Blade and Soul (B&S par la suite) est une production adaptée d’un MMORPG. Une rapide recherche sur JV.com ou sur Google suffit à comprendre sur quel type d’argumentaire le jeu éponyme se base pour attirer la clientèle. Presque toutes les images mettent en scène de superbes guerrières aux formes avantageuses, présentées dans des tenues plus que légères. Bref, d’entrée de jeu, on se dit que l’on est parti pour une nouvelle série basée presque exclusivement sur le fan-service. Et pourtant, il s’avère dès les premiers épisodes que les producteurs ont voulu surprendre leur public en évitant de tomber dans ce piège grossier, et de proposer quelque chose d’un peu plus travaillé. C’est ce simple constat qui a attiré ma curiosité, et m’a décidé à regarder l’anime. Comme j’allais rapidement m’en rendre compte, une bonne intention ne suffit pas, hélas, à faire une bonne série.
Commençons d’abord par les protagonistes croisés tout au long des épisodes. On peut aisément les classer en 2 catégories distinctes : il y a les héroïnes (oui, parce qu’à part un ou deux gars de toute manière insignifiants, ce sont les femmes qui tiennent les rôles principaux), et ceux qui ne vont pas tarder à passer l’arme à gauche, de manière brutale de préférence.
On tient là le premier défaut de l’anime : ne vous attachez pas aux personnes croisées en cours de route, leur simple apparition à l’écran les condamne presque d’office. Vieillards, enfants, paysans, guerriers, aventuriers, sages… Aucun ne survivra assez longtemps pour jouer un quelconque rôle dans cette macabre aventure. Du coup, on se demande presque à quoi cela sert de passer un (ou 2 pour les plus chanceux) épisode à apprendre à les « connaitre ». Au final, ces exécutions deviennent lassantes tout autant qu’inutiles, et l’on se demande quel est le but de cette violence gratuite à l’écran, qui s’accompagne en plus de grandes gerbes de sang. Bah oui, en tant qu’assassin, Alka est une pro lorsqu’il s’agit de trancher la carotide de ses victimes (pas toujours) innocentes.
Parlons-en d’ailleurs d’Alka, j’ai rarement vu un personnage aussi peu expressif. Et quasi-muette avec ça : en faisant le total, je pense que ses lignes de dialogues sur l’ensemble de l’anime dépassent difficilement un recto de feuille A4… J’imagine que le but était de lui donner un air mystérieux et « cool ». Les plus misogynes diront qu’une femme qui se tait, c’est encore mieux, mais c’est tellement foiré comme effet, que j’aurais peut-être préféré qu’elle parle un peu plus. Et j’ai parlé de son manque d’expression… Eh bien franchement, en voyant le résultat lorsque les producteurs daignent faire ressortir ses sentiments (le plus souvent la peur ou le dégoût), je pense qu’il aurait mieux valu que cela ne change pas.
A côté de ça, chaque épisode nous gratifie d’un petit flashback sensé révéler le passé de la jeune femme, plus un petit délire pseudo-philosophique sur son maître (genre Yoda) désireux de la voir s’épanouir ailleurs que dans le meurtre d’innocents. Je cherche encore l’intérêt de ces quelques minutes perdues à chaque fois.
Bien entendu, pour une combattante aguerrie, il faut des adversaires de valeur. On nous sort donc un trio qui, lors des premiers épisodes, semblait prometteur : 2 sorcières maitrisant un pouvoir de toute évidence maléfique (toutes de cuir vêtues, en tout cas ça moule bien), et une montagne de muscle souffrant de toute évidence d’un gros problème de diction. Mais finalement, non : une seule se bat, les deux autres se contentent d’observer, ou complotent sur des projets que l’on ne prend même pas la peine d’expliquer, tant que ça permet de faire couler un peu plus d’hémoglobine à l’écran…
Et puis il y a les 3 « couillonnes », dont je cherche encore le rôle. Une chasseuse de prime avinée qui vide ses chargeurs dès qu’elle en a l’occasion, mais en ratant presque systématiquement sa cible (un « syndrome du Stormtrooper » ?). Une chef de gang, toujours flanquée de ses 2 débiles d’acolytes. Et enfin la tenancière d’un hôtel/bar/restaurant plutôt luxueux. J’avoue, j’ai vraiment cru à un moment que la troisième allait jouer un rôle important dans l’histoire, avec son influence et l’impression qu’elle en savait plus qu’elle ne l’avouait, en pure perte.
