“Chacun est enfermé dans sa conscience comme dans sa peau.” A.Shopenhauer

Mouryou No Hako est le cas typique d'anime qui ne rentre pas dans les cases habituellement usitées dans l'animation japonaise. C'est un anime compliqué qui devrait porter la mention : Âme sensible s'abstenir.

Cet anime n'est pas commun....
Oui, il y a quelques thrillers en anime. Et oui, ils sont pour la plupart de bonne facture. Voir même beaucoup mieux.
Cependant, je crois que c'est pour moi, le plus livresque de ceux que j'ai pu voir. Pas que cela soit un plus ou un moins en soi, mais il me semble qu'il faut garder cela en tête pour comprendre les changements de sentiments, les pertes d'équilibre moral que l'on subit durant le visionnage.

Souvent dans les romans policiers, beaucoup d'éléments sont fournis au départ sans ordre, ni notion d'importance. Le lecteur perd donc pied dans cette foule d'informations car il ne sait tout simplement pas à quoi se raccrocher.
Peu à peu, tous les points se réunissent afin de permettre à la solution de s'extirper de l'intrigue. Et c'est un personnage clé qui répond généralement aux questionnements du lecteur.

Mouryou No Hako suit cette trame scénaristique.

C'est exactement ainsi, que le scénario procède pour nous amener à la solution. Donc, il n'a pas une réalisation très étonnante. On a le même type de fonctionnement dans The Perfect Insider.
Personnellement, je m'y attendais. Pour autant, je ne suis pas déçue, l'idée n'est pas de savoir la vérité derrière l'intrigue mais de savoir comment on en arrive à la résolution.

Là, où l'on pourra dire que l'originalité prend place dans Mouryou No Hako, c'est dans ses «personnages principaux» et dans sa profondeur.

Je mets «personnages principaux» entre guillemets car dans un récit dit policier, il y a souvent différentes histoires qui s'entremêlent et chacune de ces histoires possèdent ses acteurs principaux.

Ici j'appelle «personnages principaux», ceux qui œuvrent à la résolution de l'enquête.
Soit un exorciste shintoïste, un écrivain, un détective privé, un journaliste et un fonctionnaire de police.
Chacun des personnages a un caractère très défini et à mon sens, est très bien étudié.

Encore une fois, cela me rappelle des personnages de roman aux traits de personnalités très fouillées. Et ce, même en ne connaissant que peu de choses de leurs passés, on arrive très bien à comprendre qui ils sont et surtout comment ils sont. Ils sont par là même très bien utilisés dans l'anime.
Pour moi, la première surprise vient notamment sur le traitement de ces caractères et surtout celui de l'exorciste.
Personnage à l'antithèse de ce que l'on attend. Il est étrangement le plus logique du groupe et autant dire qu'on n'attend pas cela d'un exorciste.
C'est peut être un peu abrupt mais je n'en dirais pas plus sur les personnages. Ils sont biens décrits dans la critique précédente.
Je vous laisse le plaisir de les découvrir. ;)

Là, où je vais maintenant, c'est sur la profondeur de l'anime.

Mouryou No Hako, va loin, très loin, dans la réflexion. En tous cas, c'est ce que j'ai ressenti. Et c'est ma seconde et plus grosse surprise.

L'anime traite de différentes manières de la perception du Soi et d'Autrui : Qu'est ce que c'est d'être Soi avec tous les facteurs qui sont propres au sujet. La compréhension des limites de Soi. Qu'est ce que le bonheur. La décadence dans la recherche de ce qui n'appartient pas à Soi mais à Autrui. Qu'est ce qui fait que Autrui ne peut pas être soi... Etc...Etc...
Bref, ça va loin.
Si on a quelques notions philosophiques, certains dialogues poussent vraiment le jeu du raisonnement. Qu'elles soient justes ou fausses, n'a pas réellement d'importance car ces notions sont propres aux personnages et aux conclusions qu'ils ont tiré de leurs expériences.
On me l'a justement fait remarquer, il y a un sensation de gavage d'informations dans deux épisodes... C'est un peu écrasant, il faut être honnête, mais !
Le contenu de ses informations ne me semble pas réellement être utilisé comme clé de résolution, mais comme clé d'interprétation. Et là où l'anime est brillant c'est sur le sentiment de malaise qui en découle. C'est comme une plongée assez vertigineuse dans des méandres philosophiques entrelacés par de la théologie. On pourrait reprocher l'aspect un peu foutraque de la chose... Mais bon, en même temps, on est pas dans un colloque.
Pour ceux que cela intéresseraient, je vous conseille de lire Matière et Mémoire de Henri Bergson.
Les notions esquissées dans l'anime se retrouvent dans le travail de ce philosophe.

Si la résolution de l'enquête apporte en effet son lot de réponses, elle apporte également par le biais des notions philosophiques sus-citées une sensation de déjà vu, de déjà ressenti.
On ne peut pas nier le fait d'être légèrement perturbé par la noirceur de la conscience humaine qui est dépeinte dans cet anime. Elle est décrite comme à la fois attirante et séductrice, mais aussi extrêmement destructrice. Et on est perturbé, car on a tous plus ou moins expérimenté notre propre noirceur en explorant nos limites morales, et découvert probablement cette même séduction.
La sensation de comprendre assez facilement ce dont l'anime parle, nous renvoie à nos propres expériences, et c'est plutôt déstabilisant de s'identifier à travers cela.
On saisi tout à fait la sensation effrayante du dépassement de la limite, de décadence. Y comprit que la folie n'est pas loin.
On se sent instinctivement sur le qui-vive, à chaque évocation de cette folie dans l'anime comme pour nous même, nous empêcher de tomber dans ce gouffre.

Et pour cela, c'est anime est à la fois extrêmement bien réussi et légèrement gênant.
Cette gêne se fera plus ténue à mesure que vous reprendrez votre vie normale après le visionnage. Oubliez le Mouryou qui vous a touché. Comprend qui peut. ;)
[Allez vous visionner un anime comme Flying Witch, vous serez à nouveau dans un monde de bisounours ^^'. ]

Au final, je n'ai pas parlé de l'aspect technique de l'anime.

Je vais être succincte : Il est tout à fait correct. Et la musique ne m'a pas marqué.
Quoiqu'il en soit, l'anime est suffisamment bien fait pour nous faire oublier la technique et pour nous faire nous intéresser qu'au fond. En tout cas, moi j'ai été prise dans ce labyrinthe.

Pour conclure : Pour moi, cet anime mérite 7 dans son ensemble.
Mais je lui mettrais 8 pour la raison que se fut une expérience particulière de ressentir à nouveau ces sentiments de perdition. A défaut d'être agréable, c'était une expérience forte.