Qu'était-on en droit d'attendre de cette seconde saison de Chuu2koi?
Pour rappel, la première nous avait laissé, après des drames familiaux semi-convaincants, sur une conclusion prouvant que l'animé ne savait pas vraiment quoi dire sur le chuunibyou. On regarderait bien au moins pour les bastons dans les fantasmes chuunibyou des personnages, mais à force elles deviennent un peu plates.
Donc, retour à la comédie ou plus de chara-drama?
Le film-résumé faisant office de pont entre les deux saisons et la relecture du titre (qu'on avait fini par oublier tant il ne voulait rien dire) apporte un élément de réponse: mais c'est bien sûr! La romance entre Rikka et Yuuta! C'est le moment de la développer!
Vaste blague.
Nos deux tourtereaux se retrouvent pour une raison pas très crédible à habiter sous le même toit. Partant de là, les choses vont sûrement devenir intéressantes, non? Surtout qu'on apprend dans le premier épisode qu'après 6 mois ensemble, ils en sont encore à hésiter à se tenir la main. Autant dire que y'a du boulot.
Pour commencer, le premier problème, c'est que la relation en question staaaaaaagne. Ça croupit, même. L'avancement se fait par sursauts minuscules, c'est une vrai gageure de les faire ne serait-ce que s'embrasser… sur la joue.
Mais la vraie erreur n'est pas là. Elle est que tout est fait pour nous faire perdre intérêt en cette romance et nous rendre ses protagonistes inintéressants, voire antipathiques.
Yuuta n'a certes jamais eu grand chose pour lui, énième personnage principal masculin banal, ne servant qu'à faire le tsukkomi et à balancer des "Dark Flame Mastah" de temps en temps. Le centre de l'animé aurait plutôt dû être Rikka, elle qui a encore son chuunibyou, elle sur qui s'était concentré l'intrigue de la première saison et qui a encore des problèmes à régler.
Sauf que la fin de la saison 1 n'a pas l'air de lui avoir fait du bien, puisqu'on est complètement de retour à la case départ. Si ce n'est que nous spectateurs avons suivi les évènements. Et là où on regardait son chuunibyou avec un mélange de nostalgie et d'embarras, voire même avec une pointe d'excitation au début, à présent ça finit pour passer pour du semi-autisme.
Rien n'a de sens dans la façon dont elle "évolue" supposément.
Du coup, on en vient à plus s'intéresser à ce qu'il se passe quand ces deux-là ne sont pas à l'écran.
Déjà, il y'a Kumin-senpai, l'idée géniale du concours de sieste et ses blagues pas drôles.
Mais surtout il y'a Dekomori et Nibutani. Ces deux-là et leur relation se trouvent être bien plus intéressants que le couple principal. Elles sauvent un peu toute la première moitié de la série, en fait.
Et puis il y'a Satone. Satone, introduite à l'épisode 3 et oubliée ensuite pour un bout de temps, avant de devenir outil principal de l'intrigue sur la fin. Satone qui, plus encore que Dekomori/Nibutani, relègue l'intérêt que l'on porte au couple principal à celui des arbres du décor.
En plus d'avoir une histoire intéressante en tant que personnage, elle illustre surtout parfaitement ce que la série aurait du dire sur le chuunibyou à travers Rikka, montrant à quel point ceci a été mal géré. Le contraste n'en est que plus saisissant et le sentiment de gâchis se fait sentir.
Spoilers mineurs dans ce paragraphe, mais c'est l'un des points d'intérêt principaux de la série donc.
Satone, c'est la fille qui, avant son adolescence, de façon logique, était atteint du chuunibyou, et partageait son délire avec un ami d'enfance. Puis vint l'adolescence, et la découverte de l'amour, évidemment pour l'ami d'enfance en question, ce qui la mena à perdre progressivement sa foi infantile en ses illusions. Jusqu'ici rien que de très normal.
Ne sachant que faire face à ces nouveaux sentiments, effrayée par son changement de mentalité, sa réaction fut de s'enfermer cette fois de force dans son monde, de refuser de grandir.
Puis arrivée au lycée, elle se voit forcée de confronter à nouveau ses sentiments enfouis, de les accepter, et de cette fois enfin passer à autre chose. De retourner dans son chuunibyou non plus pour fuir la réalité, mais comme preuve de sa maturité acquise.
Enfin ça, c'est dans l'absolu. En pratique la non-conclusion de toute cette affaire laisse planer une ombre sur la dernière étape. Rikka aurait très bien pu (du) passer par ces étapes dans la première saison comme dans la deuxième, mais ça avait déjà été l'échec à l'époque et ça le reste encore. Même constat: l'auteur ne sait pas quoi dire. Tout est laissé dans le flou absolu, on fait comme si les choses étaient résolues, les deux machins ne savent toujours pas quand est-ce qu'ils arriveront à s'embrasser.
Tout ça pour pas grand chose, du coup. Okay, on nous offre des personnages sympas, quelques passages très décents et de bonnes idées potentielles, mais ça ne va nulle part. Douze épisodes pour une fin pareille? Vraiment? Va falloir faire quelque chose de mieux que ça, KyoAni. Commencer par trouver des auteurs qui savent écrire et ont un truc à raconter, par exemple.