Chihayafuru est, ne mâchons pas nos mots, ma meilleure surprise animée depuis Samurai Champloo et Hunter X Hunter. J’ai beau avoir vu mon petit lot de séries animées, mon penchant reste, étrangement peut être, définitivement du côté des films qui ont toujours su éveiller en moi plus d’émotion qu’une saison entière de je ne sais quel titre. Je ne nie pas avoir aimé un Gankutsuou, Ailes Grises et autre GitS, mais le fait est que ce sont leurs qualités première (patte graphique, musique) qui font que je les aimées plus que le ressenti suscité. Au contraire de ces exemples, Chihayafuru s’inscrit sur la liste très restreinte des animes qui m’ont fait vibrer, ces animes auxquels on pardonne sans problème aucun n’importe quelle tare tant ce qu’ils nous ont offert était suffisamment fort, puissant. J’ai tour à tour apprécié, aimé puis adoré Chihayafuru et arriver au dernier épisode de la seconde saison a été un véritable déchirement, une séparation brutale avec ce qui aura définitivement marqué mon année 2013. Et pour expliquer un ressenti que j’ai moi-même bien du mal à cerner, il va me falloir quelques lignes. Alors permettez-moi de partager un bref instant ce qui aura illuminé un été déjà bien ensoleillé.
L’histoire, tout le monde la connaît. Ceux qui me lisent ont soit déjà vu la série, soit savent déjà de quoi elle parle tant la série a su faire parler d’elle dans le petit milieu des forums traitant de l’animation japonaise. Une lycéenne passionnée par un jeu (un sport ?) qui nous, français et même européens, est totalement inconnu, le karuta, cherche à faire vivre et transmettre son amour pour cette discipline tout en se lançant, elle et ses amis, dans une quête de puissance. En soit rien d’incroyable, il s’agit du speech de départ de tout bon shônen sportif. A ceci près que le karuta ressemble à tout sauf un sport que vous avez déjà expérimenté. Et accessoirement que ce shônen sportif a droit à un bel assaisonnement romancé avec ce qu’il faut de sous-entendus amoureux. Une analyse en trois temps donc : le karuta, l’aspect romance, les personnages. Et seulement après pourrai-je aborder ce pour quoi je n’ai finalement eu que peu d’intérêt et qui est pourtant le fondement d’une immense majorité des critiques que j’ai déjà pu écrire, à savoir la réalisation, l’animation, les musiques…
Le karuta donc. Après deux saisons de Chihayafuru, j’aurai tendance à le qualifier de sport mais voilà à mon sens le premier point à discuter et qui n’intéresse peut être personne. Alors soit, je vais le discuter seul. Du point de vue de la série, il est quasiment impossible de voir le karuta comme un jeu, à tel point que les personnages eux-mêmes s’étonnent de l’intensité de ce qui devrait être un vulgaire jeu de cartes. Exemple : le médecin qui s’occupe de Chihaya après sa blessure au tournoi en équipe dit qu’elle peut tout à fait pratiquer le karuta, s’imaginant deux femmes avec une tasse de thé, rigolant et touchant les cartes au hasard. Ce passage est comique. Certes. Mais d’un autre point de vue il vous fait prendre conscience du conditionnement dans lequel la série nous a placés : il est comique parce que l’on a désormais la certitude que le karuta est intense si ce n’est violent.
D’une manière moins interprétative, que nous montre concrètement Chihayafuru ? Des jeunes gens qui s’entraînent, participent à des compétitions en s’affrontant au cours de « matchs » plus que de simples parties, supporté par un public qui choisit son équipe préféré, son joueur favori. Les entraînements consistent en la répétition de gestes de manière à s’y habituer, à un surpassement de soi-même sur les plans physiques ou moraux. On y apprend des stratégies pour piéger « l’adversaire », une façon de placer les cartes, de bloquer les attaques. S’il ne s’agissait que de règles, alors oui ce serait un jeu de cartes, mais entre l’implication physique et mentale qu’implique un match, comprenons bien que l’idée d’un sport n’est plus très loin. Il s’agit aussi des codes du shônen sportif, ce qui vient nous rappeler que Chihayafuru est une série et que si elle s’efforce de rester au plus proche de la réalité, il y a nécessairement exagération à un moment ou un autre. Difficile de croire à un évanouissement en plein match par exemple, quand bien même les personnages tentent de donner une explication rationnelle. De fait, à l’approche proposée par l’anime, une seconde, réaliste, se propose à nous. Car, finalement, le karuta ne serait-il pas avant tout une affaire de mémorisation et de réflexes ? D’autres jeux de cartes comme la belote (huhu paye ton exemple) peuvent également nécessiter des entraînements pour ce qui s’apparente à des tournois. La chance a aussi à mon avis une part très (trop ?) importante dans la direction que peut prendre un match (il suffit de voir le nombre de parties s’étant terminées sur "la chance du tirage"). Reste qu’après 50 épisodes et à peine quelques vidéos youtube comme support j’en suis venu au choix de désigner le karuta comme un sport, permettez-moi donc de le qualifier ainsi pendant le reste de cette critique (non je ne rigole pas, un paragraphe simplement pour expliquer un choix langagier).
