Critique de l'anime Afro Samurai

Dans le vaste monde des animes, on tombe sur toutes sortes de bizarreries. Des OAV relevant du délire personnel à la série ultra-capillotractée pour docteur en philosophie (ou en physique) en passant par la bouse de taille moyenne, n'ayant rien pour elle à part son titre (quoique, même des fois...)

La question, c'est de savoir où cet OVNI qu'est Afro Samurai se situe.

Ces 5 OAV possèdent tout d'abord une atmosphère totalement unique. Un chara-design des plus originaux pour des personnages hauts en couleurs. Le samurai black à l'afro, fallait quand même le pondre. Et son alter ego ninja aussi.

S'ajoute à cela un univers hors du commun. Une sorte de Edo post-apocalyptique (si, si c'est possible), totalement trash où la morale est morte depuis longtemps et où le hip hop a été beaucoup plus avant-gardiste que dans notre espace-temps !

En parlant de ça, le mélange entre samurais et hip hop des downtown américains est original, comme on s'en doute, mais il est surtout efficace et réussi. La musique (RZA) est géniale pour ceux qui aiment le genre. On est à des années-lumière de Samurai Champloo.

Le délire affiché des créateurs permet tous les anachronismes sans oublier un doublage extraordinairement réussi qui relève encore d'un niveau cette ambiance psychédlique.

Ninja Ninja est d'ailleurs pour ma part l'un des personnages les plus géniaux de l'histoire du dessin animé, toute culture confondue. Du style à la manière de s'exprimer en passant par sa nature plus que complexe, bref, une complète réussite.

Et puis, il n'y a pas que cet univers et cet ambiance. Dans Afro Samurai, il y a aussi une vraie qualité technique. Cela se voit dans les combats. Ces derniers font passer Berserk pour réaliste et sympathique. Chaque ennemi de Afro, en plus d'être en pâte à modeler, est rempli de dizaines de litres de sang pressés de gicler sur la caméra...

J'ai dit caméra ? Ben oui, c'est un petit artifice classique de cinéma qui consiste à asperger de sang la prétendue caméra, toujours bien placée. Et ça marche. Ajoutons à cela une très bonne animation et une mise en scène dynamique, et on obtient des scènes d'action valant vraiment le détour.

Bon, après, passons au point qui font que tout être normalement constitué et possédant une once de morale détestera, ou, au mieux, ne verra pas d'intérêt à ces OAV : le scénario. Le scénario est une daube interdimensionnelle. Il faut le dire. Plus classique, vu et revu, tu meurs, même si tu es un scénario (c'est possible...).

Une histoire de vengeance traditionnelle, qui part en délire total pour permettre toutes les extravagances, manquements aux bases morales de l'humanité et déversements d'hémoglobine possibles, avec bien sûr, un peu de sexe sorti de nulle part pour couronner le tout, on touche le fond du seinen.

Donc on peut détester Afro Samurai pour son (absence abyssale de) scénario. Oui. Mais, avec un peu de recul, j'en suis arrivé à cette conclusion : pour comprendre Afro Samurai, il faut voir ça comme un essai, un essai audiovisuel. Je pense qu'en fait, même pour les créateurs, le scénario était une excuse pour un voyage visuel et sonore dans un univers unique en son genre.

En gros, chercher un scénario dans ce genre de production, c'est comme chercher de la violence gratuite et sanglante dans Heidi. Halluciner sur la puissance de Afro Samurai et sur la prévisibilité de la fin, c'est comme reprocher à Sangoku de tout le temps sauver la Terre.

Bref, ce n'était pas nécessaire pour les créateurs de cet anime de proposer un scénario d'une complexité rare. Ça n'était pas, à mon avis, leur objectif.Il faut le prendre pour ce que c'est. C'est mon avis.

Après, je suis déviant au possible et quand on me fait voyager, je suis comme un gosse. Confronté à quelque chose d'aussi neuf et osé, j'ai forcément adoré mais attention, la déception est plus que probable. Par souci d'objectivité, je réduis un peu la note par rapport à ce que j'ai ressenti (à savoir un 9...large).