Introduction
I Résumé des faits
Le dernier serveur d'un jeu vidéo à immersion totale est sur le point de s'éteindre. Mais l'un des joueurs les plus anciens, maître d'une des guildes les plus puissantes de ce monde, Nazarick, décide de rester jusqu'au dernier moment, afin d'apprécier jusqu'au bout cet univers avec lequel il a vécu tant de temps, "Yggdrassil".
Mais lors de l'extinction du serveur, un phénomène étrange se produit: il reste connecté à cet univers virtuel! Et de surcroît, il lui est impossible d'en partir!
Commencent ainsi les aventures d'Ainz Ooal Gown, dernier joueur d'un monde abandonné par tous, à cela s'ajoutant le fait que des nouveaux territoires sont apparus aux alentours...
II Les premières impressions, aguicheuses et pleines de promesses
La première chose qui frappe en regardant Overlose est le soin tout particulier qui est apporté aux caractéristiques primaires qui forgent tout bon animé: c'est beau, temps au niveau des décors que des personnages, et l'impression d'être immergé au sein d'un jeu vidéo est très bien retranscrite. Par là de même, les musiques sont très bien choisies: l'opening et l'ending sont excellents, les musiques de fond collent toujours au bon passage, changent au bon moment, bref, il n'y a absolument rien à reprocher de ce côté, à moins de chipoter comme le dernier des journaleux.
On n'en attendait ainsi pas moins du studio Madhouse à ce niveau-là.
Les premier épisodes (le 1 et le 2) nous présentent les personnages de façon très avancée, afin de renforcer dès le départ les connaissances du néophyte de la light novel dont l'animé est la production, et réussissent à ne pas trop ennuyer le spectateur, et au contraire nous donnent envie d'en savoir plus sur cet univers.
III Le thème des jeux vidéos, surexploité, et alors?
L'on pourrait reprocher à Overlose son manque d'originalité quant au sujet abordé, mais je pense que cette critique est un peu trop facile venant d'une personne qui n'a même pas encore commencé à visionner la série.
En effet, SAO, Accel World, No Game no Life, et une pléthore d'autres titres abordent déjà ce thème. Mais chaque œuvre est différente, et propose un regard qui vient d'une personne unique, l'auteur, et comme chaque personne est différente, chaque approche l'est aussi. Ainsi, en suivant les aventures d'Ainz Ooal Gown (Momonga pour les intimes), c'est une véritable plongée en solitaire qui est faite: le joueur est seul. Tout le reste ne sont que des êtres virtuels, il est seul humain à bord, et c'est le premier élément qui le distingue des autres. Il en existe bien d'autres, mais je les développerai dans la suite de ma critique. L'essentiel est qui si l'animé peut nous offrir un bon moment tout en abordant des questions intéressantes, le quota d'objectifs à remplir sera validé.
Mais alors que tout semble démarrer si bien, que tous les éléments semblent réunis pour nous offrir un divertissement de qualité, une histoire palpitante, Overlose se plante magistralement.
Overlose, les bonnes cartes en mains, et pourtant...
I Un animé très ciblé
En commençant à visionner cet animé, comme dit, l'impression de se retrouver au sein d'un jeu vidéo est excellemment bien construite. L'on a l'impression de se trouver dans un autre continent, qui possède ses règles propres, un univers unique, et cela ne peut que plaire aux esprits avides d'aventure et de nouveauté.
Mais l'accent est trop mis, à mon avis, sur cet aspect, et je vais m'expliquer.
