Gintama - Apologie de la connerie

» Critique de l'anime Gintama (TV 1) par Karasa le
10 Janvier 2012

Gintama... littéralement « âme d'argent »... En remplaçant le G par un K, on obtient Kintama... littéralement « testicules »...
Sur ce simple jeu de mots, il est possible d'extraire toute la richesse quantitative et qualitative que renferme la série.

On ne va pas se le cacher : les shonen fleuves possèdent à peu près la même recette pour fonctionner. Ainsi, 70 % sont réservés aux combats contre les méchants, 20 % alloués à l'histoire pour se donner une justification à ces affrontements, et enfin 10 % consacrés à l'humour car le public est essentiellement jeune. Il va de soi que ce découpage est purement arbitraire et que même certains animes ne suivent pas cette répartition (FMA, HxH, si vous m'entendez...). Gintama fait partie de ces animes-là. En effet, il dégaine son couteau de pâtissier puis redécoupe à sa manière ce gâteau nommé Shonen, en s'assurant d'être différent des autres séries, en adoptant un format particulier mais ô combien intelligent. Le spectateur assiste donc à des aventures n'ayant aucun rapport les unes des autres, et ce, tout au long de la série. C'est cette absence de fil conducteur qui amène le mangaka à transposer son intarissable imagination. Un choix plus que judicieux car il s'affranchit de toutes contraintes qu'occasionneraient un scénario continu. De ce fait, Gintama se compose d'une multitudes de chapitres extrêmement variés et autant de situations délirantes. Passé la vingtaine d'épisodes, pas forcément représentatifs de l'anime, faisant office de présentation du contexte, des personnages principaux, d'un Edo baigné d'un anachronisme prononcé, la spirale Gintama peut enfin réellement débuter.

Évoquons la grande force que met en avant l'anime, l'humour. Oubliez les séries soi-disant « humoristiques » qui, au final, ne font que ressortir des gags certes efficaces, mais vu et revus. Ici, la série tire son épingle du jeu dans sa manière de faire rire en employant divers formes de comiques. Outre le sempiternel combo Kono Baka!-gifle à la tête, les personnages ne lésinent pas sur les insultes impliquant un membre de leur famille ou une partie de leurs corps, ils se charrient énormément sur leurs caractères. Et surtout, abondants seront les gags obscènes, érotiques, scatophiles... Ne soyez pas surpris de retrouver des allusions à la masturbation, du bondage, du vomi, des jeux de mots salaces (Ketsuno-ana), des personnages dénudés (même le Shogun !)... C'est un peu déplacé, mais j'ai trouvé ça recherché et intrinsèquement plus drôles, malgré que ces scènes soient censurées (bips ou mosaïques). Dans une toute autre mesure, il est impressionnant de voir qu'on arrive à rendre un épisode passionnant construit ex nihilo (comment manger le plus de viande à un yakiniku ou être coincé dans un ascenseur). Notons aussi que l'intégralité d'un épisode doit être visionné, tous les éléments (les génériques, la scène des sponsors, les titres à rallonge, les previews, les eyecatch) peuvent renfermer on ne sait quel commentaire ou easter-egg susceptibles de nous décocher le sourire. De plus, les petits bonus de fin (Ginpachi-sensei) ne sont à rater sous aucun prétexte. L'anime puise aussi une grande partie de son humour par le nombre effrayant de références en tout genre.

C'est même à se demander si Gintama ne serait pas un anime parodique. Il ne s'agit pas ici de simplement citer une œuvre (DBZ, Evangelion et Gundam en tête), mais plutôt d'exploiter ce qui existe pour appuyer des propos, pour s'en moquer, ou pour tout simplement inventer de nouveaux épisodes. Heureusement, la japanimation n'est pas le seul rayon d'action à la parodie, Gintama n'a aucun scrupule et n'a pas honte de parodier des jeux vidéos (Dragon Quest, Mario), le cinéma (Saw, Alien vs Predator), la télévision (Chuu Nen Tai, King Kong Hills), les studios (Shueisha, Bandai), l'histoire japonaise (Oda Nobunaga, la palais sous-marin du dieu dragon de la mer) et même des acteurs (Oguri Shun, Jackie Chan). Si la plupart des caricatures sont facilement reconnaissables, d'autres demanderont une bonne connaissance à la culture japonaise. De toute manière, autant avouer que le tout est brillamment introduit et participe, de par sa quantité, grandement à l'originalité de l'anime. La parodie étant l'une de mes formes de comiques favoris, celles-ci se sont révélées à mourir de rire.

