Kitajima Maya, une jeune fille rêveuse se passionne pour le théâtre. La condition précaire qu'elle partage avec sa mère et son ingénuité ne semblent pas devoir lui offrir une destinée très enviable. Cette passion embrase cependant bientôt son existence, elle abandonne sa mère et souvent, pour jouer, pousse son corps et son esprit au delà des limites humaines.
Première adaptation du shojo manga éponyme, Glass no Kamen (le masque de verre), plus connu en France sous le titre de Laura ou la passion du théâtre frappe avant tout par la combinaison de sa mise en scène et de sa musique. Une lumière rongeant les bords du celluloïd d'un personnage, des yeux chargés d'étoiles vibrantes ou la surimpression d'images décrivant un même mouvement sont autant de manières de faire perdre toute objectivité face à la succession des scènes. D'autres moyens font également naître une certaine poésie. Lorsque Maya se retrouve seule à la sortie d'une audition où elle n'a pas été retenue, seuls des cercles lumineux laissent deviner les voitures longeant son parcours. Si ces effets sont en fait standards pour les animes de cette époque, la simplicité de ceux-ci impressionne.
Maya ressemble à certains de ces héros de shonen ou d'animes de sport : elle ne possède qu'une seule qualité pour laquelle la société la reconnaît, elle est à la fois fragile et forte une fois montée sur scène. Contrairement à ces héros qui gravissent les marches prédéfinies de leur succès, elle marche quant-à elle sur un fil et la reconnaissance n'est qu'un effet secondaire de sa passion, de sa souffrance.
Il n'existe pas vraiment de conclusion au destin de Maya et sans doute n'en existera-t-il jamais. Jouer est sa seule envie, chacune des ses représentations nous offre des bribes d'une histoire qu'on appréhende à peine, elle y est comme transfigurée, nous voilà happés par cette mise en abyme, voilà l'expérience sensible décuplée. L'anime s'arrête après quelques représentations mais sans doute n'y avait-il déjà plus rien à faire éprouver.