La présentation du monde, qui s'étire sur les 13 épisodes que composent l'animé, s'attache malheureusement à sans cesse nous rappeler que nous sommes dans un jeu vidéo, et non dans la vraie vie. Et le problème, c'est que cela fait tout de suite perdre tout enjeu au développement scénaristique. Par exemple, l'aspect dramatique passe tout de suite à la trappe. Ce n'était guère malin de sans cesse vouloir créer ce lien, d'autant plus que l'aspect, qui avait par exemple été très bien traité dans SAO, de séparation entre monde virtuel et réel, est rapidement oublié. En effet, Momonga ne semble pas vraiment s'inquiéter de rester coincé dans le jeu, et l'on aurait réussit à faire abstraction de ceci très aisément et à s'imprégner de l’histoire si des commentaires que je qualifierai de «parasites» ne venaient nous chuchoter à l'oreille que tout ce qui est en train de se passer ne concerne qu'un univers de jeu vidéo. Car ces rappels n'ont aucune utilité, dans le sens qu'ils n'apportent aucun élément un tant soit peu intéressant à l'intrigue.
Pourtant à mon sens, cela fait justement partie de l'objectif du créateur, qui souhaite ainsi s'adresser directement aux gros joueurs. Mais le problème est justement que ce n'est que cette tranche particulière de joueurs qui est visée.
II Une stratégie qui fait couler l'intérêt de l’œuvre
Lorsque je parle de «gros joueurs», ce n'est pas en référence à leur diamètre corporel horizontal supérieur à la moyenne, mais à leur rythme, dépendance dans le jeu.
Ainsi, alors que Overlose aurait pu toucher un large public, seule une partie des auditeurs saura apprécier l’œuvre dans son ensemble. En effet, les joueurs invétérés possèdent des «codes» qu'ils aiment à retrouver. Mais malheureusement, une grande partie du reste des personnes ne pourra que grincer des dent tant ces aspects sont mis en valeurs, et qu'ils cassent le rythme de l'histoire.
Pour prendre un exemple récent, Rokka no Yuusha mettait en scène des personnages avec des caractéristiques loufoques, alors que le ton est souvent sérieux: oreilles de lapins, queue de chat chez un homme (en plus il dit «nya» tout le temps), etc. Pourtant, cela ne gène pas puisque cela reste secondaire, c'est même plutôt amusant.
Dans Overlose, c'est tout le contraire.
Tout d'abord, la façon dont l'histoire est narrée est très typée jeu vidéo, avec une description abusive des sort, caractéristiques, mécanismes propres à ce domaine. Ensuite, j'ai réussi à retrouver des codes que tout joueur connaît, mais qui étaient encore une fois exploités à outrance.
Les confrontations entre ennemis, un échec monumental
Ainsi, les combats sont gâchés par plusieurs facteurs, or cela représentait l'un des points forts potentiel de l'adaptation.
a) Des combats vides d'enjeu
Tout d'abord, le système selon lequel toute différence de niveau entre deux entités virtuelles entraîne corrélativement une disproportion des forces abusive est trop mis en avant.
Concrètement et plus simplement, cela veut dire que à part le combat final, tous les autres seront inintéressants par rapport à leur enjeu: Momonga est tellement puissant qu'il va rouler sur ses adversaires comme un joueur des All Blacks pénètre la défense de l'équipe du Congo. Et même les ennemis qui font l'objet d'une introduction avant combat poussée (discussions stratégiques, spéculations sur qui et comment se bat l'adversaire) se révèlent au final infiniment inférieurs Aainz Ooal Gown et ses alliés, les «Protecteurs». Mais ce n'est pas tout. Le traitement que reçoivent les adversaires est honteux, inacceptable, je n'avais jamais vu ça au sein d'un animé quel qu'il soit, et cela risque de déplaire à beaucoup. Aainz Ooal Gown se plaît en plus à enfoncer ses adversaires, à les ridiculiser, car il est plus puissant qu'eux. L'on reconnaît là les penchants les plus mauvais du joueur addict qui pète plus haut que son humble postérieur. Le pire dans tout ça, c'est que les adversaires en question font l'objet d'un développement qui rend encore plus détestable le combat: les PNJ humains, par exemple, sont montrés comme des personnes qui ont passé leur vie à s'entraîner, qui ont sué sang et eau pour parfaire, sculpter leurs corps et leurs techniques pour finalement accéder au titre de puissants guerriers. Voir tous ces efforts dépréciés m'a donné des envies de meurtre, car je soupçonne que le message caché est que jouer à des jeux vidéos est plus méritoire que s'entraîner physiquement, ce qui permet de flatter l'égo du public. Or, sans vouloir rentrer dans un débat, je trouve à titre personnel que tout sportif champion dans un domaine mérite de recevoir plus d'éloges qu'un champion d'e-sport.
b) Le déroulement des combats, une catastrophe en tous points.
