Les animes harem sont une plaie, et c'est tout ce que j'ai à dire sur le genre. Qu'ils soient normaux ou inversés, c'est toujours la même rengaine : fanservice miteux qui gache généralement le scénario ( quand il y en a un ), romance qui n'aboutit pas, des stéréotypes débiles en guise de personnages, bref, le type même d'anime qui s'avère pitoyable. Bien sur certains arrivent quand même à se débrouiller, mais c'est loin d'être une généralité.
C'est sur cette opinion que j'ai, en début de saison et comme à mon habitude, lancé le premier épisode de " Le Fruit de la Grisaia " ou Grisaia no Kajitsu. Le synopsis était clair : école réduite à six élèves dont cinq filles. Ca puait le harem tout pourri, le ecchi à chaque recoin de couloir, le héros pervers et les filles sans intérêt, toute la mauvaise recette quoi.
Et bien pas du tout.
Comment vous expliquer pourquoi Grisaia est un anime qui dégomme les clichés du genre à gros coups de fusil pour s'imposer comme une vraie petite perle ? Je vais m'y coller, même si j'ai juste envie de dire " c'est génial et puis c'est tout".
Parlons de la forme, messieurs dames, parce que rien que sur ce point ça envoie déjà du lourd.
Le chara design est de Watanabe Akio ( qui avait déjà réalisé en partie celui du jeu ). Quoi, ça vous dit rien ? Allez, je vous file un indice : fille avec cutter. Quoi, toujours pas ? Ah, si, quand même. Monogatari Series. Je compte sur vous pour comprendre qu'il s'agit d'un gage de qualité.
Les musiques sont, de mémoire, toutes les mêmes que celles du jeu. Ce qui en gros veut dire qu'elles sont bonnes, quoi. Probablement pas les osts de l'année, mais bonnes quand même, et quid de cet opening juste su-bli-me qu'on nous offre.
L'animation....bon, alors oui, des animes harem bien animés ça existe déjà, mais là chapeau quand même. La réalisation offre aussi un style assez particulier. Je vous avoue que j'y connais que dalle au cinéma mais la façon dont c'est mis en scène m'évoque un film. C'est pas commun, quoi.
Bon, allons sur l'histoire. Elle se résume, elle, assez vite, mais n'en est pas moins très bonne.
Yuuji Kazami est un jeune homme au passé obscur qui souhaiterait une scolarité normale de lycéen normal, et qui va donc, forcément, aller....dans une académie privée qui compte moins de dix élèves. Le personnage a tout à fait raison d'avoir quelques doutes quand à la normalité de la situation.....
Ses camarades seront cinq élèves, cinq filles évidemment, qui ont toutes une raison bien particulière de se retrouver dans cette école ( qui est décidément extrêmement ordinaire, hein ).
A partir de là, l'anime opte pour un format arc, qui reprend chaque route l'une après l'autre pour nous expliquer les raisons qui ont ammené les adolescentes à venir dans cette école. Les routes n'ayant pas le même degré d'importance, la série commence avec les "moins intéressantes" si je puis dire, avec des arcs courts, et termine sur les deux principales avec des arcs plus longs.
Et là, j'en viens aux personnages.
Sachi mérite tous les applaudissements pour réussir à tourner de belle façon tous les pires clichés qu'elle rassemble. Je vous le donne dans le mille : une soubrette aux cheveux roses qui obeit à tous les ordres qu'on lui donne et qui s'avère être une amie d'enfance du héros. Au secou....ah, non. Elle est intelligente, elle est drôle, elle est intéressante, elle est juste super, et même s'il est vrai que son arc est un peu court faute d'une route assez importante, le temps qu'on passe à la découvrir est du très bon temps. Chapeau.
Michiru. Aaaaah, une tsundere extravertie avec des couettes, ça sent pas bo....oubliez, j'ai rien dit. Cette fausse tsundere qui ne s'assume pas et qui plane un peu est une belle réserve de fous rires, et de moments touchants. Son arc n'est pas très long non plus, mais très bon aussi et à la limite du surnaturel. Un personnage haut en couleurs dont la personnalité ne permet pas qu'on la déteste.
Yumiko. Ahaha, une fille taciturne avec un cutter ? Je te tiens, plagiat de Senjogahara....ou pas. Yumiko n'est pas forcément le personnage le plus facile à apprécier notamment par sa discrétion ou sa personnalité qui reste assez incertaine avant l'arc qui lui est consacré, lequel n'est pas non plus parmi les plus importants. J'ai cependant beaucoup aimé cette fille calme, sérieuse, avec un petit côté tsundere pas pénible pour un sou, et qui s'avère un soutien de poids pour le héros.