Comme pour justifier leur apparition à l’écran, on suit leurs allers-retours incessants à la poursuite d’Alka, avec éventuellement un rapide affrontement à la clé, pour prouver qu’elles ne sont pas totalement manchotes. Une ou deux phases de dialogues autour d’un verre, histoire de brasser du vent ou d’échanger le peu d’informations utiles dont elles disposent, et le contrat est rempli. Circulez y’a rien à voir, pas même leurs opulentes poitrines qu’on sent pourtant prêtes à faire exploser la garde-robe (déjà très légère) par inadvertance. Mais non ma bonne dame, on a décidé de faire un anime propre, donc on ira jusqu’au bout !
Voici donc ce que l’anime propose, c’est-à-dire pas grand-chose. Je suppose que l’idée était de traiter de la rédemption d’Alka, désespérément isolée depuis la mort de son maître, et hantée par ses propres crimes. Mais au lieu de ça, on a juste droit à un enchaînement de séquences vides de sens, répétant presque inlassablement le même schéma d’un épisode à l’autre, avec pour point culminant la mort des pauvres âmes qui auront eu le malheur de croiser la route de la jeune femme, et de lui offrir un peu de bienveillance (pas toujours cela-dit).
Maintenant, abordons un dernier point : il est évident que cette production devait servir de vitrine publicitaire au jeu éponyme. Eh bien NCsoft doit être en train de compter ses dents, car j’avoue ne pas voir ce qui ici pourrait inciter le joueur à se lancer dans l’aventure.
Déjà, l’univers est à peine présenté : les races existantes, les empires présents et les enjeux des conflits en cours… Livrés bruts sans aucune explication.
La visite de contrées étranges, cauchemardesques ou idylliques ? On se limite aux mêmes terres dévastées et désertiques, traversées de long en large au fil des errances d’Alka. Et la seule vraie ville que l’on peut voir ressemble plus à un taudis sordide (en dehors de l’auberge d’un certain standing) qu’à une mégalopole fourmillant d’activité et de réalisations grandioses.
Enfin, les combats. Si les 2 premiers épisodes semblaient prometteurs, rapidement on comprend qu’il faudra ronger son frein et se contenter d’une ou 2 passes rapidement exécutées pour convenir au minimum syndical. Et il faudra attendre le dernier épisode (le douzième, le 13 n’est là que pour un peu de fan-service) pour revenir à quelque chose de vaguement acceptable. Pourtant, ce n’est pas comme si on manquait d’expert(e)s dans les différentes manières de se battre. Et la magie semble également faire partie de cet univers, alors pourquoi la voir si désespérément sous-exploitée.
Et puis c’est franchement moche, avec une coloration sans âme et une animation traitée par-dessus la jambe.
Pour conclure, B&S est pour moi une déception. Tout au long des épisode, je n’ai pu m’empêcher de me dire que de nombreux points présentaient un réel potentiel si seulement on daignait les utiliser. Au lieu de ça, on nous sert un récit médiocre et répétitif, techniquement passable, avec une poignée de protagonistes sous-exploités et rendus inutiles par le manque criant d’inspiration de la part de scénaristes qui semblent ne plus avoir en tête que les flots de sang coulant à chaque nouvelle rencontre.
En série c’est nul, en publicité c’est nul et en distraction c’est nul. J’ai vraiment l’impression d’avoir vainement perdu mon temps.