Gare aux apparences trompeuses !

À l'époque où je venais à peine de découvrir la japanimation, fouinant sur le net, je tombe sur Medaka Box. "Attrape-tout" à mes glorieux débuts, il était rare que je fasse l'impasse sur un anime. J'étais loin d'être aussi difficile qu'aujourd'hui, tout y passait. Ha, c'était le bon vieux temps!

Medaka Box est un anime sorti en 2012 par le studio Gainax. À cette époque, je ne connaissais que sommairement ce studio pour ses célèbres séries Evangelion et Gurren Lagann. Seulement après avoir vu les premiers épisodes, j'ai été surpris quand j'ai découvert que cette série était tirée d'un manga dont le scénariste est Nisio Isin. J'avais eu l'occasion de découvrir le style particulier de l'auteur à travers les Monogatari.

En commençant, il faut ici s'attendre à un anime délirant. On suit l'histoire de la présidente du conseil étudiant Kurokami Medaka et des autres membres du conseil au sein d'un énorme campus lycéen où les élèves mènent leur vie étudiante en toute autonomie. Les protagonistes tentent de répondre à toutes les requêtes déposées dans la fameuse Medaka Box.

Cette série joue sur la comédie pendant plusieurs épisodes. On a le droit à des requêtes ridicules, concernant des sujets variés de la vie étudiante, propres à se demander par moment si les conseillers étudiants n'auraient rien d'autre à faire. Le tout en profite pour nous exposer la personnalité étrange de Medaka et nous mettre en avant ses formes généreuses.

En parlant de Medaka, celle-ci est considérée comme un prodige capable de tout faire et n'ayant visiblement aucun défaut. Elle est même convaincue qu'elle est née pour aider les hommes en qui elle voit toujours de la bonté et ne cède jamais aux défis qu'on lui oppose. Tout est fait pour accroître cette impression d'invincibilité ce qui accentue corrélativement le sentiment d'hilarité.

En effet, Medaka est si divine et parfaite que la réalisation de choses improbables pour le genre humain passent d'un seul coup, aux yeux de tous, pour des banalités quotidiennes. Imposante à tous les niveaux, l'auteur lui a même donné une légitimité démocratique excessivement représentative de son poids au sein des personnages (98 pourcents des votes quand même!) qui, au passage, ferait fortement douter, dans la réalité, de l'honnêteté des responsables du dépouillement.

Pour parler des autres personnages, ils ont chacun leur rôle mais ne font pas grande figure. J'ai retenu surtout le personnage de Zenkichi, un peu comme tout le monde je suppose. Il est plus intéressant que les autres, voir peut-être plus que Medaka, et ce parce que c'est le personnage dans lequel le spectateur pourrait le plus facilement s'identifier du fait de ses réactions cohérentes. Zenkichi a également le mérite de faire avancer l'intrigue car il va contre l'idée d'invincibilité de Medaka. Par là, il se fait en quelque sorte narrateur étant donné qu'on sait ce qu'il pense car, grâce à lui, on découvre le passé de Medaka ainsi que certaines particularités concernant son étrange personnalité.

Mais, ce petit train-train quotidien n'était qu'un artifice trompant le spectateur.

Voilà que tout s'effondre à partir d'un épisode bien avancé dans la douzaine. On casse les oeufs. On prend une claque. Dans le bon ou mauvais sens? À vous de le savoir. Ce qui partait pour être une série s'efforçant de jouer sur la comédie s'avère en réalité être bien différent, une sorte de nekketsu m'a t'on souvent dit. Pendant tout ce temps, le "vrai" de la série a été caché. Ce n'est pas une dérive, c'est la chute du rideau.

À cet instant, j'ai eu l'impression que Nisio Isin ne pouvait finalement pas se passer de sa bizarrerie. Il en a immiscé un peu sous une forme plus passe-partout. Paranormal et bribes psychologiques sont au rendez-vous, le tout dans une atmosphère qui se veut épique sans arriver à l'être. Ses aptitudes révélées au grand jour, Medaka s'oppose dans un affrontement "défonce-tout" à un antagoniste inattendu, et ce faisant avec une touche dragonballesque.

Cela m'a bien fait plaisir même si le changement brutal d'ambiance pourrait déplaire à ceux qui préféraient la série pour son côté fun. Ce n'est d'ailleurs qu'à l'occasion de ces derniers épisodes que j'ai porté un regard attentif aux yeux et aux cheveux des personnages qui sont ici dessinés avec des traits qui m'inspirent l'agressivité et qui, finalement, correspondent très bien au climat dégagé.

Pas de box office pour Medaka Box mais ça vaut le détour et la deuxième saison ne fait que confirmer l'approche finale et alléchante de la première. Cette deuxième saison prend une tournure très différente au point de se demander si la majeure partie de la première est de la même série. Je ne m'avancerais pas davantage, le mieux est de regarder car on reste sur sa faim si on adhère à la fin.

Conclusion :

Drôle selon les goûts, sa particularité et son revirement explosif méritent d'attirer les regards, et pas seulement parce que c'est du Gainax ou du Nisio Isin pour ceux qui en seraient fans, mais parce que ça vaut la peine de se poser tranquillement devant son écran et de se détendre. Cette découverte m'avait même donné envie de poursuivre en lisant le manga. Mon appréciation reste plutôt subjective car j'en garde un bon souvenir mais je me dis que ce n'est pas non plus une perle donc un 6/10 conviendra.