Makina....allez, je vais au moins trouver à critiquer le lolicon ! Et...toujours pas. Makina est une fillette au caractère bien trempé et aux répliques osées, plus mature et courageuse qu'on irait le croire, mais plus que le personnage, c'est surtout sa relation avec le personnage principal que j'ai trouvé drôle et belle. L'histoire de Makina est la première route la plus importante et forme donc l'avant dernier-arc de l'anime.
Finissons par Amane, qui partait avec beaucoup de handicaps aussi : la fille à gros boobs qui tourne autour du héros, c'était pénible rien que de l'imaginer. Mais encore une fois, pas du tout. Amane est un personnage plus complexe qu'il n'y parait, peut-être bien le plus complexe de la série, et l'arc qui lui est dédié est à la fois horrible et magnifique.
Venons en au héros.
Les héros de harem badass, ça se trouve.
Les héros de harem pas pervers.....ouais, ça doit encore se trouver.
Les héros de harem badass, pas pervers, et avec des répliques à vous laisser pour mort de rire, j'ai encore jamais trouvé.
Jusqu'à l'arrivée de Yuuji Kazami. Oh, je le voyais venir, moi, le cliché du beau brun ténébreux au passé tragique, et je me suis pris une claque dans la figure. Ce type est epic, génial, irréaliste mais tellement crédible, tellement sérieux et incroyablement drôle, et la liste est encore longue. Pour le comprendre, il faut le voir.
Ceux qui ont vu Bakemonogatari ou tout autre anime du genre me comprendront quand je dis que les dialogues peuvent être fondamentaux. Cette règle s'applique aussi à Grisaia, qui, dans sa série comme dans son jeu, bénéficie d'un tronc commun ( d'un début quoi ) relativement long. Et laissez moi vous dire que rien à fiche tant les dialogues sont géniaux. Le caractère de chaque demoiselle complète parfaitement celui du héros, ce qui donne lieu à des conversations assez épiques ( si je prends Bakemonogatari comme référence, je le classe ex-aequo pour le comique et un cran en dessous pour le wtf ) un véritable ballet où les personnages se croisent en donnant lieu à des situations excellentissimes. Je me suis vraiment payée des fous rires devant les premiers épisodes.
Et du rire, il faudra en faire une réserve, car les épisodes consacrés à chaque passé de chaque fille sont nettement moins drôle et même sérieusement morbide pour celui d'Amane. Ne pensez même pas à des intrigues pseudo-romantiques et de la drague, on est dans le sérieux complet.
En parlant de romance, petite parenthèse sur le ecchi, qui par de peu et finit à prou tandis que l'ambiance harem n'a pas lieu d'être ; si toutes les héroines craquent plus ou moins pour Yuuji, les tentatives de séduction sont juste inexistantes ; et, enfin, ENFIN, on a une romance qui aboutit ! Oui messieurs dames : le héros finit avec une petite copine !
Je n'ai pas parlé des personnages secondaires parce qu'il y en a un nombre vraiment réduit, ce qui permet d'éviter qu'on se perde trop ( il y a beaucoup à dire et peu d'épisodes ) mais le peu qu'on a est intéressant. Bon, la directrice ne bat peut-être pas des records d'utilité, mais pour le reste, ils ont tous des rôles à jouer.
La fin de l'anime est, si je ne m'abuse, complètement originale même si elle se base sur une des routes du jeu. Mon hypothèse sur le sujet est qu'il ne s'agit pas d'un simple hs ( pourquoi au dernier épisode quand le reste est fidèle ? ) mais d'une volonté de faciliter la transition vers l'adaptation prochaine des deux autres visuals novels de la trilogie.
En résumé, Le Fruit de la Grisaia est un anime harem....qui n'a absolument rien pour satisfaire les amateurs du genre.
Les plus
- Très bonnes musiques et animation
- Des personnages excellents
- Un scénario qui alterne humour, romance, sérieux voire sérieusement glauque.
Les moins
- Un format un poil trop court
- Des transitions inter-arcs très abruptes
- On attend la suite pour pas mal d'approfondissements
Pour la surprise que ça a été, je lui mets dix, mais plus objectivement, ce sera 9, et j'attends avec impatience la saison 2.