Toujours concernant la caricature, c'est bien la première fois pour moi où les personnages pointent du doigt les défauts des médias, les shonen en tête. Vous et moi connaissons très bien quelques-uns des défauts de ce type de série : les résumés à rallonge, les flashback intempestifs et cette prolifération d'épisodes HS. Alors, bien entendu, dans Gintama, on n'y va pas de main morte et le satire y est très présent. Honnêtement, c'est délirant la façon dont les personnages se prennent pour les rois du monde en critiquant d'autres animes, quelle mouche les a piqués ? Une mise en abîme, constituant l'un des piliers au comique de la série, d'autant plus présente qu'elle permet aux personnages (surtout Gintoki qui me fait beaucoup penser à Ryo Saeba) de parler de la série elle-même, pire encore, ils la remettent en question. Son évolution, les moyens de l'améliorer, le pourquoi de la censure, les horaires de diffusion, la publicité de l'anime, la production du film... Franchement, j'ai adoré cet aspect et on se rend compte que l'on est face à des personnages vraiment réussis, de véritables humoristes.

Eh oui, Gintama a l'avantage de proposer une pléthore de protagonistes tout aussi complets les uns les autres. Chacun d'entre eux a sa personnalité et son trait humoristique propres (comment ne pas succomber aux crises de nerf de Shinpachi ?). Aucun n'est mis en retrait et suscite plus ou moins un intérêt certain. Les Yorozuyas, le Shinsengumi, le Madao, la clique à Takasugi, le Mouvement Joui... Avec tant de groupes effervescents, j'oserais presque dire que la majorité des personnages pourraient jouer dans son propre anime, tellement ils sont bien conçues. Encore mieux, j'ai plus l'impression d'avoir affaire à de vrais acteurs que de simples pions, en particulier grâce au boulot monstrueux des seiyuu.

C'est justement l'un des plus gros points forts, son doublage de très grande qualité (aaah, l'accent de Catherine...). Gintama, c'est un rassemblement des meilleurs seiyuu qu'il m'ait été donner d'entendre. Un casting de premier choix permettant aux protagonistes de jouir d'un jeu d'acteur irréprochable. Ceux-ci démontrent aux spectateurs qu'ils peuvent s'adapter à toutes les situations, dans la bêtise comme dans le sérieux. Qu'on soit clairs, si Gintoki a plusieurs personnalités, capable de jouer différentes émotions, c'est majoritairement grâce à son doubleur (Tomokazu Sugita). Si Kagura donne l'impression d'avoir un accent chinois, c'est parce que Rie Kugumiya double très bien la Yato, et ainsi de suite pour les autres.

Restons dans la bande-son en abordant l'OST de la série. Au premier abord, j'estime que la BO, composée en majeure partie de musiques rock, a été répétitive, notamment du fait qu'elle n'est pas assez fournie au début de l'anime (Koko wa Samurai no Kuni da, accompagnant les scènes tristes, est un bon exemple). Ensuite, au fur et mesure que je progressais dans l'anime, plusieurs thèmes ont réussi à me faire changer d'avis et ce, même en n'étant pas fan de rock (Doukou ga Hirai Tenzo, Jinsei wa Belt Conveyor no Youni Nagareru). Généralement, les musiques se prêtent efficacement aux situations rythmées, épiques ou paisibles pour le grand plaisir de nos oreilles. J'ai aussi remarqué que l'OST s’agrémente dans les chapitres phares de nouvelles compositions chantées ou non, un bon point car de très bonne facture. Et puis, sachez que l'anime possède aussi sa propre idole, idéale pour gonfler l'OST de chansons vulgaires et débiles. Finalement, après visionnage de la série, l'OST que je trouvais fade au début, se révèle être excellente.