Le minimum syndical que l'on attend d'un animé de ce genre est d'avoir un bon show.
Mais comme expliqué précédemment, le différence de rapport de force est trop grand pour que le combat soit objectivement intéressant. Mais ce n'est pas tout! Les actions sont sans cesse entrecoupées d'explications, de dialogues (qui, venant de la part de Momonga et ses acolytes, ne servent qu'à déprécier les adversaire), le tout manque de fluidité, alors que l'animation en elle-même est irréprochable! C'est incroyable d'avoir réussi à ne même pas avoir réussi à donner un rendu agréable pour l'auditeur. Enfin, à part pour les personnes précédemment citées comme faisant partie de la cible éditoriale (ce n'est pas pour les discréditer, c'est simplement un fait); par exemple en pleine action le combat peut se stopper pour que la protagoniste stéréotypée à souhait qui accompagne Momonga mette en avant des équipements génériques de jeu vidéo (tenues de maid, accoutrement spécifiques à ce genre d'univers) qui font sans doute saliver certaines personnes, tandis que le reste voit le show éclater en morceaux.
Même le combat final, qui était au départ dynamique et sympathique, voit une conclusion pitoyable, l'une des pires que j'ai eu l'occasion de voir au sein de la Japan Animation, et c'est d'autant plus rageant que cela conclut l’œuvre de façon insatisfaisante au possible.
Une intrigue qui ne suffit pas à redresser l'intérêt de l'oeuvre
a) La notion de guilde, un élément fondateur
Le point central de l'animé évoqué ici repose sur un aspect inévitable des jeux vidéos, la "vie de guilde". Nombre de joueurs, tout support confondu, ont déjà fait partie/créé une guilde, soit une association de joueurs qui ont pour objectif de s'amuser ensemble, dans la joie et la bonne humeur.
Pourtant, me direz-vous, j'ai spécifié au tout début que Momonga était le seul joueur restant! Je ne vous ait pas mentit. Il est aussi important de noter que même avant l'extinction du serveur, la guilde était déjà en décrépitude, ses membres l'ayant quitté progressivement.
Mais alors, comment cet aspect est-il traité? Tout simplement à travers les "souvenirs" que les membres ont laissé à notre protagoniste, que ce soient les PNJ (personnages non joueurs) membres de la guilde (les "Protecteurs"), ou des objets de combat divers et variés. Ce que j'ai particulière apprécié, c'est que les Protecteurs sont traités comme ayant une réelle personnalité, bien que prévue dans l’algorithme par les créateurs (les membres de la guilde), et ce sont eux qui seront les principaux interlocuteurs de Momonga.
Recentrons-nous sur le sujet, qui est la valorisation de cet esprit "d'équipe" entre joueurs.
Tout au long de long de l'animé, sera mis en valeur le fait que si la guilde de Momonga et Momonga lui-même sont devenus si puissants, c'est grâce à l'entraide dont ont su faire preuve les membres. Ceci est très important, car cela permet de démontrer que dans les jeux vidéos, les interactions sociales sont indispensables et je dirai même primordiales, les "guildeux" étant de véritables compagnons (petite parenthèse : jouant moi-même à des jeux vidéos, je comprends et je soutiens cette vision, ayant par ainsi rencontré physiquement les personnes avec qui j'ai noué amitié lors de mes séances de gaming. Fin de la parenthèse ). C'est donc avec mélancolie et fierté que Aainz Ooal Gown continue, même seul, de perpétrer l'esprit de la guilde.
