Jarinko Chie est une relique des temps anciens qui tient bien la forme, et qui en remontre encore aux trois quarts des productions high tech. C'est à Takahata, l'un des piliers du studio Ghibli, que nous devons ce film !
Tout d'abord, il faut insister sur le fait que ce film est à mourir de rire, tout en apportant son lot d'émotions. Amateurs d'absurdité, cela devrait vous plaire : vous y verrez deux chats se battre pour l'honneur d'un testicule, des personnages tous plus allumés les uns que les autres, un père infernal qu'il faudrait museler tellement sa vie avoisine celle d'un déchet, un marathon ubuesque, bref, Chie la petite peste est un très grand moment d'humour.
C'est aussi un film qui frappe fort, et qui touche juste : malgré le surréalisme de certaines situations, l'ambiance est souvent calme, avec de légères pointes de mélancolie, notamment dans la vision qu'a Chie de la relation de ses parents, et dans les visites qu'elle fait en cachette à sa mère. Ce film propose par ailleurs de rencontrer un nombre assez formidable de protagonistes, et même les plus allumés possèdent un trait qui les rend vraiment touchant. Personne n'est méchant dans ce film, mais personne n'y est parfais non plus, loin de là...
Takahata possède cet art désormais quasiment disparu de faire un film qui survit malgré son animation et son chara design vieillot, preuve que le propos demeure d'une actualité étonnante, en cette époque où le thème de la famille revient plus que jamais, et n'importe comment : là encore, le film ne catalogue pas, et refuse de juger qui que ce soit, tout en montrant la vie d'une famille éclatée, ses aléas, mais aussi ses espoirs, le tout renforcé par la peinture très réussie d'une vie de quartier pas vraiment idéale, mais qui propose aussi ses moments de bonheur (et d'humour).
Certes, le doublage a mal vieilli, les protagonistes hurlent plus qu'ils ne parlent (mais ça va bien avec l'ambiance où il ne se passe pas deux minutes sans qu'un objet vole en travers de l'écran), l'animation est obsolète et les dessins sont dépassés (certains diront même moches), mais honte à vous si vous ratez ce film à cause de cela.
Le souvenir qui reste après avoir vu Jarinko Chie, c'est avant tout celui de très grands moments de rigolades, à en pleurer (entre animaux empaillés, testicules volés et marathons truqués) souvent, ainsi que de très beaux moments qui arrivent en plus sans nous asséner aucun moralisme lourdaud.
Un vieux film, mais c'est dans les vieux Takahata qu'on fait les meilleurs Ghibli...