Qu'en est-t-il des génériques ? Mitigé en fait, les huit openings ainsi que le double en ending sont inégaux. Par exemple, j'ai trouvé que Kasanaru Kage (que j'adore) n'est pas approprié à Gintama, davantage dans Naruto pour ne citer que lui. C'est assez subjectif certes, mais je n'ai pas apprécié tous les génériques (Light Infection). Les vidéos sont plutôt bien choisis, c'est plus les musiques qui pêchent, probablement dû à mon attirance pour le j-rock, va savoir. Néanmoins, quelques génériques ont retenu mon attention : Stairway Generation (l'opening 7) qui bouge et donne le ton quant à l'ambiance joyeuse de la série, Wo Ai Ni parce que le duo Takahashi x Beat Crusaders fonctionne et qui également donne la pêche, Kagayaita pour son côté dramatique. Pour ma part, le plus réussi est sans aucun doute Donten. Ce cinquième opening peut à lui seul convaincre tous les réfractaires que Gintama n'est pas qu'humoristique, il sait sortir habilement la carte du shonen classique, de la castagne pure et dure.

Là est toute la subtilité. Rappelons que l'anime est découpé en plusieurs arcs indépendants. De ce fait, parmi cette avalanche d'épisodes loufoques, d'autres, sérieux peuvent pointer le bout de leur nez. N'ayons pas peur de mots, sur ces arcs-là, on se demande réellement si l'on regarde Gintama ! Ces parties tendent à clarifier des relations antérieurs, d'aider des personnes en danger, ou de vivre une aventure un peu moins drôle que la série nous aura habitué. Des chapitres possédant le don d'émouvoir, de vibrer, de voir une tout autre facette de nos héros et des combats on ne peut plus « Ouah ! ». Justement, il y a tellement peu d'arcs comme ça que le spectateur ne peut qu'adorer cette façon de les introduire, tel une bande-annonce d'un film : nouvelle musique, images chocs, kanjis colorés, ambiance saisissante, paroles poignantes... Ou comment mouiller mon pantalon en dix secondes de preview. J'admire, Gintama a tout pour plaire du fait de sa complétion. Il est d'autant plus hallucinant qu'un semblant d'intrigue, de mystères puissent naitre aux alentours de l'épisode 150 (l'arc Yoshiwara... une tuerie !).

Cependant, réussir à apprécier les deux cents épisodes relève du miracle, on a toujours tendance à les comparer aux précédents. Du coup, j'avoue avoir moins été touché par une dizaine d'épisodes à tout casser, mais globalement mon impression reste tout de même très positive. J'ajouterais également deux inconvénients à Gintama. La première, le regret de constater que Hattori Zenzou, Hedoro, Matsudaira et Tatsuma Sakamoto ne soient pas si présents que ça. La seconde, on remarquera que plusieurs génériques font référence à cette fameuse guerre survenue vingt ans plus tôt ; même si, à l'heure où j'écris ces lignes, la saison 2 est sorti, j'ai trouvé ça vicieux de ne pas en avoir parlé.

En fin de compte, Gintama peut se qualifier comme tonitruant dans l'art de la connerie à très forte dose. Il peut se targuer de véhiculer autant de fraicheur au travers ces deux cents épisodes qui ne laissent pas, ou très peu, apparaître une impression de lassitude. Une œuvre qui n'a absolument rien à envier aux ténors du genre et qui mériterait d'être plus connu. En conclusion, après l'avoir placé au palmarès des animes les plus étonnants que j'ai pu visionner, je terminerai par une phrase, modifiée par mes soins, de notre cher ami Katsura.

« Vous le conseillez ja nai, vous l'ordonnez da! ».

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Karasa, inscrit depuis le 01/08/2011.
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