est qu’un plagiat honteux d’un article du blog de FFenril et d’une critique de l’anime par Nakei1024 sur Anime-Kun. Etrangement, de tous les articles du magazine, il est le seul à ne pas avoir été signé par son auteur. Difficile alors de n’y voir qu’une coïncidence et donc de ne pas penser que le rédacteur en chef était tout à fait au courant. Et pourtant, il ne devait vraisemblablement pas l’être. Une lecture rapide de l’article en question aurait dû le faire sauter au plafond. Cette phrase de Nakei1024 dans sa critique: « Si après ce paragraphe vous avez encore des doutes et que vous pensez « Mais non, il exagère le Nakei là… » » se retrouve telle quelle dans le texte. Et l’Editotaku est cité en référence: « Konota que raton-laveur aura appelé dans l’Editotaku, un miroir du téléspectateur« . Imaginez un peu la tête du lecteur en lisant ces phrases… Conclusion: le rédacteur en chef est soit incompétent soit malhonnête.

Autant être clair: cette unique « affaire » justifierait à elle seule le fait que Made in Japan disparaisse. La presse papier est déjà suffisamment mal en point pour qu’un nouveau venu n’en rajoute une couche avec une absence de professionnalisme évidente et/ou une malhonnêteté crasse. Payer 5 euros pour lire sur un magazine ce qui existe gratuitement sur le net… non merci.

Mais ça ne s’arrête pas là. La page 34 consacrée au fansub est un magnifique exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans un magazine « professionnel » en présentant les « projets » de différentes teams de fansub françaises. Faut-il rappeler que télécharger des oeuvres protégées n’est toujours pas autorisé et que, à en croire l’action de nos gouvernants, ce n’est pas prêt de l’être? Et ce n’est pas cette phrase déculpabilisante « n’oubliez jamais d’acheter les DVD une fois les séries licenciées », que l’on croirait tout droit sortie d’un post de forum, qui permettra aux textes de la page en question de ne pas passer pour de l’incitation au vol. Contrairement à ce que dit Shade, le rédacteur en chef, dans l’intro de la rubrique, ce procédé pour découvrir les séries est loin d’être « magnifique ». Sans entrer dans un débat sur la légitimité du fansub, il semble clair que si on l’utilise, il vaut mieux s’en cacher… Le fansub est un phénomène underground qui doit le rester.

En trois pages, Made in Japan aura donc réussi à se décrédibiliser totalement. Et c’est vraiment dommage car la plupart des autres articles sont finalement d’une qualité tout à fait satisfaisante. Le dossier sur Naoki Urasawa est précis et agréable à lire, les différentes présentations (les animes Sayonara Zetsubô Sensei, Toradora!, Ouran High School Host Club et le manga Hoshin) sont loin d’être déplaisantes et, dans la partie culture, l’index de la sexualité au Japon est très intéressant.

Malheureusement, on ne peut qu’insister sur les défauts lorsqu’ils sont si frappants, presque scandaleux. Les malheureux pigistes qui ont participé à la rédaction de ce numéro doivent se sentir trahis. Une chose est sûre, le numéro 4, s’il existe un jour, va être attendu au tournant et il devra au minimum comporter un erratum et des excuses à l’encontre de FFenril et Nakei1024. On peut tout de même se demander si le rédacteur en chef va pouvoir regrouper une équipe de rédacteurs compétents après un tel simulacre. Etre associé à ce magazine, c’est pour l’instant l’assurance de passer pour un nul…

NB: Prévue il y a presque 10 jours, cette chronique arrive un peu tardivement. L’article de Raton-Laveur m’a donné un coup de pied au cul (c’est une de ses spécialités) pour que je la rédige enfin! Publiée plus rapidement, elle aurait peut être permis à quelques lecteurs du webzine d’être prévenus avant d’acheter le magazine… Baaaah, le principal c’est que ce soit fait!

UPDATE: Ah et j’oubliais, merci à Ion_Negatif du forum jeuxvideo.com qui a découvert le plagiat.
N’oubliez pas également qu’on en a parlé sur le forum d’AK.