C'est presque par hasard que j'ai commencé Flag. Quand un studio inconnu, certes composé de transfuges de Disney Japan, propose une série si peu conventionnelle, il n'est pas étonnant que cette dernière ait du mal à sortir du bois. Pour autant, je trouve injuste le manque de couverture de Flag.
Si je devais résumer ces atouts en 3 points, je citerais en premier le plus évident : la prise de risque sur le plan graphique. Vous risquerez de le trouver sur de nombreux sites : tous les plans ou presque sont vus à travers l'objectif d'une caméra, d'un appareil-photo ou autre. Je salue la volonté d'avoir voulu imposé leur marque, d'impliquer le spectateur au cœur de la narration selon un procédé proche de ce qui a pu être introduit par une série comme The Shield. Néanmoins, je trouve que cette recherche graphique a paradoxalement tendance à déshumaniser les personnages. Mais chacun en fera sa propre interprétation puisque le deuxième atout de la série est son ambiance, passez-moi la lapalissade, de clair-obscur. C'est en permanence que Flag se joue des spectateurs en le balançant entre le spectacle absurde de la guerre civile et des notes presque incongrues d'espoir ou même de poésie. Une chose est certaine : regarder Flag vous rendra mal-à-l'aise et vous bousculera dans vos conceptions bornées, carrées.
Mais le troisième atout vous parlera peut-être plus. Alors qu'on la tendance actuelle est à conspuer la superficialité des productions actuelles, Flag va fouiner des thèmes lourds, délicats à traiter et originaux : l'après-guerre civile, bien moins palpitant que le jeune héros qui se lève et se bat contre les injustices d'un grand méchant mais plus réaliste aussi, la mixité ethnique (plus évoquée que véritablement détaillée dans Flag à mon regret), et bien évidemment le thème central, le photo-journalisme de guerre, qui n'est pas ici un thème accessoire comme dans Speed Grapher.
Serait-ce dire Flag touche à la perfection ? Presque, il s'en faut de peu. Mon plus grand reproche concernera le rythme, la série n'a pas ce côté addictif. Le doublement de la narration, s'il est intéressant pour multiplier les points de vue, confine le spectateur dans le simple rôle d'observateur. Certes, j'admire que la série ne cherche jamais à jouer pleinement dans le pathos et qu'elle essaye justement à rester neutre mais la contrepartie malheureuse est peut-être non pas une froideur de ton, ce serait caricaturer le trait, mais un manque d'implication quelque part dérangeant. Peut-être justement parce que les médias actuels n'ont pas cette exigence quand ils couvrent un conflit.