Un seul mot pour décrire cette série, et qui colle d’ailleurs bien avec son titre : atmosphérique. C’est le seul adjectif qui me vient à l’esprit quand j’en parle. C’est à ce propos le terme qui selon moi est le plus approprié à l’esprit même de l’anime, autant pour ce qui concerne les graphismes , le scénario et la musique (magnifique opening, au passage).
Pourtant, j’ai un peu de mal à juger l’anime car il a selon moi autant de points de vue positifs que négatifs : d’un côté ambiance relaxante et onirique, avec un très beau chara-design et de somptueux décors. Ajoutons à cela des personnages relativement attachants, plus particulièrement la jeune Misuzu qui m’a littéralement bouleversée de par son destin tragique complètement opposé à sa façon de considérer les choses [un positivisme exacerbé allié aux couleurs gaies des graphismes, réel clivage face à la solitude destructrice dont est victime la jeune fille… Ce point-là, j’entend ici le déclin moral de Misuzu, est particulièrement bien rendu, je dirais qu’il constitue le ‘moment fort’ de la série].
En revanche, certains points sont on ne peut plus décevants, et même si on aimerait les ignorer, ils sont hélas bel et bien présents. Ma première déception a été ce fort ‘absentéisme’ : la plupart des personnages semblent ‘effacés’, leur psychologie est à peine esquissée, si bien qu’on a du mal à s’identifier à eux. Yukito, qui me semble-t-il avait une place prédominante, s’exprime peu, ne parvient même pas à intriguer le spectateur et disparaît comme par magie… Et d’ailleurs, cette caractéristique (voulue ?) de la disparition est une constante de la série : alors qu’un personnage devient un peu intéressant, il ‘disparaît’ subitement, frustrant le spectateur. Plusieurs fois, je me suis demandé : ‘Mais où veulent-ils en venir au juste ? Qui est important, qui l’est moins ?’… D’un côté, on peut se dire : ‘oui mais c’est peut-être justement l’intention de la série, cette constante impression de mystère, si bien qu’on n’arrive plus trop à distinguer l’intrigue réel du rêve…’ … Certes… Mais… Là où Air prône la majesté et le mystère, on a plus le sentiment, par moments, de voir un pigeon éclopé tenter désespérément de prendre son envol… J’ai aussi eu un peu de mal avec le flash-back relatant les origines de l’étrange destinée de Yukito… Pendant plus d’un épisode, on est totalement coupé du reste de la série, si bien qu’on peut se demander si on n’est pas en train de regarder deux séries complètement différentes…
Donc pour ce qui est intrigues passionnantes et scénario complexe, Air s’abstient. Et c’est bien dommage : quelques rebondissements supplémentaires n’auraient pas été de trop, et quelques personnalités fouillées non plus…
On en retiendra de fait ce double-aspect de la série : de la beauté, encore de la beauté, toujours de la beauté… Mais [hélas] aussi une vacuité permanente qui a plutôt tendance à tout gâcher…Sans s’attendre à du cultissime, pas la peine non plus d’être impitoyable : Air, sans être très percutant, reste agréable à regarder pour ceux qui n’ont pas trop le vertige…