Lorsque l'on se la joue archéologue, déterrant les animes de la sépulture que le temps leur a construit, on tombe parfois sur de vrais trésors oubliés. Parfois aussi, on fait des rencontres qu'il aurait mieux valu éviter. Apocalypse Zero fait indubitablement partie de la seconde catégorie.
Ces deux OAV sont à l’origine l’adaptation de Kakugo no Susume, un manga en onze volumes parus à partir de 1994. Le manga est l’œuvre de Takayuki Yamaguchi, qui plus tard publiera Shigurui. Je connais pas les mangas de ce monsieur, mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas eu droit à la meilleure des publicités.
L'histoire est une soupe post-apocalyptique dans laquelle les hommes survivent dans un Tokyo en ruine face à des mutants féroces et légèrement libidineux. Pour les défendre, un gamin binoclard enfilera un cosplay raté de Kamen Rider et les affrontera en éructant des noms de techniques débiles. Par la suite on apprendra que le grand (la grande ?) méchant (méchante ?) n'est autre que le propre frère (la sœur ?) du protagoniste, ce qui conduira un duel épique... Ou pas.
J'ai généralement une certaine sympathie pour les films ou les animes un peu kitsch, car dans l'ensemble ils constituent souvent de très bons divertissements. Mais là où les films de Y. Kawajiri possèdent une esthétique et un style qui marquent en dépit des scénarios bidons, Apocalypse Zero se rapproche plus d'une sodomie visuelle. Le chara-design se situe au delà de la notion même de laideur, pour toucher à l'abomination. Sans parler des être humains dessinés par les pieds d'un paraplégique, on s'attardera sur le design des monstres qui nous donnent une idée de l'état mental vicié du scénariste. Tout droit sortis d'un mauvais cauchemar éro-gore, ceux-ci n'auront de cesse de faire recracher le petit-déjeuner du spectateur de par leurs transformations grotesques et leur impudeur éhontée. Je ne voudrais point salir votre pure imagination en vous les décrivant, alors contentez-vous d'imaginer le truc le plus moche que connaissiez, et sachez que Apocalypse Zero est dix fois plus moche encore.
Si vos yeux ne sont pas brûlés dans les premières minutes de l'anime, vous aurez alors tout le loisir de profiter du scénario lamentable, repompé sur Hokuto no Ken avec un vernis de tokusatsu pour faire joli. Délirante et incompréhensible, l'histoire de Apoclaypse Zero se résume en une succession de combats contre les névroses sexuelles de l'auteur, entrecoupées de dialogues minables et de flashbacks hilarants de stupidité.
L'aspect sonore est ce qui est le moins minable de Apoclaypse Zero, même si l'on reste très en deçà du seuil de pauvreté. Les doublages sont assurés par des stars en la présence de Kôchi Yamadera (Spike de Cowboy Bebop, entre autres) ou encore Megumi Ogata (Shinji de Evangelion, entre autres). la musique fleure bon les années 90, on aime ou on aime pas (plutôt pas en l’occurrence).
Si le ridicule tuait, Apcalypse Zero serait déjà mort et enterré. Mais il a fallu que les affres du destin me mettent en face de ce chef d’œuvre du kitsch, ce nanard en puissance aussi violent et malsain que mal réalisé. Il est parfois bon de laisser les trépassés en paix, surtout quand leurs dépouilles sont aussi abjectes et malodorantes.
Les plus
- Une vraie volonté de se maintenir à un niveau abyssal
Les moins
- Histoire clichée et imbécile
- Un mauvais goût permanent
- Direction artistique atroce