Le conte de la princesse Kaguya est un remarquable film d'animation japonaise qu'il vaut mieux voir, évidemment et absolument, en version originale sous-titrée (sauf quand vous avez réussi à convaincre un/e non-initié/e, tout le monde ne peut pas être un Akunien ou une Akunienne)
On pourrait s'attendre à ce que le graphisme soit ultra léché comme sait si bien le faire les japonais et pourtant «ces simples traits de crayon» sont magnifiques, notamment dans la vitesse des mouvements aériens. Rien qu'en voyant la bande annonce, on se doute bien que le réalisateur a fait appel aux meilleurs techniciens. Il y a un défilé de couleurs époustouflant dans le rendu visuel, c'est un régal. Pourtant les traits sont parfois grossiers pour certains personnages, indignes d'un tel studio pourrait-on dire. Au contraire, c'est du grand art.
Concernant la musique, la chanson enfantine est assez entêtante mais c'est le morceau qui arrive presque à la fin du film le meilleur. Postérieurement on pourra apprécier le générique de fin et comprendre ce ton mélancolique.
Ce film inspiré d'un conte est une sublime fable philosophique. Pour commencer, la naissance de l'héroïne est extraordinaire. Trouvée dans une pousse de bambou, elle grandira anormalement vite pour devenir une très belle jeune fille. Le spectateur est prévenu dès le départ qu'il fait face à une extra-terrestre . Ce détail sera vite oubliée tant l'animé est saisissant de réalisme quand la demoiselle est un bébé.
Lorsque nous évoquons l'enfance, le retour est plutôt positif car cette période est souvent synonyme de bonheur. Tout était quasiment merveilleux, simple, rempli de rires et de joie. Quel plaisir de crier, chahuter, jouer, danser et chanter avec d'autres gamins. Tout comme se promener, respirer l'odeur de la forêt, cueillir des champignons et se délecter d'avance de les manger.
Puis, la loi de la nature étant immuable, on grandit et on se doit de rentrer dans le monde adulte, qu'on le veuille ou pas. Il faut alors respecter ce que la société impose, obéir aux règles. Fini la liberté de courir partout comme on voulait dans la nature.
Ensuite petit à petit, on rit moins, on devient plus triste mais on a l'air plus sérieux, plus respectable car on assume des responsabilités. On peut refuser de grandir et vouloir s'enfuir mais à quoi bon, la réalité est là et on ne peut pas y échapper.
Après vient le temps des regrets lorsque l'au-delà nous rappelle. En chaque adulte sommeille l'enfant. Seulement lorsque cet adulte oublie sa partie enfant il réalise alors toutes les occasions de bonheur manquées à cause du manque de courage et de la peur. Il peut même passer à côté de l'amour, le plus grand des regrets.
Le film joyeux au départ glisse doucement dans l'amertume, heureusement ponctuées par des scènes très drôles avec les 5 prétendants de la jolie princesse car notre héroïne ne se contente pas d'être belle, elle est aussi très intelligente. Dans un monde feutré rempli de convenances, elle saura faire preuve de répartie. Le rôle des parents est capital car c'est grâce et à cause d'eux que Kaguya évolue.
Le seul reproche que je ferai de ce film est sa longueur. Écourté de 20 à 30 minutes de scènes longuettes, je pense qu'il aurait gagné, encore plus, en intensité.
Ce film est brillant car il fait réfléchir sur le sens de la vie, les contrastes entre la campagne et la ville, la simplicité face à la superficialité, la pauvreté contre la richesse.
Alors avant que le voile de l'oubli nous tombe dessus, il est bon d'apprécier chaque grande étape de notre vie. Devenir adulte ne signifie pas seulement tracas, souci et peine, il est aussi conscience.
L'Enfant joue, l'Adulte crée.
Qu'il est bon de partager sur cette terre ce qu'on aime le plus comme par exemple écrire une critique...