Je suis effondré.
Qu'a-t-il bien pu se passer chez Trigger pour aboutir à Promare? Le studio, descendant spirituel du légendaire Gainax et censé en préserver la flamme avait périclité doucement ces derniers temps. Trigger avait entre deux animes alimentaires pourtant réussi quelques sacrés tours de force.
Mêmes ses animes gag présents pour se faire plaisir pétillaient d'une bonne humeur et d'un foutraque joyeusement communicatif. Certes, on sentait la flamme s'étioler, mais revenait toujours une nouvelle production qui nous montrait que les gars d'Imaishi savaient de quoi ils parlaient, que les commandes n'étaient là que pour financer leurs vrais projets créatifs(?).
Et puis il y a eu ça. Et maintenant Promare.
Deluxe affirme que Darlifra est un plagiat éhonté, totalement inintéressant et mal écrit des chef-d’œuvre de la Japanimation. Rassurez-vous, Trigger a maintenant raffiné la méthode et s'est limité à deux animes. Promare est littéralement la fusion du scénario de Kill la Kill avec les visuels de Gurren Lagann. Tel la figure du Yin/Yang, on rajoute quand même un peu d'écritures colossales de l'un sur les méchas géants, et un peu de baston spatiale devant la Terre sur les aliens exploitant les humains de l'autre. Rien de plus.
Tristement, la technique est pourtant exemplaire. Trigger s'est emparé de la CGI pour la mettre entièrement au service de son style graphique. La CGI n'est pas la fin mais un moyen, et l'animation est digne du studio pour la plupart, alignant sans discontinuer effets de particules, transformations de robots géants et explosions omniprésentes avec un talent de virtuose. La trahison est d'autant plus forte que l'on sent tout de même la passion des animateurs et CGI artists, qui ont fait de leur mieux pour donner vie à la "vision" du réalisateur.
Hiroyuki Imaishi avait créé un style propre, un genre d'anime qui parvenait à faire ressentir au spectateur sa passion de l'animation et la vraie définition de ce qu'est le Nekketsu: toujours plus fort, plus haut, plus épique, plus intense. On marche sur les galaxies et on se jette des Big Bangs à la gueule pour sauver l'humanité d'une menace interdimensionnelle. Tout ça écrit en plus avec talent et pertinence s'il vous plaît. Plus maintenant. Il ressort maintenant ses restes périmés du congélo et les touille en un mélange indigeste sur une assiette trop petite avant de servir ça aux invités qu'il a spécialement convié. Le film croule sous les personnages secondaires transparents et inutiles, les rebondissements qui alourdissent un scénario qui a trop de bide au milieu pour son propre bien. On coche les clichés Gainaxiens sur un tableau de Bingo. Même Hiroyuki Sawano ne parvient à rien à la bande-son pour donner vie à tout ça, devenu un Hans Zimmer insipide ressortant toujours les mêmes thèmes épiques et techno, en une parfaite illustration du reste du film.
Je me sens réellement profondément triste d'écrire cette critique. Trigger et Imaishi m'ont fait connaître le sommet de ma vie de Weeb, et le choc est d'autant plus fort. Raison de plus pour ne pas laisser passer ça, même si c'est ce qui m'a motivé à écrire mon premier texte depuis 3 ans et demi.
Artistiquement parlant, ça ne se fait simplement pas.