MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS ?

» Critique de l'anime Kaiju N°8 par jinrho78 le
14 Juillet 2024

Les enfants, laissez-moi vous raconter une histoire.
Une histoire de comeback, une histoire de persévérance, une histoire qui dit : "ne renoncez jamais à vos rêves!"
Bref, une histoire de Shônen, et qui commence donc avec un homme qui voulait écrire des mangas.
Naoya Matsumoto va persister pendant une quinzaine d'années avant d'enfin, trouver la clef du succès en étant publié dans le Shonen Jump +.
Shônen + qui n'est rien de moins que la plateforme digitale de la Shueisha, qui en avait marre de perdre de la thune à cause de l'Internet et qui se révélera être une pépinière d'avant-garde avec des titres phares comme :le borderline Fire Punch, le populaire Spy X Family, l'horrifique Hell's Paradise Jogokuraku, le hypé Dandadan et... le billet de Matsumoto au hit parade : Kaiju N8.

Kaiju N8 comme son nom l'indique est une histoire de Kaiju, et qui suit donc la tradition Godzillanesqueimpliquant des monstres géants qui se lèvent du pied gauche et décident d'aller bousiller des centres-commerciaux, seulement les humains ils trouvent ça abusé parce qu'ils aiment les centres-commerciaux, s'engage donc un bras-de-fer pour la survie du plus fort.
Mais les humains de Kaiju N8 sont pleins de ressources, ils mettent en place une super escouade de gars super entraînés qui portent des supers combinaisons pour liquider les encombrants terroristes sur pattes.
C'est après ça qu'intervient Hibino Kafka, 32 ans, qui vient nettoyer le bordel après la bataille parce que les cadavres de Kaijus ne vont pas se ramasser tout seul.
Seulement Hibino Kafka, 32 ans, a un rêve, celui d'intégrer la super force de super gars avec des supers c... Il veutrejoindre les forces d'Auto-défenseet ainsi tenir la promesse faite à son amie d'enfance Mina, la meuf badass du game admirée de tous quand on parle de trucider du Kaiju.
Hibino Kafka, 32 ans, va finir par transcender sa situation de manière tout à fait inattendue... en se transformant lui-même en Kaiju, le Kaiju N8.

Comme souvent dans les Shonen, Kaiju N8 est un patchwork éhonté d'autres Shonen, le pitch de World Trigger, la promesse à l'amie d'enfance de Bakuman, les mécanismes de Shingeki no Kyojin avec ses affrontements d'échelles, allant même jusqu'à intégrer Mikasa mais avec une queue de cheval par contre Eren est remplacé par un vieil homme, alias Hibino Kafka, 32 ans, AKA ''Ossan'' - car dans le monde impitoyable de l'animation, passé 30 ans, on est déjà vieux - le seul élément, à priori, qui sortirait du setting Shonen habituel.
Un élément étroitement lié à la biographie de l'auteur Matsumoto qui n'en est plus à son premier printemps mais a lutté contre vents et marées pour réaliser ses rêves, AKA : Kafka Hibino, 32 ans.

Car oui on ne cesse de nous le répéter comme par peur que le public oublierait que le héros n'est plus de prime jeunesse et c'est en fait l'opposé qui se passe; a la fin du visionnage, Hibino Kafka, 32 ans, est en fait un autre gamin hurleur et borné issu des Nekketsu post 2000.
S'il y avait le début d'un sous-texte sur les galères des trentenaires Japonais, il finira rapidement par se résumer à un running gag à deux balles avec Kafka qui s'essouffle après 2 tours de footing avec les jeunes de sa promo'.
Car Kaiju N8, avec son histoire de comeback des trentenaires/quarentenaires nostalgiques qui peinent à tourner la page, se fait l'apôtre des valeurs traditionnelles au sein du Shonen manga, une question de génération en somme.

