Ça démarrait bien, mais...
Kuzu no honkai souffre d'un des problèmes des œuvres qui tentent d'aborder un sujet complexe, surtout quand celui-ci repose sur les sentiments plus que la raison. Enfin, pas seulement, c'est son problème majeur, mais il y en a d'autres. Expliquons tout ceci.
Kuzu no honkai est l'histoire de deux jeunes gens, chacun amoureux d'un de leurs professeurs aux mœurs très différentes qui se fréquentent, et conscient pour l'une que ça n'a rien de réciproque, et que pour l'autre, ce ne serait qu'un jeu émotionnel cruel qui en résulterait. Devant l'impossibilité pour Hinabi et Mugi d'obtenir ce qu'ils désirent, ils en arrivent à une solution de recours. Ils se mettent ensemble, afin de combler leur vide émotionnel.
De là démarre la thématique qui est intéressante en soi. Peut-on combler le vide affectif et physique, et peut-on le faire au point de tomber amoureux de la personne avec qui nous le faisons ? Un sujet qui me parle, vis-à-vis de mes expériences personnelles, et qui à mon sens fera de même pour tout le monde, mais pas de la même manière.
Le sujet en lui-même ne me paraît pas plus original que ça, même si le seul exemple (insipide et navrant) que j'ai est Toradora (ne regardez pas ça). Néanmoins il est intéressant, car comme toujours, quand on parle fiction intégrant émotions et sentiments, tout dépend de l'angle d'approche et des personnages.
Et si je n'ai rien à dire sur les personnages principaux, Hinabi étant une fille seule et pleine de doutes, Mugi un garçon un brin cynique et qui se sent vide, et les profs étant respectivement le bon geek timide et la garce de bas-étage qui utilise les hommes, les secondaires pèchent. Moca est oubliable et Ecchan (j'ai oublié leurs noms, j'utilise donc leurs surnoms) ne sert vraiment pas à grand chose, elle tente d'instiller le doute à l'héroïne sans jamais être une vraie rivale. Je ne parle de son cousin ou du type à la morale détestable que Hinabi tente d'utiliser, ils sont anecdotiques.
Mais où est le problème ? Eh bien c'est que ces personnages secondaires occupent quasiment toute la narration passé la moitié de la série... Et on s'en fout. Ils finiront tous sur le banc de touche, n'apporteront rien aux personnages ou leurs relations. C'est presque si ce ne serait pas les autres relations possibles si on jouait à un visual novel qui ont été mis là pour le clin d'oeil. Donc concrètement, environ un tiers de la série est déjà sans grand intérêt.
Mais passons, si c'est plus ou moins sympathique, on pourrait dire que cela passe. Le problème, j'y reviens, est donc la thématique. Je le vois dans l'obligation d'expliquer le scénario à ce sujet : les deux profs finissent ensemble, Mugi tente un genre de relation avec sa prof mais finit par laisser tomber voyant qu'il n'y arrivera pas, et Hinabi finit dans la case "Désolé mais t'es comme ma petite soeur". Suite à cela, les deux décident de laisser tomber mais également de s'éloigner l'un de l'autre, car...
Eh bien je ne sais pas, et c'est là l'origine de mon problème. La conclusion de la série est insatisfaisante. Si on se doutait, question de bon sens, qu'ils ne finiraient pas avec leurs profs, on imaginait soit qu'ils finiraient ensemble, soit avec l'un des personnages secondaires. La série prend le contre-pied de cela, et chacun finit seul. Soit. Mais pourquoi la raison n'est clairement pas évoquée ?
Mon seul constat c'est que les deux se fuient sans raison particulière, jugeant que "c'est mieux" alors qu'un début de quelque chose naissait. Et c'est là que je suis ennuyé avec Kuzu no Honkai, que suis-je censé retirer de cette œuvre ? Certains se posent la question "Qu'est-ce que ça raconte", ma question est plutôt "J'ai commencé cette œuvre avec ça, qu'est-ce que je retire à la fin ?". Et là, fondamentalement, je n'ai aucune réponse à cette question. J'ai commencé avec un sujet intéressant, et je n'ai pas de réponse.
Et ce ne serait pas un problème si je pouvais tirer mes propres conclusions, comme je le ferai dans Monster. Ce ne serait pas un problème si je suivais une longue histoire profondément humaine. Ce ne serait pas un problème si c'était drôle.
Mais ça ne l'est pas. Ce qui dérange ici est bien d'aborder un sujet sans avoir de réponse ou d'outils pour y répondre.
Reste de Kuzu no Honkai une certaine frustration. C'était ma foi sympathique, mais j'en repars sans conclusion. Je ne suis pas transformé ou chamboulé, je suis de marbre, et j'oublierai ce titre, sans doute, ou m'en souviendrai pour les mauvaises raisons.
Sinon la musique est passable, les génériques sont bons, et le style n'a rien d'exceptionnel mais fait bien son travail.
A regarder si vous cherchez une histoire humaine rapide avec quelques rebondissement, mais n'en attendez pas grand chose.