« L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. » (Article 313-1 du Code Pénal Français)
D’après ce texte de loi, l’escroquerie naît lorsque l’on a utilisé une fraude pour tromper quelqu’un et lui causer un dommage. Il n’existe donc pas de meilleur mot pour qualifier Aldnoah/Zero, série d’animation de 2014 qui, depuis son annonce et jusqu’à la fin de sa diffusion, se sera employée à tromper son auditoire et à se foutre de sa gueule dans le seul but de lui faire perdre son temps et éventuellement son argent.
Et dire que je fus une des premières victimes de cette escroquerie. Lorsque Aniplex, aujourd’hui le seul producteur de japanime capable de produire des succès commerciaux - via des méthodes de marketing agressives, annonce une série de robots géants avec Gen Urobuchi au scénario et Ei Aoki à la réalisation, je suis le premier à sauter au plafond. Les robots géants sont en effet un genre déchu ; autrefois il était impensable de réaliser un anime à succès sans robot, aujourd’hui c’est limite si les robots ne sont pas considérés comme pestiférés. Voir un anime ambitieux à gros moyens tenter de relever le genre de son ornière avait de quoi donner de l’espoir à mon petit cœur de fan.
Espoir qui a failli se concrétiser avec les trois premiers épisodes. Passée la déception de voir une guerre interplanétaire racontée du point de vue de lycéens random, on avait là une série se prenant extrêmement au sérieux et avec un ton moins trivial et infantile que le reste de la production animée actuelle. Le chara-design et la direction artistique ne me plaisaient certes pas, la musique de Hiroyuki Sawano dégueulasse comme à son habitude, mais au moins la série n’était pas trop honteuse dès le départ.
Et là, c’est le drame. Après avoir attiré le chaland avec ses beaux atours, la série lui plante un couteau dans le dos en décidant de changer de de scénariste en plein milieu. Urobuchi l’opportuniste se casse et laisse la place à Katsuhiko Takayama, un second couteau qui a principalement bossé sur des séries sans intérêt. Dès lors plus rien ne pourra arrêter la course infernale de Aldnoah/Escroc vers la médiocrité : facilités narratives injustifiables, world-building fini à la pisse, personnages de plus en plus cons, protagoniste pété qui vainc tous ses ennemis avec des leçons de physique Wikipédia, cliffhanger moisis… La série tombe dans tous les écueils communs aux animes estampillés « blockbuster Aniplex » tels que Guilty Crown, Mahouka et autres Sword Art Online.
Le fait de changer de scénariste en plein milieu n’est pas quelque chose d’exceptionnel en japanime ; c’est même devenu relativement fréquent dans une industrie dont le rythme de production frénétique oblige les producteurs à engager plusieurs personnes pour écrire les scénarios le plus rapidement possible. Mais il est aussi évident qu’une série ne pourra jamais atteindre la moindre qualité narrative si l’écriture n’est pas correctement gérée, or A/Z ne cessera de démontrer l’amateurisme de son staff (rappelons que ni Ei Aoki ni Katsuhiko Takayama n’avaient bossé sur du mécha avant), avec des plotlines qui ne mènent nulle part et une caractérisation des personnages désastreuse qui empêche le spectateur d’éprouver le moindre intérêt pour ce qui se passe à l’écran. Le pire étant ce fameux cliffhanger de mi-série, sorte de hold-up narratif tellement misérable que même Urobuchi le désavouera publiquement – alors que la série n’en était qu’à la moitié. Et pendant que cette bande d’incompétents se rejetaient la faute en coulisses, Le spectateur floué ne peut que constater impuissant la série la plus hypée de 2014 se transformer en navet ridicule, ses attentes réduites en charpie devant la puissance des tropes médiocres poussés par une industrie qui a remplacé les intentions artistiques et le talent par la hype et le buzz.
Ce n’est d’ailleurs pas étonnant de constater que les « fans » de cette série sont les mêmes qui déclarent haut et fort qu’ils détestent les animes de robots géants. Cette série ne s’adresse pas aux fans d’animation japonaise, mais aux casuals et aux débutants qui seront facilement impressionnés par les effets de manche et qui considèrent les animes comme un divertissement brainless pour idiots. C’est à ce genre de personne que s’adresse Aniplex et le studio A-1 Pictures, des sociétés qui n’ont aucun respect pour les animes ni pour ceux qui les font, prêtes à tout pour vendre ses produits quitte à tromper et à frauder un public dont l’esprit critique a été muselé par des années à consommer des conneries et à en redemander.
Pour finir je n’ai même pas envie de dire que j’ai été déçu par Aldnoah/Escroc, car pour être déçu il faudrait reconnaitre à la série des intentions non concrétisées ou une valeur de production mal employée. Il n’y a rien de tout cela dans A/Z : toutes les composantes de cette série, tous ses éléments m’ont déplu ; je n’ai rien trouvé de bon là-dedans, je dirais même que c’est une des séries que j’ai le plus détesté depuis que regarde des dessins animés japonais. Plus la série avançait, plus les épisodes étaient difficiles à regarder, je souffrais à chaque plan et j’étais obligé de couper le son pour ne pas subir la diarrhée musicale sawanesque et les dialogues pourris de cette série révoltante. Certains y verront un « divertissement acceptable », d’autres arriveront même à trouver du positif là-dedans ; pour ma part je ne peux pas encaisser d’avoir été arnaqué de la sorte et je vomis chaque instant de A/Z, série que j’ai détesté… de A à Z.