Je continue sur le karuta pour écrire sur ce qui est pour moi une des choses les plus importantes (si ce n’est LA chose) : Chihayafuru n’est pas une série qui nous montre un sport, c’est une série qui nous explique pourquoi aimer ce sport. C’est-à-dire. C’est-à-dire que oui toutes les séries sportives ont pour objectif commun de nous transmettre un plaisir, mais qu’aucune d’entre elle ne la fait comme celle ici critiquée, ou du moins jamais aussi intensément. Olive et Tom ce sont des épisodes et des épisodes de souffrance pour les personnages et peut être aussi pour le spectateur qui prend conscience que ce qu’il voit n’est pas du foot (parce que bon, s’emmerder à tirer sur une barre transversale pour faire un ciseau arrière à 10m de haut…). Kuroko no Basket c’est (regrette déjà d’avoir mentionné ce nom) sur la saison 1 des matchs où il ne se passe quasiment rien (si ce n’est des gestes inhumains une nouvelle fois) et où chaque personnage prend le temps de s’expliquer intérieurement pendant 3 minutes ce qu’est une passe. En fait tout cela est marqué par une exagération pour reprendre un terme utilisé plus haut qui me dégoûterait presque du sport représenté et seules quelques séries sur le base-ball ont su m’épargner. Ajoutons à cette idée le fait que le karuta est une pratique qui m’était totalement inconnue. Honnêtement, quelle joie que de découvrir quelque chose de neuf (alors même qu’il existe depuis fort longtemps), quelque chose dont on a tout à apprendre. Et comme une personne avec qui je discutais le faisait fort bien remarquer, nous avoir montré la découverte de la discipline au travers des yeux de Chihaya et Mashima était un excellent parti pris car l’on finit par apprendre en même temps que les personnages. Et ce qui a dû être passé rapidement pour des raisons évidentes de scénario est abordé par la suite au fil des matchs.
Et j’en arrive logiquement au troisième point, je n’ai aucun doute sur le fait que la personne qui écrit Chihayafuru aime profondément le karuta, tout comme un Mitsuru Adachi aime le baseball. Auquel cas un tel soin ne serait pas apporté à vraiment prendre le temps de tout nous montrer. Les bons côtés comme les moins bons, la volonté et plus largement tous les prérequis, le temps qu’il faut pour tout assimiler, les sacrifices aussi. Plus que des codes du genre, en ayant su amoindrir l’exagération on se dit que, finalement, c’est ainsi que cela se passe. Les personnages, non, l’auteur nous transmet une passion inconnue avec une facilité rare et déconcertante. Car finalement, « le karuta n’est-il pas amusant ? » pour reprendre le terme d’une Chihaya en fin de première saison avec un petit air de défi ne pouvant que vous inciter à vous y mettre. Je tenais d’ailleurs à souligner ce détail, il est assez intéressant de voir cette insistance des personnages à qualifier le karuta d’amusant, de la même manière qu’un Aomine doit redécouvrir ce qui lui plaisait dans le basket-ball. Avant d’être une passion, c’est avant tout un amusement constant, et c’est parce que c’est amusant que l’on s’y jette corps et âme. Bref, un message fort qui passe comme peu savent le faire. Je ne serais pas étonné d’apprendre que Suetsugu Yuki s’est en fait lancée dans une quête sainte pour redonner ses lettres de noblesse à une pratique qui commençait malheureusement à être vue comme vieillotte (je me base une nouvelle fois que sur ce que j’ai pu voir durant la série pour dire cela).
