Miyazaki l’enchanteur
Auteurs : Vincent-Paul Toccoli et Gersende Bollut
Illustrations : Sébastien Dunon
Editeur : Editions Amalthée
Année de parution : 2008
Nombre de pages : 324
Dimensions (cm) : 21 x 15
Prix : 20 €
ISBN : 978-2-35027-961-9
Ce livre est un étude du travail du réalisateur d’animation japonais Hayao Miyazaki en suivant deux axes principaux : la quête de spiritualité et la sensibilité écologique. Cette étude comprend également une analyse croisée de trois œuvres du réalisateur : Nausicaä de la Vallée du Vent, Mon Voisin Totoro et Princesse Mononoké. Miyazaki l’enchanteur se veut aussi une reconnaissance artistique du cinéma d’animation japonais ainsi qu’un hommage à l’œuvre de Hayao Miyazaki.
Vincent-Paul Toccoli appartient à un Ordre bouddhiste, se consacre à la Nouvelle Anthropologie à Sophia-Antipolis, tient un cabinet de psychanalyse et de coaching à Cannes et a déjà écrit une vingtaine d’ouvrages sur des thèmes variés, de la Bible à l’esthétique zen japonaise en passant par ses expériences spirituelles.
Gersende Bollut participe à de nombreuses manifestations sur le 7e art, est journaliste à Animeland et collabore à des sites en rapport avec le cinéma et l’animation.
Ce livre est divisé en deux grandes parties :
La première, rédigée par Vincent-Paul Toccoli et intitulée « Orphée au Pays du Soleil Levant » explore quelques thématiques rencontrées dans les œuvres de Miyazaki (place des mythes, la femme et l’enfant, l’utopie, etc …). La seconde, écrite par Gersende Bollut et nommée « l’homme et la nature dans le cinéma de Hayao Miyazaki » s’attaque à la place de l’environnement chez Miyazaki en puisant des exemples dans les trois films cités ci-dessus. Ce dernier essai est lui-même divisé en deux sous-parties : « Etat des lieux des forces en présence » et « Analyse des enjeux ».
Une étude chez Miyazaki en français, voilà qui était inconcevable il y a quelques années, lorsque le nom de Hayao Miyazaki n’évoquait quelque chose que pour une poignée de fans ou même, plus récemment, quand le grand public l’a découvert avec les sorties en salle de Princesses Mononoké et du Voyage de Chihiro. Depuis, suite à leur bon accueil tant par les critiques que par les spectateurs français et au fur et à mesure de la disponibilité en France de ses autres œuvres, Miyazaki est peu à peu devenu une des icônes de l’animation japonaise vue depuis la France. Actuellement, il semblerait que dans l’Hexagone on ne puisse plus parler de dessins animés japonais sans évoquer son nom et sans le couvrir de louanges par la même occasion.
Si cette notoriété chèrement acquise permet maintenant à des écrivains francophones souhaitant publier une étude sur son œuvre de trouver un public en face d’eux, il fallait également parvenir à dépasser le discours réducteur « Miyazaki, c’est très beau et c’est génial » auquel se cantonne ordinairement la presse (on pourra penser par exemple à l’accueil du Château Ambulant par Télérama, Cahiers du Cinéma, Les Inrockuptibles, Le Monde ou Libération). Un enjeu supplémentaire de ce livre, et c’est précisément une de ses ambitions affichées, était de permettre la reconnaissance de l’œuvre de Miyazaki, et en filigrane de l’animation japonaise dans sa globalité, en tant qu’une œuvre cinématographique à part entière, avec recherches de ses mises en scène, ses thèmes, son univers personnel et les rôles des diffrents personnages.
Même si au gré des articles dans les revues papier et des dossiers disponibles sur le web, beaucoup a déjà été dit sur ce réalisateur, il y avait donc largement place pour une étude approfondie qui lui serait consacrée. Pourtant ce livre déçoit à de nombreux égards. Son premier point faible est son manque d’unité : deux auteurs, deux parties, deux styles et deux approches très différents, et deux entités séparées qui ont chacune leur vies propres, presque deux livres en fait.
Vincent-Paul Toccoli nous entraîne avec fougue dans un tourbillon désorganisé teinté de mysticisme et d’obscurantisme. Son style est difficile à suivre, entrecoupé d’interruptions et de discours dans le discours, passant sans cesse d’une notion à une autre pour y revenir ensuite quelques pages plus loin. Cette première partie apparait confuse, comme un patchwork aux fils de toutes les couleurs mais sans pour autant proposer de réel fil directeur, ce qui est d’autant plus dommage que l’auteur livre de nombreux éclairages intéressants en faisant appel à des sciences ou des notions très différentes, mêlant entre autres psychanalyse, mythes, références bibliques, concepts tirés du grec ancien, cinématographie et psychiatrie. Cette partie aurait énormément gagné à suivre un plan bien précis et plus structurant.
