Mon Pokemon mystère en 2017 c'était Shôjo Shûmatsu Ryokô. comme il se doit pour tout Pokemon Mystère, je l'ai croisé dans la brousse en mode random.
Le bordel a de quoi intriguer: deux nénettes hautes comme trois pommes avec des yeux ronds comme des galets, plantées là dans la neige avec leur uniforme de guerre 39-42 trop grand pour elles et leur air maussade. Teuf d'enfer avec ambiance guillerette à la clef quoi.
Et il n'y a effectivement pas eu mensonge sur le produit, fidèle à l'emballage, l'histoire de deux gamines livrées à elles-même sans autre forme de procès, dans un monde post-apo'.
Le postulat de départ est donc on ne peut plus simple:
un trip Into The Wild entre copines à la recherche de... de quoi en fait? ba on en sait rien mais en tout cas le mode sédentaire salle de gym c'est fini, retour au nomade, il faut bouger, il faut avancer... pourquoi pas cela dit, bon nombre d'animes de qualité partent sur une base hyper simple mais qui fonctionne.
Dans Shôjo Shûmatsu Ryokô on globe-trotte donc au calme, et il est vrai qu'il est plaisant d'accompagner nos deux p'tites durant ce périple qui somme toute, nous renvoie à l'essentiel.
En effet, alors que nos 2 miss apprennent chaque jour et s'émerveillent de petits riens au quotidien, la naïveté de leur innocence nous fait sourire car après tout, ce qui paraît souvent être une évidence à nos yeux est presque tout le temps inédit chez ces deux enfants.
Pas de bol quoi, elles ont vu le jour au crépuscule de l'humanité, quand il reste que dalle à part les ruines et les vestiges d'un temps révolu, après qu'on se soit tous fait sauter la gueule à coups de supra rayons gamma et autres bombes "cybertroniques".
(qui a appuyé sur le bouton rouge en premier? allez savoir, je pourrais virer tendancieux mais je ne suis pas versé dans la politique, que ça ne vous empêche pas de vous faire votre idée)
Il peut donc sembler naturel pour le regardeur, de pointer un oeil fatidique à ce propos. pour nos deux mioches par contre c'est plus "nature et découverte" sauf qu'à la place des Alpes, elles, elles ont le paysage d'une Ruhr industrielle Allemande d'après-guerre.
Reste malgré tout que cette approche est une tronçonneuse à double tranchant, tout simplement parce qu'il y a eu Mad Max il y a 40 ans ou même Ravage de Barjavel encore avant où sinon il y a... bref la flemme d'organiser un concours, il y a en a des tonnes d'exemples mais je pense que les derniers cités sont suffisamment parlants.
Alors d'accord l'anime n'a pas le même rapport à la violence ni forcement la même forme, il n'empêche que le discours de fond nous est tout aussi familier:
"vilaine race humaine qui a tout fait péter égoïstement et a tué Gaïa la mère nature et les ours polaires, on ne sait pas vraiment le pourquoi du comment ni vraiment comment ça a dégénéré mais on a bien quelques idées et c'est rude de le reconnaître parce qu'en vérité, un siècle plus tard, ça ressemble à un suicide planétaire complètement absurde et débile!" on connaît l'hymne.
(non mais c'est cool moi aussi je jette mes bouteilles en plastique dans le sac jaune)
Ensuite ce degré d'intention sur le réalisme du quotidien; se laver, se ravitailler en carburant, en nourriture et eaux, trouver un abri et tutti quanti. c'est sympa deux minutes mais la prépondérance de la chose vis-à-vis d'un format 20 minutes est trop forte à mon goût. à la limite je préfère encore me taper un délire jeu vidéo de survie comme ça au moins je "participe", ou carrément aller à la montagne faire du camping sauvage (ça fait un bail...bref).
Enfin certes il y a un charme certain à réapprendre la valeur des choses, l'inconvénient avec ça c'est qu'on s'emmerde souvent.
Oui cool le bruit de la pluie sur les casseroles, ça fait de la musique sans instruments, (nos lointains ancêtres ont du se faire des super rave-party en entendant les gouttes tombé des stalagmites), c'est joli et cristallin n'empêche que de passer 10 minutes là-dessus voilà quoi...