En effet si on prend Chainsawman par exemple, on voit bien que les motivations triviales du protagoniste sont le reflet de la désillusion de Fujimoto envers les grands et beaux idéaux dont il a été abreuvé :
Qu'il faut être quelqu'un pour réussir sa vie, qu'il faut être le meilleur pour être heureux, que les efforts seront toujours payants; en fait plus ou moins la rengaine de Kaiju N8 qui revient aux sources.
Au cynisme, remplace les nobles slogans sur l'effort de ses individus qui portent la nation.
Au scabreux, remplace le rire, jamais loin, presque forcé comme s'il fallait rappeler là encore que même transformé en monstre, Kafka reste ce gentil gars qui fait de son mieux.
Même le chara design revient à quelque chose de plus rond, plus lisse, plus chaud, quelque chose proche d'un Naruto en fait.
Et c'est tout à fait normal puisque le rôle du charadesign a échoué à Tetsuya Nishio, dont la patte a grandement influencé l'œuvre de Masashi Kishimoto, l'auteur d'un autre Shonen Nekketsu post 2000.
D'ailleurs le créateur de Kaiju N8 a admis l'influence de Black Clover un autre Shonen Nekketsu, qui, s'il n'estpas post 2000, réunitpourtant tous les ingrédients du produit d'une époque.

Alors en vrai est-ce que c'est si mal de revenir au old school? d'avoir un cadre ou il n'y a pas plein de civils qui se font buter dans la rue? (On appréciera l'ironie dans une œuvre de Kaiju avec si peu de pertes humaines).
D'un héros qui n'est pas un rebut de la société? d'après le succès de Kaiju N8, non, bien au contraire.
Car finalement Kaiju N8 est le champion des codes intemporels et réconfortants qui survivent à l'ère du temps; à l'imagede ce cri du ''don't give up!'' par ce héros d'archétype de Shonen dans la lutte de l'humanité face à la menace Kaiju.
Le terrain EST concquis, le thème lui-même, Japonais par essence, ne vieillit pas, tout comme l'influence du Tokusatsu, qui n'est jamais vraiment loin en animation.
D'ailleurs le fait que le studio Khara de Hideaki Anno apporte son expertise a Production I.G sur le design des Kaijus n'est pas anodin quand on sait que l'œuvre du bonhomme, notamment Shin Godzilla, a grandement influencé ''Ossan'' Matsumoto dans l'écriture de son bébé.
Bref vous l'aurez compris, le Gproest validé quoi.

Cependant le succès de Kaiju N8 tient pour beaucoup dans son format numérique, donc lecture sur smartphone, et qui permet à Matsumoto d'appuyer les pitreries de Kafka aussi bien que la présence de son avatar Kaiju.
Néanmoins le résultat est différent en anime.Alors oui, l'intégration de la CGI est carrée, oui, ça fait plaisir de voir le Kaiju N8 en action, oui, les armes au design militaire ont de la gueule, oui et... et après?

Kaiju N8 fait typiquement partie de ses œuvres dont l'adaptation au lieu d'apporter, voire, de sublimer le matériau d'origine - Jujutsu Kaisen - met plutôt ses défauts en exergue.
A savoir que quand il n'y a pas d'alerte Kaiju, il n'y a en fait, plus grand chose.
Les running gags de situation finissent par lasser, genre, ''oups, flûte de zut j'ai oublié que je pouvais défoncer les murs avec mes points'', idem pour l'émulation des joyeux rivaux, ''haha j'ai tué 2 kaijus de plus que toi!'', car oui ce n'est pas les personnages et leurs plates interactions qui vont donner du contraste, et non, inclure une tsundere blonde insupportable n'est pas et ne sera jamais la solution.
Quant au protagoniste, je respecte les convictionsde l'auteur au travers de la quête de Kafka, seulement le fait qu'il ait 32 ans, à part le capital sympathie, est pour le moment vain et inexploité, une cartouche à blanc.

S'il est difficile d'y voir plus qu'une étude appliquée des stéréotypes gagnants dans le Shonen de ces trentes dernières années, Kaiju N8, à n'en pas douter, reste un divertissement assuré et de bonne facture.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le titre cartonne.
Les nostalgiques pourront mettre leur pantoufles, les plus jeunes trouveront un récit rythmé par des affrontements destructeurs et ceux qui veulent tuer le temps ne s'ennuieront plus pendant quelques soirées.
Kaiju N8 est probablement la preuve que peu importe les tendances du moment, aussi sombre et audacieuses soient elles, il y aura toujours un accueil enthousiaste pour ces récits, dont la seule prétention est de nourrir le feu sacré de ces héros intergénérationnels qui forcent le destin.
Des oeuvres qui à l'instar de ce héros qui refuse de se rendre au monstre, ont le visage sympathique d'un vieil homme qui refuse de se faire une raison, alias Hibino Kafka, 32 ans, "Ossan".

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

jinrho78, inscrit depuis le 13/04/2014.
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