Voici trois pépites, voire même trois trésors de la japanimation. Esprit, essence et énergie ? Il y a bien de cela dans ces œuvres, beaucoup de finesse et d'humour noir aussi. C'est ainsi qu'elles n'ont guère pris de rides, ou à peine. Après tout, elles sont trois hypothèses de futur, comme celles mises en scène dans le 1984 de George Orwell, le Minority Report de Philip K. Dick ou The War of the Worlds de H. G. Wells (eh oui, il ne faut pas oublier ces deux derniers messieurs, cachés dans l'ombre immense de Steven Spielberg...!). Pour citer trois autres exemples plus proprement nippons, je songe d'abord à Hotel de Boichi, ensemble d'histoires courtes originales dans le genre, ou bien à Pale cocoon, enfin à Psycho-pass. J'ai volontairement mis de côté bien d'autres mondes futuristes plus ou moins réussis, dont le message avait une teneur trop éloignée des courts-métrages dont il est question.
Memories. Avec des pères aussi illustres que Satoshi Kon et Katsuhiro Otomo, ainsi que d'excellentes équipes à l'animation et à la composition musicale, on ne peut que s'attendre à une sacrée baffe. Même un esprit embué par le vin et la fatigue peut saisir des idées motrices, universelles, qu'illustrent ces histoires. Les dangers qu'amènent respectivement le regret d'une gloire passée, la recherche bactériologique, et le surarmement.
La rose magnétique est le space opera qui m'a le plus séduite, et de loin. Flotter dans l'espace sur Un bel di vedremo, l'air emblématique de Madame Butterfly... Si le concept résulte peut-être à la base d'un jeu de mots, il a marché à 100% avec moi. Si la voix de Kaoru Nishino ne m'a pas fait frémir autant que celles de Huang Ying ou de Maria Callas, il en reste qu'elle contribue largement au succès d'une trame pour le moins "vue et revue" depuis 1995. Si l'œuvre ne fait pas son âge - d'autant plus que les graphismes old school reviennent à la mode !, le respect d'aînesse est de mise.
La bombe puante est pour le moins une comédie truculente. Prendre à revers le cliché du savant fou, en injectant au personnage principal une bonne dose de médicament non identifié et de bêtise, ça vaut carrément le détour. Mon cerveau était éteint (si, si, des fois il s'allume... en courant alternatif), mais je me suis quand même esclaffée de bon cœur devant le spectacle.
La chair à canon, enfin, délivre le message le plus politisé. Une nouvelle guerre froide, une société aussi morne et grise qu'affairée pour une seule et unique chose : la mise à feu des canons. Le chara-design est saisissant, rappelant un style timburtonien. Si l'histoire a un côté "secret de polichinelle", elle reste à voir.