Voici un énième shonen qui reprend un fois de plus tous les codes et classiques du genre. Etant donné le sujet traité (des rollers sur-boostés permettant à leur possesseurs d’atteindre des vitesses folles et d’effectuer des figures de haute voltige), on aurait pu espérer avoir un peu plus d’originalité, malheureusement il n’en est rien et, malgré un début plutôt intéressant (à défaut d’être original), l’anime s’embourbe vite dans les poncifs et clichés.
Commençons déjà par l’ambiance générale : avec une production sur ce sport, on pourrait s’attendre à ce que les duels et affrontements comprenant ce qu’il faut d’enchaînements acrobatique et chorégraphies, ou encore de courses de vitesses sur des parcours plus ou moins complexes. Hélas, passés les 10 premiers épisodes ceux-ci ressemblent plus à des combats de rue ou d’art martiaux où celui qui gagne est le dernier à rester debout, plus grand chose à voir avec des sports de glisse donc (on est loin des productions vidéo-ludiques comme Jet Set Radio ou Tony Hawk & co). Il y a aussi cette pseudo-philosophie sur la pratique de cette activité, la Tour des rois, les ATs (Air Treks) légendaires qui accordent à leurs possesseurs des pouvoirs quasi-surnaturels, une planque plus qu’improbable dans le lycée de nos héros (même Batman n’a pas une base comme celle-ci) et bien entendu les beaux discours sur l’honneur, l’amitié et l’esprit combatif… Je m’excuse mais non, passent encore tous ces délires métaphysiques pour des animes basés sur les arts martiaux, ninjas ou samouraïs, mais pour des rollers c’est franchement ridicule et inapproprié : moi je n’y vois qu’un produit matériel et purement mercantile qui n’a absolument rien de philosophique… A la rigueur on parlerait de modèles améliorés et finement réglés avec passion par leurs propriétaires pour optimiser les performances ça resterait crédible, mais de là à booster tout ça aux matérias et autres invocations (façon Final Fantasy), faut pas nous prendre pour des billes non plus.
Parlons maintenant des personnages, aucune originalité de ce côté là : c’est une accumulation de clichés servis sans saveur et qui s’enfoncent un peu plus à chaque apparition. Sans surprise, le héros est un newbie qui n’y connaît absolument rien en ATs, mais possède un don inné pour devenir un champion en à peine deux mois, écraser des vétérans expérimentés grâce à son « talent naturel » (il en bave quand même pendant les affrontements sinon ce ne serait plus crédible) et finalement devenir le maître incontesté et incontestable de tous les clans du Japon. Bien entendu, il est entouré de tout une bande de copains/copines et proches de sa famille mais soyons clairs, c’est lui le héros, donc pas question de lui voler la vedette. Parmi tout ce beau monde, on compte aussi une prof puérile et légèrement nymphomane (vu les allusions qu’elle balance à tout instant), une sœur prise de passion pour de sinistres poupées qu’elle fabrique elle même (mais on ne sait pas vraiment pourquoi) et un schizophrène martyrisé par son frère depuis son enfance (vive le mauvais goût et la cage façon SM), au comportement tantôt lavette, tantôt violent et ponctue alors toutes ses phrases par « fuck »…
Sauf erreur de traduction, la plupart de ces jeunes gens sont sensés avoir entre 13 et 15 ans… Bizarre, moi je dirais plutôt entre 14 et 17 ans, mais que voulez-vous, les héros de mangas ont l’habitude de ne pas faire leur âge (dans un sens comme dans l’autre), donc ça doit être normal.
Un mot sur les quelques personnages féminins qui, à une ou deux exceptions près jouent uniquement le rôle de faire-valoir ou de potiches pour soutenir les héros, sortent des pensées ou analyses d’une surprenante lucidité au moment où tout le monde s’y attend et bien entendu servent d’argument commercial supplémentaire grâce au fan service (y’a de belles plantes et pas frileuses en plus, vu le nombre de fois où on peut les voir en tenue légère).
Alors le roller c’est sensé être cool, ça fait jeune et dynamique, donc les producteurs ont essayé de faire passer cette cool attitude à travers leurs personnages habillés comme des sapins de noël pour certains, de véritables bishonens pour d’autres et une bande son composée essentiellement de hip hop et de rap. Bon c’est sûr qu’on ne va pas mettre du Mozart, du Vivaldi ou du Beethoven, mais je suis sûr qu’il y avait moyen de trouver des morceaux plus inspirés que ceux présents dans l’anime. Et puis voir des jeunes qui se tapent dessus à longueur d’épisodes sans raison apparente, plutôt que de prendre plaisir à enchaîner de beaux tricks, c’est pas franchement fun…
Je note quand même (surtout en début d’anime, mais également sur la fin) une poignée d’épisodes plus intéressants et comiques mais bizarrement, ce sont ceux où l’on parle le moins d’ATs.
Un petit mot sur les derniers épisodes, qui sont quand même plus réussis, même si c’est un peu tard pour effacer ce que les précédents nous on montré. La série se termine de manière très ouverte et nul doute qu’une suite était prévue, mais (on se demande pourquoi) il semblerait qu’elle n’ait jamais vu le jour. Tant mieux ou tant pis, on ne le saura probablement jamais.
En conclusion Air Gear est un anime qui a fait de nombreux allers-retour entre ma wishlist et la base de données AK, avant que je ne me décide finalement à le regarder. Je n’en attendais pas grand chose, mais je dois dire que là, la déception est grande quand même… Dans le genre shonen que j’ai vu récemment, Shijou Saikyou no Deshi Kenichi avait au moins l’avantage de ne pas se prendre au sérieux et de présenter une brochette de personnages particulièrement humoristiques. Mais que voulez-vous, on ne peut pas réussir à tous les coups.