Asatte No Houkou est une série hors du temps et des clichés tendance de l’animation japonaise. Bien que créée en 2006, elle peut facilement passer pour une série pré-2000, tant par son scénario que son visuel. N’y voyez là aucune critique, car cette série est tout ce qu’il y a de plus rafraichissant.
L’affirmation étant lancée, il ne me reste plus qu’à vous la démontrer.
Le premier épisode démarre, et en l’espace de quelques secondes, il nous plonge plusieurs années en arrière. Le parti-pris est visible instantanément, la série se veut en quelque sorte anticonformiste sur le plan visuel. Ici, pas de couleurs numérisées, par de surexploitation de l’outil informatique : Asatte No Houkou est un anime conçu à l’ancienne. Les amoureux de la 3D et des couleurs surréalistes seront probablement déçus, mais j’ai pour ma part été extrêmement charmé par ce petit coté désuet, qui nous rappelle qu’un anime peut-être beau, même sans disposer de toutes les dernières technologies qu’il peut utiliser.
Car en effet, cette série est belle, du premier épisode au dernier. Les couleurs sont extrêmement bien choisies, et magistralement exploitées. Vous aurez, au cours de votre visionnage, le privilège d’admirer de somptueux couchés de soleil, accompagnés de plages et d’océans vraiment magnifiques.
Le character-design semble lui aussi un peu vieillot, lorsqu’on se lance dans la série. Il m’aura fallu quatre épisodes pour m’y faire, et me rendre compte de l’esthétique, là aussi désuète, qu’il véhicule. Un formidable travail a été notamment effectué sur les yeux bleus de Karada Iokawa, l’héroïne de la série. Dotée d’un visage particulièrement expressif, on s’extasie à maintes reprises devant son regard, vraiment touchant. Les autres personnages ne sont pas en restes, et vous découvrirez avec plaisir qu’ils sont relativement nombreux pour une série de seulement douze épisodes.
L’animation est de qualité, sans être exceptionnelle. C’est d’ailleurs le seul aspect visuel de la série qui puisse être critiquable à mes yeux.
Les décors sont simplistes, mais correspondent parfaitement à l’ambiance véhiculée par l’anime et ne choquent absolument pas ; au contraire, ils séduisent.
L’objectif est donc de nous faire revenir en arrière, à une époque où l’animation japonaise relevait d’autre chose que d’un festival pyrotechnique, et l’on se rend compte que cette « ancienne » façon d’animer permet de véhiculer énormément de sentiments. C’est aussi le cas du scénario, lui aussi simple mais touchant.
Le premier épisode ne fait que planter le décor d’une histoire gentille, mignonne, et dans un sens elle aussi désuète, qui va ensuite tranquillement se développer sur onze épisodes.
Je ne vais pas vous mentir, le scénario ne brille pas par son intelligence, ne nous tient pas particulièrement en haleine et n’est pas d’une originalité surprenante. Non, tout comme le visuel véhicule une image obsolète de la japanimation, le scénario reprend les clichés de certaines séries diffusées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Une chance pour nous, Asatte No Houkou ne reprendra que les bons aspects de ces séries, et nous débarrassera de leur mièvrerie étouffante et de leur sentimentalisme de bas étage.
L’histoire, comme les rapports liant les personnages les uns aux autres, regorgent de bons sentiments et d’idéaux, gratifiant l’anime d’une vision infantile des rapports humains comme de la société. Sans jamais avoir l’impression d’être pris pour des idiots, on se laisse aller dans cette petite utopie, et on enchaîne rapidement les épisodes, sans vraiment s’en rendre compte. Les réflexions des personnages, comme leur comportement, contribue à offrir à l’anime une ambiance véritablement rafraichissante, de part sa légèreté qui ne s’associe jamais au vide scénaristique. Il ne se passe pas grand-chose, certes, mais il n’y a pas besoin d’une action effrénée pour que la série soit agréable ; son ambiance est réellement son atout principal.
Les doubleurs y contribueront, dotant les personnages principaux, Karada Iokawa et Shouko Nogami, de voix ravissantes et agréables. Aucun personnage ne hurle, ni ne déplait dans son caractère. La bonne humeur enivre le spectateur, grâce au visuel, aux personnages et à leurs doubleurs, mais aussi grâce à une musique légère, jamais trop présente, mais qui accompagne à merveille chaque épisode. Katsushi Sakurabi, le (la ?) compositeur (-trice ?) de l’OST nous offre en effet des pistes simples, seulement jouées par un piano ou quelques violons, et qui demeurent toujours au second plan, sans jamais prendre le dessus sur le visuel. Il s’agit à mes yeux d’une composition délicate et raffinée, qui remplit à merveille son rôle d’accompagnement.
Vous l’aurez compris, j’ai été charmé par cette petite série, sans prétention, qui finalement nous offre un bref séjour dans un monde très agréable, exclusivement composé de personnages sympathiques et rafraichissants. Preuve vivante que les bons sentiments peuvent être exploités sans forcément sombrer dans le larmoyant, Asatte No Houkou fait office d’intermède entre les blockbusters du moment, comme Death Note ou D-Gray Man.