Voilà ce que j’avais à dire sur la catégorisation shônen sportif d’une série qui est loin de s’en arrêter là. Relançons ce monologue autour de la romance qui frappe notre récit. Un point (encore une fois) abordé très particulièrement. Chihayafuru n’a rien d’une romance habituelle. Vu de loin pourtant on ne croirait pas. Mashima, ami d’enfance de Chihaya, n’a de cesse d’essayer de briller devant elle. Non pas essayer d’être bon, il est naturellement doué dans de nombreux domaines, mais essayer de se faire remarquer tout simplement, essayer d’attirer le regard d’une fille qui n’a d’yeux que pour le karuta. Et peut être pour un certain Arata, troisième protagoniste principal, ami d’enfance du couple cité plus haut, qui n’est pas insensible au charme et à la nature enthousiaste de cette dernière. Bref un triangle amoureux comme on en voit souvent. Là où la série se distingue, c’est dans la façon dont elle décide de traiter ces relations. Par le karuta. Chihaya n’a l’occasion de voir Arata dont, je précise, elle n’est pas nécessairement amoureuse, disons qu’elle a une attirance naturelle pour lui parce qu’il a donné un sens à sa vie, qu’au cours de grands tournois. Arata ne s’exprime que peu, persuadé que Mashima est sur le coup. Et Mashima tricote avant de comprendre qu’il n’aura l’attention de la fille qu’il aime qu’en la surpassant au karuta. Ça peut paraître con dit comme ça, mais avoir impliqué le sport visé dans les relations amoureuses est tout de même une petite prouesse. Disons que c’est une façon de les traiter assez inédite pour moi. Aussi ces relations ne se construisent pas par les mots mais véritablement par le karuta lui-même (auquel viennent inévitablement s’ajouter quelques gestes ~main dans les cheveux~ deci-delà). C’est en jouant que ces trois personnages se découvrent, c’est en jouant qu’ils dialoguent. Pour autant la romance, pour la raison que je viens de décrire, est très largement en retrait dans l’intérêt global (je ne m’imagine pas conseiller Chihayafuru pour ses couples, il s’agit plutôt d’un bonus venant renforcer un intérêt déjà bien piqué). Elle subsiste et se fait plus intense dans la seconde saison, ce qui nous laisse entrevoir un développement et qui sait une véritable conclusion à ce méli-mélo un jour prochain. D’autant que l’auteure est une habituée du genre, ce serait fort triste d’en rester là. Je ne m’étends pas plus sur ce second aspect car il est encore trop tôt pour disserter dessus. Certes des clans pro-Mashima et pro-Arata tendent à se former mais le développement de l’histoire a été l’occasion de parler avant tout du premier et on attend forcément la suite qui ne peut se traduire que par des apparitions plus fréquentes d’Arata. Un point en suspens qui gardera cependant toute ma curiosité.
A la place, je vais paveter sur les personnages. Car si le karuta est la charnière de la série, eux en sont l’âme. Casting de rêve à l’ordre du jour : le canon, le bellâtre, le binoclar, la fille aux gros seins et le mec au gros bide. Maintenant que je le présente ainsi, je me rends compte que Chihayafuru s’affranchit également des présupposés propres aux genres. Chihaya est belle mais a une personnalité bien à elle (pour ne pas dire qu’IRL elle doit être insupportable). Taïchi est celui qui rentre certainement le mieux dans un moule, mais présenté comme il l’est, difficile de ne pas s’y attacher (j’y reviendrai). Kana est une excentrique dans sa façon de penser, dans les valeurs qu’elle arbore, et est aussi la plus sensible contrairement à ce que son bonnet H pouvait laisser croire. Komano, éternel intello de la classe, est très introverti. Nishida est un peu son opposé, cherchant à se faire remarquer en prenant une forte voix, rappelant qu’il joue depuis plus longtemps que tous les autres membres etc. Saison 2 rimait avec 2 nouveaux personnages dont le rôle reste encore obscur bien que leur venue était nécessaire au club. Si Tsukuba apparaît comme un élément comique avec tout de même cette envie d’être un frère modèle tournée un peu en ridicule, Hanano me tape légèrement sur les nerfs de par son attitude lorsqu’on la voit et (paradoxalement) de sa trop grande absence (elle ne fait rien si ce n’est regarder les autres faire. Il y a certes du mieux au fil du temps mais trop peu pour qu’elle me soit sympathique).