(faudrait en fait que je me retrouve dans leur galère pour capter la puissance du truc mais moi c'est l'inverse je suis né trop tôt donc je l'ai dans l'os. ou pas.)
Non mais entendons-nous bien! la contemplation a du bon et l'ambiance puisqu'il s'agit là du nerf de la guerre, est vraiment à la hauteur seulement cela inclut également de nombreuses longueurs dans le forfait.
Par ailleurs, ces longueurs sont illustrées par la constante idée de niveaux, c'est tellement subtil qu'on ne sent pas la gradation ou alors c'est bien trop subtil... Toujours est-il qu'on avance ou plutôt on monte, sans jamais en voir le bout, sans jamais en voir la fin, perdus que nous sommes dans les nombreux dédales qui s'enchaînent à perte de vue (moi aussi j'aime beaucoup Blame! bon c'est un peu plus l'angoisse à la H.R Giger mais passons).
Mouais, il n'y a pas à dire, les arrières-plans et les décors sont fouillés, c'est soigné, ça se marie très bien avec le ton de l'anime, c'est désespérément sombre et gris, ça sent la rouille et l'humidité, la poussière omniprésente à plein nez et le terme No man's land prend tout son sens.
C'est presque beau, c'est presque triste.
Oui parce qu'il s'agit surtout de cela à l'arrivée, on ne peut pas vraiment parler de désoeuvrement mais plutôt d'errance voire de dérive car que reste-t-il à faire avec le monde dans un tel état?
jouer au Scrabble? oui mais non! C'est là qu'intervient l'esprit Kino no Tabi à certaines occasions.
En effet, Shôjo Shûmatsu Ryokô partage avec son aîné, une passion dévorante pour l'anthropologie du turfu! à ceci près que l'un nourrit un penchant pour ce qui est tandis que l'autre lui préfère ce qui fut.
Alors qu'il se meurt, l'univers résolument muet dans lequel nos deux bambins évoluent a paradoxalement, beaucoup à raconter; signes, traces, glyphes, marques, stigmates, il y a des monuments, des sculptures, des vieilles machines et autres reliques... autant de choses qui ne manqueront pas d'intéresser nos deux petiots. Cette façon d'aborder la chose est contagieuse j'en conviens, mystère et enchantement mais est-ce que ça Nous intéresse pour autant?[/h1]
C'est un peu mon soucis avec cet anime... l'inconvénient d'utiliser un sentier ultra-battu - à moins d'assumer et de suivre la recette à la lettre - c'est qu'il faut ajouter des ingrédients conséquents dans la marmite afin de concocter un plat qui fera son chemin tout seul jusqu'à nos papilles. (à l'heure où j'écris j'ai la dalle c'est pour ça)
La démarche de Shôjo Shûmatsu Ryokô n'est pas vraiment dénuée d'intérêt car même si ce champ a déjà été maintes fois labouré, le procédé lui, revêt un caractère personnel et ça c'est bel et bien un truc en voie d'extinction dans les prods' contemporaines, malgré cela reste cette impression constante qu'il manque l'élément décisif pour que le combo se fasse.
Un atome d'Hydrogène...
Je n'ai donc pas couru après chaque épisode de cette série car tout au long, cette dernière m'a laissé un sentiment d'incertitude, du fait que l'on sent qu'elle essaye de nous dire quelque chose et qu'en même temps pas vraiment... comme l'impression de faire face à un p'tit monstre avec la morve au nez; est-ce qu'il essaye au moins de communiquer mais n'y arrive pas? ou bien est-ce qu'il n'en a rien à foutre et qu'il parle tout seul voire qu'il se fout de notre gueule?
dans tous les cas le dialogue est plus brumeux qu'un champ de beuh qui crame et ce numéro d'équilibriste en dilettante m'a donc laissé plus dubitatif que déconcerté à l'arrivée.
Précisément d'autre part parce que je soupçonne cette ambivalence de fond d'être gratuite et injustifiée.
Ni vraiment détesté ni vraiment aimé, c'est trop mesquin de parler d'indifférence mais voilà quoi Shôjo Shûmatsu Ryokô m'a finalement laissé une impression de vide...
-"Hey!... hey! t'as compris toi?
- ba... nan! 'fin j'en sais rien, oui peut-être... Qu'est-ce qu'on doit comprendre?
- Um... j'suis pas sûr...'yavait un truc à comprendre au moins?