Lorsque l'on pense à des agents secrets en Occident, des noms tels que James Bond, Jack Ryan ou encore XIII nous viennent rapidement à l'esprit. Bien que jouissant d'une notoriété mondiale plus contestable, le Japon a également son icône. Un tueur à gages froid et insensible connu sous le pseudonyme de Golgo 13. Plus qu'un simple personnage, Duke Togo, a.k.a Golgo 13, est depuis plus de quarante ans désormais une véritable référence nationale que l'on retrouve allégrement dans la culture populaire du pays. Dessinateurs, réalisateurs, écrivains ou bien développeurs de jeux vidéo, tous ont au moins une fois évoqué le célèbre personnage. Devenue une véritable enseigne, c'est en toute logique que celle-ci s'est vu décliner sous forme de série animée.
Tout comme chaque tome du manga est à considérer comme un one-shot, les épisodes n'entretiennent aucun rapport les uns par rapport aux autres si ce n'est celui pour notre héros de devoir assassiner une nouvelle cible à chaque fois. Il est par ailleurs très rapidement possible de pouvoir isoler trois tendances scénaristiques qui composent la majeure partie de la série. Les épisodes où Golgo 13 rencontre un client, met au point sa stratégie puis passe à l'action. Ceux qui sont mis en scène à la manière d'un flashback comme la cible meurt dès les premières secondes. La dernière tendance quant à elle représente seulement une petite poignée d'épisodes où le tueur agit d'une manière incompréhensible, les raisons du pourquoi étant expliquées au fur et à mesure que l'épisode se consume. Si cette dernière tendance est de très loin la plus intéressante, elle reste malheureusement trop rare.
En effet, le seul suspens que le spectateur puisse espérer vivre n'est pas de savoir si Golgo 13 va réussir à éliminer sa cible, mais plutôt de la manière dont il va s'y prendre.
Si certaines idées restent assez intéressantes (incarcération volontaire, prise de drogue, etc), la plupart des situations sont grotesques et dignes des plus mauvais films d'action américains. Liquider une armée entière avec un pistolet à eau, intimider un ennemi d'un simple regard ou bien viser une cible grosse comme un ballon de basket à plusieurs kilomètres n'est pas chose impossible pour le meilleur sniper du monde. La majeure partie des scènes d'action sont aussi ridicules que de voir Arnold Schwarzenegger descendre la moitié d'un pays avec un pistolet qui par un quelconque miracle dispose d'un chargeur à balles illimitées.
S'il paraît logique que la série mette en scène une majorité de personnages guère fréquentables, type patron de la pègre ou ancien mercenaire, il aurait tout de même été intéressant d'éviter tant de clichés pourtant prévisibles afin de rendre l'ensemble plus hétéroclite. De même pour les personnages féminins qui sont principalement représentés comme des nymphomanes infidèles cherchant un moyen de tuer leur mari afin de pouvoir bénéficier de sa fortune pour elles seules, quand par chance ce ne sont pas des prostituées qui se retrouvent systématique dans le lit du héros...
Ce qui donne de l'intérêt à des personnages comme Ginko (Mushishi) ou Taichi Hiraga-Keaton (Master Keaton), c'est principalement par constat de leurs faiblesses. Bien qu'ils soient des êtres dotés d'une capacité supérieure, ils restent malgré tout des êtres humains capables d'échouer. Prenez Ken, faites de lui un tueur à gages, mettez-lui des Ray-Ban et quelques cicatrices, remplacez Barbie par une nymphomane infidèle doublée d'une avare notoire, et vous obtenez Golgo 13. Une série où le personnage principal n'a aucun charisme, qui ne pense et ne dit (presque) rien, qui n'échoue jamais et qui par dessus le marché ne raconte absolument rien.
Malgré tout, quelques qualités sont aux rendez-vous, notamment par la variété des lieux. Toutes les villes, les moyens de locomotion et les époques de l'année sont représentés. Ce qui est du reste une grande chance comme il aurait été autrement difficile sinon impossible de visionner plus d'une dizaine d'épisodes une fois le principe de base intégré.
Bien que loin d'être destinée à des enfants, la série est très loin de représenter une menace visuelle pour les âmes sensibles, comme tout au plus seulement quelques gouttes de sang seront perceptibles. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'aucun enfant ni adolescent de meurt de la main du tueur nippon, pas si insensible que ça finalement le soi-disant meilleur tueur à gages du monde.
Bien qu'ayant conscience de me mettre la moitié de la planète à dos, il me semble difficile de mettre une note qui puisse ne serait-ce qu'atteindre la moyenne symbolique...