Ah l'adaptation de récit littéraire en anime! Après maintes fouilles et expérimentations diverses, quoi de plus naturel pour nos amis nippons que de vouloir de rendre hommage à leur riche et fourmillante littérature classique ( il ne s'agit donc pas de Light Novel).
Et quel studio plus adéquat que Madhouse pour se coller à la tache! Assurément ces types la sont des touche-à-tout, enfin l'expression ne leur rend pas justice car cela sous-entendrait que le studio aborde les choses en surface. Hors Madhouse est à fond dans presque tous ses projets : Du sympathique Azuki-Chan, en passant par le classique trigun ainsi que le controversé Paranoia Agent, du romantique Nana en croisant le cérébral Death Note, jusqu'au dynamique One Punch Man.
Shonen, Shojo, Seinen ou autre hybride, tout y passe et souvent couronné de succès! Ma liste se résume à un coup d'oeil à travers la serrure mais je crois avoir fait valoir mon point. Madhouse avait la carrure pour ce projet.
Six arcs de durée variable pour six histoire de la littérature nippone, l'idée de Youth Literature serait donc d'offrir un véritable recueil de nouvelles en anime. Tout d'abord il y a clairement la préoccupation de rendre compte du caractère unique de chaque récit, notamment par le biais du charadesign et du graphisme. En effet ces derniers transcenderont leur fonction ostentatoire afin de marquer une rupture plus ou moins évidente entre chaque récit. En plus de quoi, ils s'adapteront aux différentes nouvelles et accompagneront au mieux la spécificité de chaque axe. Pas d'excentricité cependant puisqu'afin de coller à l'ambiance joyeusement guillerette de la série, on restera dans quelque chose de plutôt réaliste.
En effet dans Youth Literature on te fait comprendre pourquoi les dépressifs sont suicidaires... Cela n'est pas sobre pour autant car l'anime finit par prendre la confiance et décrocher de son style trop dramaturgique. On a droit ainsi, à des prises de libertés originales qui ont le mérite d'être appropriées à leur registre, stylistiquement parlant. Même si on a parfois le sentiment que le studio fait un peu dans la surenchère, histoire de marquer son empreinte sur le matériau d'origine.
La bande-son est peu prégnante, ce qui facilite d'autant plus la tragique et ô combien, contemplative immersion inhérente au genre. L'oeuvre ne souffre donc pas de défaut rédhibitoire.
Toutefois afin d'être critique je pointerais du doigt cet aspect trop lisse des personnages, et qui ajoute à l'absence de relief dans la globalité du récit. J'irais même jusqu'à dire que l'anime manque un peu d'âme, à la limite parfois du mélodrame. On nous dit et on nous montre que c'est dramatique, mais cette volonté manque d'intensité. Cette impression est probablement due au contexte et peut même être cocasse, si on considère qu'elle sert le propos de l'errance et du vide (je charrie, l'amour ça fait mal, la mort c'est triste) abordé dans la série.
Difficile donc, d'avoir du recul quand on n'a pas consulté le matériau d'origine.
Youth Literature est finalement un anime relativement difficile à juger, si on tient compte de l'autonomie que chaque arc peut avoir indépendamment de l'oeuvre. Si l'envie de nous faire chavirer ne manque pas, on déplore le manque de passion qui pourrait rendre l'anime marquant. On salue donc l'exercice et il est intéressant de se prêter au jeu. Du reste je serais tenté de tomber dans le cliché, en soulignant que ceux qui ont la fibre littéraire pourront peut-être apprécier Youth Literature à sa juste valeur.