Je me souviens m'être dit à l'annonce de cet animé "Oooooh c'est tagué Mystère, je vais forcément regarder" , et c'est ce que je me dis à chaque annonce du genre, pour le meilleur et pour le pire. Je me jette sur ces trucs comme un charognard, et pareil pour tout ce qui est voyage dans le temps. "Eh bah ça tombe bien " me direz-vous, " Erased c'est tout pareil que ce que tu viens de dire". C'est vrai qu'il y'a du Serial killing, du voyage dans le temps, et du whodunit. Sauf qu'en fait Erased c'est tout mignon, et franchement on dirait pas comme ça.
Mignon c'est peut être un peu fort, mais c'est un mot qui à mon sens illustre bien mieux la série que le tag "Mystère" qui y est attaché. Erased est un animé qui essaye de jongler avec beaucoup de choses, de raconter plusieurs histoires en même temps, le tout sur une programmation en 12 petits épisodes. Il ne s'agit pas là tant d'une histoire de meurtres et de voyage dans le temps, que d'une histoire somme toute assez terre à terre sur la solitude et la famille. La mécanique du voyage dans le temps est ici clairement un outil scénaristique, elle n'est en aucun cas l’élément central de l'intrigue. On se contente de suivre l'histoire de la petite Kayo une enfant battue, et de Satoru qui tente désespérément de la sauver des griffes de sa mere .là où le bât blesse, c'est plus pour cette histoire de tueur en série,qui est à la limite du mcguffin.
Erased brille surtout dans ses moments de simplicité, les interactions basiques et la naïveté volontaire de certaines scènes. Le personnage de Kayo suscite une empathie instantanée chez le spectateur, et la retombée en enfance de Satoru ( en dehors de l’occasionnelle légèreté qu'elle apporte au récit) laisse planer dans l'air un constant sentiment de nostalgie. Le sourire du personnage, lorsqu’il revoit après 18 ans la maison dans laquelle il a grandit, et les petits plats mijotés par sa moman. Des scènes de la vie quotidienne, sobres, efficaces et évocatrices pour le spectateur . Satoru est en conflit avec son passé, et on prend connaissance de cette information dans les premieres minutes de l'animé, ce qui rend la mécanique du voyage dans temps relativement cathartique et intéressante . Le fait aussi que Satoru ne soit pas doublé par un professionnel n'est pas anodin, tout est fait pour faciliter l'identification. Je suis donc ressorti d'Erased avec un sentiment de satisfaction. C'est dommage que l'animé ait été trop gourmand.
Je vais pas m'attarder sur le voyage dans le temps, je m'en fous un peu de l'explication, et de toute façon ça n'aurait contribué qu'à alourdir la progression tout en apportant aucune substance à l'histoire. Le vrai problème ici c'est cette sous intrigue qui tourne autour du tueur. Non je vais pas revenir sur l'identité de ce dernier, et la scene avec les bonbons qui m'a fait tapper de la tête sur le sol froid et dur. Ce qui me dérange le plus, c'est le caractère presque "filler" de ce point particulier du scénario. Il y'avait déjà matière à faire avec le personnage de Kayo, pas vraiment besoin de balancer un enjeu en plus. La thématique de la maltraitance est un sujet assez vaste pour couvrir un run de 12 épisodes, dommage que le tout soit amputé , sans doute dans une volonté d'ajouter plus de tension au récit. De plus, l'animé n'hésite pas à sacrifier la cohérence des ses personnages au profit de l'établissement d'une sous intrigue bâclée. Les enfants qui parlent comme des vieux briscards de la criminelle, c'est un peu l'effet pervers du setting, qui force des Cm2 à résoudre une affaire de meurtre. Je suis pas déçu de l'identité du tueur, je suis déçu qu'il y'ait eu un tueur.
Le temps alloué à ces histoires de meurtres ,c'est de précieuses minutes qui auraient pu être réinvesties dans les personnages et le setting. L'animé a le diable aux trousses, en résulte une négligence de certains personnages, dont Satoru qui ne quitte jamais son rôle de perso self-insert, ce qui a pour conséquence d'émousser le sous texte sur les déboires des trentenaires Japonais. La dynamique adulte dans un corps d'enfant est aussi mise de coté assez rapidement , et se résume le plus souvent à de petites répliques qui font plus office de cache misère qu'autre chose.
Pour ce qui est de la mise en scène, les quelques fulgurances du premier épisode disparaissent assez vite. On a un truc classique, mais agréable à regarder. Certaines scènes peuvent être vraiment fortes, et l'animé sait sortir de jolis plans aux bons moments. Je suis plus impressionné par la direction artistique,et le chara design. Les couleurs aussi, surtout les scènes de nuit. Au final, c'est plutôt joli à regarder, même si j'ai un peu de mal avec les indices visuels les plus gros, comme les yeux bien rouges pour te faire comprendre que la maman qui met des tatsumaki senpuukyaku à sa gosse, et bah elle est méchante.
C'est facile de comprendre pourquoi Erased est aussi apprécié, c'est un animé qui fait chaud au cœur, et pour peu qu'on soit un grand sensible, ça peut finir en tire larmes de 12 épisodes. C'est facile d’accès, le rythme est soutenu, et on s'ennuie quasiment pas. Sans être un ascenseur émotionnel, l'intrigue est assez chargée en scènes fortes pour rester plaisante tout du long, et l'animé n'hésite pas à briser son ton solennel quand il faut avec une petite dose d'humour. Seulement voilà, de gros défauts brisent l'immersion , et j'ai un peu l'impression d'être en face d'une version hachée et inutilement alambiquée de ce qu'Erased aurait dû être.