Critique de l'anime Le Bahut des Tordus

Un anime comme on en voit trop rarement, faisant preuve d'une grande originalité pour nous faire rire, c'est ce qu'on est forcé de se dire après visionnage.

Reposant essentiellement sur une gamme de personnages tous plus tordus (et stupides) les uns que les autres, chaque épisode peut être divisé en une suite de situations comiques mettant en scène Kamiyama et ses nouveaux copains à la découverte de l'établissement scolaire de Cromartie. Un peu à la manière du Lycée fou fou fou, ce lycée d'apparence classique échappe à tout esprit rationnel pour permettre aux élèves de vivre des aventures toujours plus délirantes au gré de leur imagination. On trouve ainsi de nombreuses mascottes improbables comme Freddie Mercury (Freddie pour les intimes), un gorille ou un robot, vestiges oubliés des héros qui ont bercé nôtre enfance. La série met également en avant l'opposition parfois brutale des différents caractères selon que ces "voyous" soient chez eux ou dans un lieu public. On découvre ainsi régulièrement chez chacun d'entre eux une facette naïve, enfantine (et donc attachante), cachée par un masque de brutalité et d'impolitesse des plus extrêmes, comme si chaque protagoniste avait peur d'assumer sa propre personnalité et cherchait à l'enfouir au plus profond de lui.

Ce n'est vraiment qu'en groupe et avec des personnes partageant un grand lien de confiance que chacun d'entre eux finira par se révéler, le plus souvent grâce à l'intervention involontaire de Kamiyama. Celui-ci reste d'ailleurs le seul à ne pas se comporter comme un voyou, et on découvre avec lui cet univers empli de brutalité, d'honneur et d'amitié viriles.

Mais c'est également lorsqu'ils sont en groupe que nos héros modernes sortent les pensées et les dialogues les plus incongrus et stupides qu'ils puissent imaginer, se posant sans cesse des question sur le monde qui les entoure et cherchant à y répondre du mieux qu'ils peuvent (à la manière forte le plus souvent).

La série n'est pourtant pas dénuée de défaut: signalons en premier point une animation plus que minimaliste, avec de nombreux plans fixes, un choix de couleur manquant cruellement de variété; ainsi qu'une OST pas vraiment marquante.

Le fait que l'anime ne compte parmi ses personnages que des adolescents fleurant bon la sueur, les muscles et la virilité (il y a bien la mère d'un élève, mais elle ne compte pas...) n'aidera pas non plus à attirer un large public, et aura tendance à provoquer une overdose si on enchaine les épisode à un rythme trop soutenu.

Malgré tout, ce Bahut des tordus reste une bonne surprise pour peu qu'on prenne le temps de s'y attarder. On y trouvera à coup sûr une bonne tranche de rire, mais également un certain optimisme et une certaine candeur. On ne peut s'empêcher en voyant les différents personnages d'avoir en tête l'image de jeunes enfants ne sachant pas vraiment dans quelle direction ils marchent, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils suivent leur voie pleins d'entrain et d'insouciance. Plus qu'une série humoristique, je dirais qu'il s'agit d'un voyage initiatique où les souvenirs d'enfance font peu à peu place à des interrogations bien plus sérieuses, et où le groupe agit comme une enveloppe rassurante face au monde encore inconnu qui s'ouvre à chacun, même (surtout?) en n'étant rempli que de voyous plus surprenants les uns que les autres...