Critique de l'anime Godzilla Singular Point

Je ne suis pas un gros fan des Godzilla mais parce que le trailer de Godzilla Singular Point (Godzilla SP) m’intriguait, je me suis pris à regarder ce petit anime produit par Netflix, et réalisé par le studio Bones et le studio Orange (pour la 3D).

Même sans être expert de la franchise, on s’aperçoit rapidement que cette série a une approche singulière (ohoh) de son thème. Le monde est une fois de plus envahi par des kaiju mais plutôt que de se concentrer sur l’aspect catastrophique de leur présence, l’anime s’intéresse davantage à leur origine énigmatique. Godzilla SP est écrit (par Toh Enjoe) comme un genre ‘mystère’ et se veut être cérébral en déposant quelques indices qui stimulent le cortex de nos protagonistes et les poussent vers des théories nébuleuses qui peu à peu vont avancer, avec l’aide de quelques révélations en cours de route, vers la vérité.

Cependant, la vérité n’est pas toujours claire et celle de cette série repose dans une abîme nébuleuse, irréelle et peu tangible. Le fait est que Godzilla SP est bourré de discussions intellectuelles se basant sur des notions scientifiques, références littéraires, et concepts propres au monde de la série, ce qui rend difficilement compréhensible l’ensemble pour le commun des mortels. Beaucoup des épisodes de la première moitié sont particulièrement difficiles à digérer, et ce n’est qu’au dernier tiers que l’on commence à pleinement saisir les grandes lignes de son scénario. Alors oui l’hermétisme est en partie voulu mais j’ai beau être amateur d’enquêtes et oeuvres animesques verbeuses, je dois avouer que cette oeuvre se complait beaucoup trop dans son délire neuronal pour nerds à mon goût.

La preuve que Godzilla SP est plus préoccupé par son mystère que les kaiju est le manque de sa dimension catastrophique durant le déroulement de cette saison. Pas de massacres d’innocents ou de bain de sang ici. Plutôt qu’être horrifiés par la situation apocalyptique, la population générale continue autant que possible de vivre normalement autour de hordes de monstres, finalement pas si agressifs la plupart du temps. Cet aspect n’est pas tellement un défaut pour moi cela dit, et rend l’anime plutôt original, assez réaliste par moments dans cette approche. De plus, même sans violence extravagante, l’oeuvre réussit à évoquer beaucoup d’intensité grâce à une excellente mise en scène dans l’apparition des kaiju, et la montée graduelle de leur dangerosité.

Il y a un certain flegme qui se dégage de la passivité du monde envers cette menace et cela se ressent aussi dans ses personnages : statiques, plats et relativement peu émotionnels. Simples portes-paroles de l’exercice mental de leurs maîtres, les protagonistes dégagent peu de charisme, et ni les vociférations du vieux du groupe ni le débit hyperactif du compagnon AI survolté n’arrivent à contrebalancer de manière convaincante.

Il y a aussi du mecha dans cet anime, et qui dit mecha dit action. Je n’ai pas grand chose à dire sur ce point cela dit. La 3D d’Orange n’est pas mauvaise et les affrontements contre les kaiju offrent un spectacle pas si mal, surtout avec tous les effets de particules et autres. Sans être spectaculaire, les quelques combats sont une distraction presque indispensable pour reposer son cerveau périodiquement durant les épisodes.

En conclusion, je suis loin d’avoir adoré cette série, trop intelligente au point d’être biscornue. Pourtant, je l’ai assez aimée pour être partant sur sa saison 2 déjà annoncée (si Netflix ne l'annule pas).