C'est terminé pour Fate/Stay Night Unlimited Blade Works (abrégé en UBW dans la suite) et c'est maintenant l'heure du dessert : la critique. Le lecteur, qui n’en est peut-être pas à sa première critique lue sur cet animé, aura pu constater que les commentaires au sujet de cette œuvre sont dans l’ensemble plutôt positifs. De nombreux internautes et sites ont en effet d’ores et déjà loué la très grande qualité visuelle de l’anime qui a le mérite de nous offrir des scènes d’action, et notamment de combat, particulièrement éblouissantes ! De ce point de vue-là, il n’y a effectivement aucun reproche à faire et ceux qui ont vu Fate/Zero pourront témoigner que UBW n’a rien à lui envier. Néanmoins je vous avouerais, au risque de tuer le suspense, que ma convergence d’opinion avec les avis existants s’arrête là. Car si un grand nombre de personnes ayant visionné cette série semblent estimer que la qualité graphique et visuelle d’un anime suffit à compenser sa faiblesse scénaristique, ce n’est pas mon cas. Et force est de constater que l’œuvre souffre de sérieuses lacunes de ce côté-là…
Le lecteur remarquera sans doute les nombreuses références faites dans cette critique à Fate/Zero. Pour les non-initiés à la saga des Fate, éclaircissons rapidement ce point en disant que Fate/Zero est à UBW ce que le Sauternes est au foie gras : on peut consommer l’un sans l’autre et l’autre sans l’un mais on ne connaît pas vraiment le monde tant que l’on n’a pas goûté aux deux en même temps. UBW a clairement été conçue en tant que prolongement de Fate/Zero aussi le lecteur est-il vivement invité à regarder cette série d’abord (un autre argument étant que c’est un bon animé !).
Un scénario un peu léger
Le contexte général de la saga Fate est bien connu : dans chaque série, on retrouve une situation de guerre entre sept binômes Master/Servant dont l’enjeu n’est rien de moins que le Graal. Un Master (un mage humain) et son Servant (un « esprit » héroïque) mettent en commun leurs capacités magiques pour l’un, physiques pour l’autre, dans le but de vaincre leurs adversaires avec des conséquences plus ou moins sanglantes (ben oui, ce serait pas marrant sinon).
Il n’y a pas à remettre en cause cette « base » puisqu’elle constitue le fondement même de tout le reste. En revanche, on peut émettre de sérieux doutes sur la qualité du scénario dans le cas présent. Car soyons honnête, à l’exception d’un retournement de situation à un moment donné, l’ensemble est cousu de fil blanc et n’emballe pas vraiment. Contrairement à Fate/Zero où l’on suivait les affrontements tactiques de personnages tous plus malins, vicieux et charismatiques les uns que les autres, UBW a clairement fait le choix de recentrer l’histoire sur les relations entre les protagonistes et le caractère haletant de l’anime en prend un sacré coup ! Certains épisodes sont d’ailleurs franchement ennuyants et l’on doit se faire violence pour ne pas appuyer sur la touche « avance rapide ».
Notons que ce manque de rebondissements n’est pas aidé par l’absence d’une OST vraiment valable. Là encore, UBW pâtit de la comparaison avec Fate/Zero qui lui proposait de belles musiques particulièrement entraînantes et adaptées aux situations d’affrontements et « d’héroïsme ».
Un bon début et des personnages prometteurs mais…
Ce qui est surprenant dans cet anime, c’est que la première partie (j’entends les épisodes 1 à 12) était relativement prometteuse. L’histoire et les personnages se mettent en place à un rythme plutôt soutenu et on a le plaisir d’assister à un combat particulièrement magnifique (ceux qui l’ont vu sauront duquel je parle !). Les protagonistes sont plutôt attachants et/ou charismatiques avec notamment le caractère bien trempé de Tohsaka Rin, la détermination implacable de Saber (fidèle à elle-même) et la force tranquille d’Archer dans le rôle du type balèze et blasé. Même le héros, Shirou, que je trouvais particulièrement exaspérant dans la version de 2006, devient acceptable quoique toujours un tantinet agaçant (la naïveté de son caractère et de ses idéaux est d’autant plus difficile à supporter qu’elle contraste violemment avec le réalisme pragmatique et froid de Kiritsugu dans Fate/Zero).
Mais comme l’indique le titre de cette section, c’est dans la seconde partie (épisodes 13 à 25) que ça se gâte un peu : les combats se font plus rares et les considérations pseudo-philosophiques plus nombreuses, avec pour conséquence l’ennui dont je parlais plus haut. On peut en effet sérieusement questionner la pertinence, tant sur le fond que sur la forme, du débat qui oppose notamment Shirou et Archer (à propos de leurs idéologies respectives) dans le sens où sa profondeur et son intérêt demeurent à mon avis très superficiels. Notons enfin le rôle fantomatique de Saber dans toute cette seconde partie qui passe du statut de puissante héroïne à celui de personnage secondaire. Une mutation d’autant plus regrettable que c’est en partie pour connaître le destin de ce protagoniste que ceux qui ont vu Fate/Zero peuvent vouloir regarder UBW...
Une fin terne et sans saveur
Que dire de la fin sinon qu’elle est à l’image du reste et laisse au spectateur un arrière-goût de frustration. La série offre certes une fin véritable avec un dénouement sans ambiguïté (qualité appréciable quand on voit le nombre d’animes qui en sont incapables) mais nous laisse avec un arrière-goût de « peut mieux faire ». Jusqu’à l’épisode final (épisode 25) qui sert à lui tout seul d’épilogue et qui aurait pu tenir tout entier à la fin de l’épisode précédent avec un peu de bonne volonté.
Conclusion
Concluons en disant que la série mérite malgré tout le coup d’œil (dans l'ensemble, faut admettre que c'est quand même beau à voir !) et en rappelant les diverses caractéristiques de l’œuvre :
- Une qualité visuelle indéniable.
- Un scénario sans relief.
- Des personnages un peu ternes.
- Un OST aux abonnés absent.
- A voir si l’on a vu Fate/Zero et que l’on souhaite connaître le dénouement final.