Bien que globalement bien traité, cet aspect est cependant limité par le fait que d'une part les autres membres ne soient plus (dans le jeu hein, ils ne sont pas morts, enfin je l'espère pour eux en tout cas) et d'autre part que le message, bien que louable, est assez répétitif, et que si saison 2 il y a, peu d'éléments intéressants resteraient à aborder sur ce point.
J'aimerai toutefois préciser que les interactions de Momonga avec les PNJ tendent à démontrer que dans les jeux vidéos, il est important de demeurer courtois, que les relations suivent un certain "code de bonne conduite", ce qui est vrai dans tout jeu qui possède une communauté un tant soit peu agréable.
b) Une terre d'aventure
Les nouvelles terres qui sont apparues autours de l'enceinte de la guilde de Nazarick seront le deuxième point essentiel de l'animé. En effet, Momonga tentera de découvrir les règles qui régissent ce monde, s'informer sur les hommes, animaux, monstres, lutins à trois têtes qui y vivent, le tout avec un quadruple objectif :
1) Tenter de découvrir si il existe des personnes capables de l'éclairer sur le phénomène qu'il est train de vivre, et savoir si il est vraiment le dernier personnage encore en jeu. Cet objectif sera très clairement et rapidement mis de côté.
2) Défendre Nazarick contre des potentiels envahisseurs, ainsi les premiers épisodes seront concentrés sur cet objectif, avec une réorganisation totale de la guilde. Cela permet également de présenter les différents personnages de l'histoire, et c'est plutôt agréable comme mise en bouche.
3) Accroître le pouvoir de la guilde, s'imposer au nouvel environnement : cela passe par des batailles, mais aussi par des enquêtes afin de se renseigner sur ce monde qui est totalement inconnu.
4) Devenir le Dieu de ce nouveau monde.
Des hauts et des bas seront à prévoir, surtout que le ton est assez lent par moments, et s'attarde sur des aspects très techniques qui ne sont pas toujours intéressants. Et le problème, c'est que les scènes d'action, comme évoqués précédemment, censées dynamiser le tout, garder le spectateur en éveil, ne sont pas suffisantes pour "récompenser" le spectateur qui suit gentiment le cours qui lui est donné.
Ce qu'il faut en retenir
Overlose, c'est ce genre d'animé qui aurait pu offrir une source de distraction efficace au plus grand nombre, mais qui, en voulant préserver une minorité de son public, tombe dans les travers les plus détestables. Pourtant, dans son ensemble, l'histoire aurait pu être très intéressante, mais ce rapport fait à un univers de jeux vidéo est tout sauf attractif. Même les graphismes et les musiques soignées n'arrivent pas à sauver les meubles lors des combats, qui pourtant constituent l'un des points essentiels de l’œuvre. Les personnages secondaires sont, du côté des alliés, en pleine déférence devant le joueur et ne sont que moyennement intéressants à suivre, et du côté des ennemis complètement balayés par la puissance excessive du protagoniste et de ses compagnons, alors que pourtant ils auraient mérités plus d'attention (dans le sens de respect). Les quelques points novateurs qu'apporte l'animé, comme la solitude face à un jeu, le sentiment d'abandon quand ses camarades sont partis, le souvenir du groupe soudés qu'ils formaient, est traité de façon assez convaincante, mais le sujet en lui-même étant limité dans son intérêt, surtout j'imagine pour des personnes ne jouant pas énormément, ne suffit pas à insuffler à Overlose de quoi tenir le spectateur en haleine. J'ai oublié de le dire, mais l'animé essaye de faire preuve d'humour de temps en temps, parfois ça marche, parfois ça tombe à l'eau, bref c'est assez mitigé à ce niveau.
En soit, un show moyennement divertissant, qui charmera peut-être une minorité, mais exaspérera simplement dans le meilleur des cas le reste des personnes.
5, car franchement, il y avait moyen de faire mieux.
Pour les intéressés, le dernier épisode laisse entrevoir une saison 2. Si il a eu un succès au Japon et qu'il y a effectivement droit, personnellement je ne la regarderai pas, car il ne la mérite pas vraiment.