Depuis Kill la kill en 2015, je me fais un point d'honneur à garder un œil sur les productions Trigger. À défaut de toutes les regarder sans faute je tente quand même de me renseigner sur la qualité des œuvres et leur intérêt. C'est dire à quel point Kill la kill m'avait secoué à l'époque et, même si j'ai un avis plus mesuré aujourd'hui, la série continue d'occuper une place de choix dans ma tête. L'animation toujours plus folle, les subtilités cachées derrière un scénario délirant mais non dénué de sens, les quelques références à l'histoire du studio sont autant de choses qui me séduisent chez Kill la Kill. Mais, est-ce toujours le cas chez Promare ?
Promare, ça parle de pompiers. Mais pas n'importe quel pompiers. Ceux-là, ils traitent les incendies causés par des Burnish, des humains qui maîtrisent les flammes et qui ont fait leur apparition après le Great World Blaze, 30 ans plus tôt. Pour couronner le tout, un groupe terroriste appelé Mad Burnish menace la paix déjà fragile en allumant des feux un peu partout. Galo, le héros, est l'un de ces pompiers et sa rencontre avec Lio, le leader des Mad Burnish, va remettre en perspective beaucoup de choses qu'il croyait acquises...
Première chose : visuellement, c'est du lourd. Ça imprime la rétine. Même pour du Trigger. Les flammes, élément central du film, ont le mérite de ressembler à autre chose que, bah des flammes et l'animation est un truc de fou furieux qui ne se relâche jamais. Pour celles et ceux un peu sensible au Sakuga, Promare fait un bien fou. Les séquences d'action pure déchirent et la qualité est constante. La 3D s'imbrique admirablement bien dans les séquences où je l'ai reconnue, c'est à dire pas beaucoup.
On peut voir dans le carré, symbole omniprésent dans la première moitié du film, à la fois dans les effets de lumière, les fenêtres voire les flammes, l'idée de la conformité. Le triangle, par contre, symbolise plutôt les Burnish qui ne rentrent pas dans le moule. Une théorie qui me vient surtout des première secondes du film où un triangle se fait compresser sans pitié par un carré mais qui se vérifie globalement tout le long du métrage. Cette continuité des thématiques de l'histoire dans le visuel et les symboles utilisés est une chose qui me plaira toujours, surtout quand elle va aussi loin qu'ici.
Également, la relation entre Lio et Galo apparaît comme le cœur du film. À la fois dans la compréhension mutuelle, l'amitié naissante puis l'amour malgré leurs camps respectifs qui s'opposent (façon Roméo et Juliette) et leur homosexualité enfin (façon Roméo et Juliette en avance sur son temps). Bref, on retrouve le goût des scénarios en apparence bien teubés avec des sous-textes et symboles assez passionnants à décrypter pour peu qu'on s'y intéresse.
Passons aux points plus dommageables. Premièrement, la GROSSE absence de subtilité dans les retournements de situation et les designs de personnage avec, en tête de liste, le Colonel Vulcan, franchement flingué tant son rôle dans le film est cramé dès sa première micro seconde d'apparition. À l'inverse, le design de Kray me semblait plus mesuré mais le personnage n'a cessé de courir sur la route des clichés en tapant la main de ses potes clichés jusqu'à atteindre la destination ultime : bon, j'avoue je sais pas ce que c'est mais lui il doit savoir. Il est arrivé au bout et même plus loin encore, il est dans les étoiles maintenant.
Le scénario est un bordel sans nom qui par dans tous les sens. Kill la kill partait dans la même direction mais avec 24 épisodes c’était bien plus dilué. Ici, ça ne s’arrête pas et les notions à assimiler s’empilent les unes sur les autres dans un kamoulox géant. Conséquence logique : les enjeux nous passent sous le nez et le final aussi par la même occasion.
Le film est franchement alourdi par la bonne tonne d'auto-référence parmi lesquelles, en vrac, Matoi comme Ryuko Matoi, le design de Galo qui rappellera peut-être un certain Kamina, un plan de Pyramide sous terre (au pif, le quartier général de la NERV dans Eva...) et, peut-être le plus terrible à mes yeux, les méchas de manière générale qui ne représentent aucun intérêt scénaristique, ils se contentent de faire jouer les références. Seul aspect cool, j'ai bien aimé leurs designs.
En cela, je trouve la critique de Zankaze particulièrement pertinente sur un point : le fait que Promare ressemble à une fusion entre Kill la kill et Gurren Lagann. Une observation qui ressemble à un certain aveu à mes yeux : Trigger fait du neuf avec du vieux et brosse les fans de la première heure dans le sens du poil. Personnellement, j'aime pas ça quand c'est autant appuyé et auto-centré. Ça me paraît un peu trop nombriliste. Purée, un certain nombre des doubleurs japonais de Kill la kill ont rempilé pour Promare et ce n'est pas ce que j’appellerai un hasard fortuit.
Étonnamment, je pense que le film pourrait plaire un peu plus à des gens qui ne connaissent rien à Trigger et qui ne finiraient donc pas ensevelis sous les références poussives et inutiles de Promare. Mais je ne garantis rien, il y a le scénario juste derrière qui s'annonce comme un gros éboulement lui aussi.
Pour finir, Promare ne me paraît pas le plus gros ratage de Trigger mais le potentiel vibrant et nekketsu est complètement gâché par une recette un peu trop fournie pour un film de cette longueur. Un comble absolu pour le studio derrière Kill la Kill ou SSSS.Gridman.