La seconde partie, par Gersende Bollut, est sur ce plan plus réussie. L’auteur y est plus systématique, plus analytique et se lit plus facilement. Même si certains thèmes abordés – l’écologie, le refus de tout manichéisme, etc – ont déjà été vus et revus, ils sont ici bien traités et, de plus, l’auteur nous gratifie d’analyses intéressantes sur d’autres aspects moins évidents comme la place des animaux ou les rapports humains complexes qui se nouent entre les différents personnages des récits et entre ceux-ci et leurs environnements. On regrettera malgré tout que cette partie fasse l’impasse sur les autres œuvres de Miyazaki. Même si le fait de n’en choisir que trois jugées représentatives pour les analyser en profondeur est compréhensible et même sûrement une bonne chose, quelques références aux autres productions du réalisateur auraient été les bienvenues et aurait apporté leur lot de pistes de réflexion.
Un bon point pour cet ouvrage est, en revanche, de citer abondamment ses sources, tant les livres que les sites internet, ce qui permet au lecteur d’approfondir telle ou telle piste s’il le souhaite.
On retiendra de ce livre des analyses ponctuelles pertinentes mais une structuration dans l’ensemble bancale et inégale qui n’en facilite pas la lecture ainsi que des lacunes dans les thèmes abordés (en s’appuyant notamment sur des œuvres autres que les trois retenues ici). Si l’on peut saluer l’initiative, il y avait malgré tout matière à faire mieux et ce livre risque de ne pas répondre à tous ses enjeux.
11 commentaires
Une bonne initiative qui faudrait renouveler et diversifier je pense.
http://www.amazon.fr/Hayao-Miyazaki-Japanese-Animation-Artistry/dp/1880656418/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=english-books&qid=1231675436&sr=1-3
Faut s'armer de courage quoi, même si le bouquin n'est pas trop épais ^^
Merci pour l'info :)
Je suis l'auteur de la 2nde partie de cet ouvrage et viens de prendre connaissance de votre critique, pour laquelle j'aimerai vous remercier tant elle est développée et argumentée. J'ai conscience de ne pas avoir publié LE livre parfait et définitif sur Hayao Miyazaki, mais notre volonté, à Vincent-Paul Toccoli et moi-même, était d'offrir un essai aux amateurs désireux de pousser la réflexion plus loin que par la lecture des sempiternels papiers (légitimement) élogieux qui font florès dans la presse à chaque sortie de nouveau film du Maître en salles. Quant à l'hétérogénéité des deux parties, effectivement bien distinctes, inutile de la nier : elle a même été souhaitée afin de proposer 2 angles d'approche différents dans l'analyse de l'œuvre de Hayao Miyazaki (il y en aurait bien d'autres...) et d'avoir l'effet "2 livres en 1", avec un style et une écriture aussi différentes que le parcours des deux auteurs. Quoi qu'il en soit, merci à toi Starrynight pour cette critique constructive. :)
Je ne peux qu'apprécier la démarche et l'effort fourni. En ce qui me concerne, j'ai été très agréablement surpris qu'une étude sérieuse sur Miyazaki soit (enfin) disponible en français, et c'est pourquoi je l'ai lue avec attention. Malgré les défauts évoqués plus haut, j'y ai en tout cas trouvé de la substantifique moelle.
J'en profite pour signaler la mise en place d'une exposition sur la thématique environnementale dans l'œuvre de Miyazaki (accompagnée d'une conférence) autour de l'ouvrage en question, à la Fête de l'animation de Lille qui aura lieu au mois d'avril. Avis aux personnes intéressées. ;)
Tu aurais des compléments d'info (dates et lieu exacts, etc ...) ou un lien à ce sujet, STP ? Je serais éventuellement intéressé.
Merci d'avoir pris le temps de lire mon livre.
Je ne me prononcerai pas sur votre critique, sinon que c'est la première fois qu'on parle d'"obscurantisme" à mon égard! Comme quoi, j'ai encore beaucoup à apprendre! Merci d'avoir osé me le signaler!
Je voudrais simplement apporter une IMPORTANTE précision sur mon CV:
Je n'appartiens à aucun groupe bouddhiste, étant prêtre catholique romain et religieux salésien! On ne peut être les deux!
Mais j'ai passé beaucoup de temps dans les milieux universitaires et monastiques bouddhistes: j'ai ainsi acquis le titre de Buddhist Scholar (quelque chose comme "expert en bouddhisme"), à Lumbini Népal, à Kwangjiu Corée du Sud et à Nagoya Japon.
Bravo pour votre site.
Père Vincent-Paul Toccoli, sdb
NB : mon site (toccoli.org) informe sur plusieurs autres livres sur le Japon (et sa jeunesse, entre autres) : j'ose croire qu'ils ne sont pas tous trop "obscurantistes"!
Sans rancune!