Bref cette présentation sommaire était là pour souligner ce côté très disparate des personnalités. Je ne dirai pas qu’elles sont complémentaires, cependant les 5 (puis 7) mises ensemble se marient très bien. Ils sont à considérer comme un tout plus encore qu’individuellement. Et c’est une nouvelle fois par le biais du karuta, plus précisément des matchs en équipe, qu’on le perçoit. Ayase est là pour faire monter son groupe, lui donner de l’importance. Mashima est un soutien indispensable au moral général. Nishida a constamment à cœur de ne pas être une gêne et aider ce nouveau groupe qui ne l’a pas accueilli mais mieux encore le voulait, lui plus que toute autre personne. Komano calcule les statistiques et donne des informations importantes sur les adversaires. Quant à Kana, c’est elle qui trouve les bons mots pour apaiser une ambiance pesante. En résulte un groupe fort où chacun a ses petites préoccupations mais dont le but commun les fait aller toujours plus loin : obtenir la victoire tous ensemble. On aurait donc pour chacun d’un côté une personnalité hors karuta et une personnalité de groupe qui se réveille automatiquement lors d’un match. Un travail schizophrène étonnant et bien vu qui nous inculque la pensée de groupe. Quant aux préoccupations personnelles qui reviennent au grand galop à quasiment chaque match, ce sont elles qui permettent de rendre chacun d’entre eux attachants. Tous les 5, et j’insiste sur le mot tous, reçoive ma sympathie débordante et j’ai le sentiment de les comprendre. Il ne faut pas gagner pour se vanter, mais pour attirer son regard, avoir l’occasion d’atteindre son rêve, se redonner un but aussi. Toutes ses préoccupations qui nous sont ouvertement présentées au cours de dialogues intérieurs jamais lassants, toujours captivants et émotionnellement chargés. Bien sûr que l’on rêve de voir l’équipe de Chihaya gagner pour qu’ils soient les meilleurs. Mais finalement, que Mashima devienne meilleur et puisse un jour battre Arata n’est-il pas aussi une bonne raison de les voir gagner ? Mais finalement, que Nishida gagne et retrouve cette passion perdue et l’envie d’atteindre les hautes sphères n’est-il pas aussi une bonne raison de les voir gagner ? Et tous sont dans cette situation. Progressivement, en plus de s’attacher au groupe perçu comme une seule personne, on s’attache à chaque personne composant le groupe. C’est… Génial, je ne trouve pas d’autres mots.
Le plus fort, c’est peut être aussi d’avoir réussi à me faire accrocher aux personnages secondaires. Le spectateur de cette série est omniscient, l’on a véritablement accès aux pensées de tous les personnages. Et on se rend compte qu’une victoire de Chihaya peut aussi être synonyme de la fin d’un rêve pour une autre personne. C’est aussi le milieu du sport, sa propre avancée se traduit souvent par la descente de quelqu’un d’autre. Et on se prend de compassion pour l’adversaire, se retrouve tiraillé entre des feux. Pire encore, on culpabilise presque de supporter le personnage principal qui en a pourtant bavé pour arriver où il en est. Chihayafuru déchaîne mes passions intérieures en jouant avec les émotions. Dit en passant, j’adore Sudo qui me fait délirer et aimerai voir Chihaya devenir "amie" avec la Reine qui a sérieusement besoin d’une présence à ses côtés.
Et on en arrive logiquement à ce que j’appellerai le reste. Le chara-design est shojoesque à souhait pour la majorité des personnages (grands yeux, stature longiligne, coupes travaillées) et par moment un peu grotesque (Retro, les expressions de Tsukuba, Amakasu ressemble à Astro Boy…). En parallèle j’apprécie les couleurs un pétantes de l’anime. Ce qui vient violemment contraster avec le fait que l’action se déroule dans les mêmes lieux pendant 2 saisons entières. Cependant, une idée intéressante est d’expliquer le sens de chacun des poèmes inscrits sur les cartes, en résulte par moment une incursion des personnages principaux au milieu des lieux décrits par les poèmes. Ca donne un effet de style avec à chaque fois un retour à la réalité et au match dont résulte un contraste d’ambiance saisissant et réussi (je m’exprime peu clairement, ceux qui ont vu comprendront). L’animation, et bien, elle n’existe pas en dehors du générique. J’entends par là que les épisodes se résument bien souvent à voir des personnages immobiles parler ou réfléchir et quand ils envoient leur meilleur swing pour attraper les cartes, le même procédé est répété à chaque fois : sorte de plan en slow motion avec traits de vitesse pour donner l’illusion que tout se passe rapidement. On s’y habitue rapidement et s’en contente même car, pour être franc, tout ce qui touche à l’aspect graphique je veux bien faire exception avec Chihayafuru et dire que je m’en tamponne comme de la reproduction des tapirs. Je serai plus subtil à propos du travail sur l’aspect sonore. Je ne m’en suis pas rendu compte immédiatement, mais il est très réussi. Les musiques sont peu nombreuses mais savent imposer un rythme aux matchs, faire monter l’intensité et souligner l’exploit lorsqu’il a lieu. Mais mieux encore que l’OST, il y a les doubleurs. Ça peut paraître anodin, mais les lecteurs de poèmes que l’on entend à chaque match ont véritablement une voix transperçante. Je n’en suis pas au point d’une Kana qui s’imagine transportée dans un autre temps, mais je n’ai aucun mal à reconnaître que l’ambiance gagne un gros coup de boost par ce biais. Rien à ajouter sur les couples openings/endings utilisés en première et seconde saison, je ne les ai pas aimés.
