La saison 1 et 2 sont traités ensembles dans cette critique.
* l'ère des loutres : période animesque de 2010/2011 et une partie de 2012
Un bon chasseur c’est…
Durant l’ère des loutres* , qui n'est pas encore terminée d'ailleurs, parfois on se raccrochait à de la valeur sûre, mais ce genre de gibier était plutôt rare en ces temps troublés.
Les territoires giboyeux n’étant plus ce qu’ils étaient, et certains ayant presque été dépeuplés, je suis retourné vers un ancien de terrain de chasse. Un que j’appréciais pour son gibier aux saveurs excentriques mais toujours un minimum goûtu. Lors de l'une de mes longues traques, j’ai entendu une rumeur sur une histoire absurde sous un pont du studio Shaft.
C’est un mec... Il voit quelque chose... Il tire !
Le synopsis était absurde, mais bon dans les animes y font un peu tout et n’importe quoi, y a même des shonens de malades sur des boulangers, sont fous quand même ces japonais. Donc pourquoi ne pas tenter l’expérience ?
Les premières minutes commencent, je suis charmé. Une petite musique douce se lance. Les images sont belles et colorés. Le générique claque. Et le tampon s’abat : « Label Rouge ! ».
C’est esthétique et enchanteur. La chanson est bien sympa. Ça a de la gueule. Du style qui s’écoute sans problème en dehors de l’anime, apaisant. Les paroles ont du sens par rapport aux images, ça ne raconte pas n’importe quoi, ça c’est cool.
Rien qu’en suivant sa piste, je sentais que cette petite anime avait le potentiel d'être un petit bijou, au minimum un repas correct. Les loutres ne sont pas partout nom de dieu ! Il existe encore des foyers de résistants contre l’oppresseur ! De plus les vrais génériques sont rares, surtout durant l’occupation des loutres. Je ne fis pas la fine bouche.
Même sous les ponts, il tire !
La pochette a donc de la prestance, le générique rentre dans la catégorie des « vrais », que va donc nous donner cette anime.
Bah l’histoire se déroule vraiment sous un pont, celui d’Arakawa d’ailleurs, dans un bled paumé, surement au Japon. On suit la nouvelle vie d’Ichinomiya Koe qui va devoir s’acquitter d'une dette de vie, et lui et les dettes c’est une longue histoire de famille, envers la jeune SDF Nino, qui consiste à être son petit copain. Le hic c’est qu’elle est un peu frappa dingue, elle croit qu’elle est vénusienne la pauvre, en plus c’est une sans abris, elle vit sous un pont, celui d’Arakawa (ah ah c’est pour ça le titre !). Mais elle n’est pas toute seule, sinon ça ne serait pas drôle. Sous ce pont vit toute une petite communauté, des marginaux, complètement barrés voulant vivre sans les entraves de la société.
Koe renommé Recrue par le chef de cette communauté, va devoir tout faire pour être le petit ami idéal de Nino, et surtout s’adapter à sa nouvelle situation. Situation d'ailleurs difficile, ce jeune homme se considère comme l’élite de la société et le voilà côtoyant ce qu’il y a au plus bas de l’échelle, les sans abris. Il faut savoir qu’au Japon, les SDF sont mis au ban de la société, presque invisible aux yeux de la population, pire que chez nous quoi, presque on leur jette des cailloux ( la réalité est bien plus sale, Google est votre ami...). Après le discours de cette série n’est pas là, on est dans pas dans Tokyo Godfather. Le thème y est bien plus léger, car c’est véritablement une communauté de marginaux qui vit sous ce pont. Comme dit plus haut, des personnes inaptes à vivre en société, ont créé leur propre règle et univers sous cette arche d'Arakawa. Recrue va finalement, au fur et à mesure des épisodes, y trouver sa place, et se rendre lui-même compte que lui aussi vit de fantaisies et de rêves. Cela aidé en grande partie par Nino, ou entre eux se dessinera une petite romance mignonnette, qui n’évoluera pas forcément très vite, mais sera toujours agréable à suivre. Tout deux totalement handicapés que ce soit socialement ou au niveau affectif feront au fur et à mesure de l’histoire de petits pas l’un vers l’autre.
Ce qui va alors vraiment nous intéresser, va être la rencontre de Recrue avec la population d’Arakawa. Personnages excentriques en tout genre, allant du chef du village qui se prend pour un kappa (dans un déguisement ridicule de vous voyez quoi), la bonne sœur des plus atypiques, le samouraï qui est coiffeur, et la star déchue du Rock qui porte justement un masque en forme d’étoile jaune. Et plein d’autres, une foule de découvertes nous attendent sous ce pont, qui tel une fête foraine ou un cirque, nous livre épisode après épisode, ses différents artistes et spectacles.
Alors on rigole, devant la vie de cette communauté, l’humour y est absurde, gonflé de références, partant dans tout les sens. Allant du jeu de mot stupide, à l’hommage à Ken le survivant (toujours et encore mais ça fait toujours mouche de mon côté), et à l’absurde le plus totale.
C’est parfois difficile à suivre, car le rythme y est haché, parfois lent, manifestement inégale. Car il faut le souligner, on est dans du Shinbo (le mec derrière Sayonara Zetsubo Sensei et Bakemonogatari entre autre). Son style est reconnaissable, plan fixe, changement rapide, et blindage de texte inutile. On y retire la dernière partie, sur cette anime Shinbo est plus sage que dans les deux cités. C’est regardable, ça ne fait pas anime d’avant-garde, vomitif par surenchère. La réalisation est juste, et sert bien le propos. Rendant les passages comiques plus fort, et les quelques passages émotions assez poignant. Le tout est servit par une bande son fort inspiré. Pas de thèmes vraiment écoutables en dehors de l’anime, mais reconnaissables, du qui donnent un cachet authentique à la série. La BGM met bien en valeur les différents passages de l'animé. Le tout est propre et coloré, c’est jolie à regarder, on ne s’est pas foutu de notre gueule.
Mais c’est un bon chasseur.
Bien entendu, on n’est pas devant le fameux cerf à six pattes, tout n’est pas parfait. Faut pas déconner quand même. L’anime connaît ses hauts et ses bas, certains épisodes feront à peine sourire à côté d’autres qui vous tordront les tripes. On regrettera aussi l’avancée très lente, voir inexistante, de la romance entre Recrue et Nino et le peu de chose que l’on apprend au final sur l’héroïne. Mais bon j’ai passé un agréablement moment aux côtés de Recrue pendant ces deux saisons. Ca m’a souvent redonné le sourire, et surtout ça m’a détendue. Une touche d’excentricité et de couleurs, dans ce monde qui peut parfois être aussi gris que rébarbatif.
Une troisième saison sera surement de la partie (espérons), il reste encore de belle surprise devant nous. Encore de joyeux spectacles nous attendent sous le chapiteau du cirque du pont d’Arakawa.
7.5
Edit 2014. Toujours pas de troisième saison T_T