Au-delà de cette analyse de l’anime, j’ai également pu me rendre compte d’une chose arrivé à la fin : pour la première fois je me sentais otaku devant une série. J’en discutais avec d’autres personnes, je vais expliquer. Je me suis rendu compte que souvent les séries/films que je préférais étaient des animes finalement assez grand public dans le sens où ils pourraient plaire à quelqu'un qui ne s'intéresse pas nécessairement à l'animation (et je ne cherche pas à lancer un débat quant à savoir si des séries sont faites ou non pour débuter dans l’animation, j’ai déjà mon opinion sur la chose).
Berserk, Ghost in the Shell, les Hosoda, Shinkai... Quand on y réfléchit bien, ils pourraient tout aussi bien plaire à un de mes potes de fac qui pourtant ne regarde aucun anime. Prenons un exemple pour dessiner ce que j'explique. Proposerait-on plutôt un Gintama ou un Samurai Champloo à quelqu'un qui n'a jamais connu l'animation ? Pour faire simple le premier est bon parce que c'est une foultitude de références. Le second l'est parce que toutes les qualités que peut avoir un anime sont réunies.
Quelque chose qui est beau, bien rythmé, bien animé peut potentiellement plaire à un profane. Quelque chose qui est d'un bon niveau graphiquement sans non plus être renversant, de même musicalement ou ce qui concerne l’animation et autres et qui pallie en parodiant d'autres séries, la réception n'est pas la même pour quelqu'un qui n'y connait rien. J'avais essayé Gintama à l'époque où je reprenais l'animation, ça a été un désastre parce que je ne saisissais pas les références. Maintenant j'apprends à l'aimer.
J’en reviens à Chihayafuru et en profite pour répondre à cette personne. Je pense que cette série est un pur produit japonais parce qu’il est contemporain, ce qui nécessite du spectateur d’avoir une idée de ce à quoi ressemble un lycée japonais (clubs, disciplines, importance de se décider de son avenir, une idée de proximité entre élèves et professeurs), une famille japonaise, le Japon plus globalement, mais parle aussi de choses bien plus traditionnelles, sans que cela soit primordial, il n’est donc pas déconseillé d’avoir une idée de ce qu’était le Japon. A cela s’ajoute la singularité du karuta. Tout le monde n’est clairement pas à réceptif à regarder deux personnes assises sur un tatami et taper sur des cartes. Et j’ai le sentiment étrange que pour véritablement apprécier cette sens, en saisir l’essence, il faut avoir un bagage animesque avec soit. Ce n’est pas impossible de se le faire en première série, mais ce serait peut être passé à côté de la moitié de ce qu’il y a de bon à déceler (la romance très particulière, la façon d’aborder la discipline décrite notamment). Et c’est en cela qu’un otaku est peut être plus à même d’aimer Chihayafuru pour ce qu’il est, c’est en cela que j’ai eu l’impression d’être un otaku (à noter que je n’ai pas une vision péjorative du terme comme c’est trop souvent le cas, je désigne par là un passionné tout simplement).
Chihayafuru n'a pas les qualités habituelles que j'attends d'un anime, il a su toucher une corde que jusqu'à présent aucun anime n'avait effleuré. Ou plutôt qu'aucun anime n'avait effleuré depuis longtemps. C'est très difficile de cerner ce sentiment : tu as conscience que le produit présenté est imparfait mais tu y es inexplicablement attaché. Ça n'a rien de nostalgique, je viens de le découvrir, mais je sais déjà que je vais m'en souvenir pour un bout de temps.
So… Would you want to play karuta with me ?