Aux hésitants, n'hésitez pas ! Foncez voir Gundam Thunderbolt : pour ses combats frénétiques entre mechas motorisés par le désespoir, pour son drama simple entre quelques personnages-emblèmes, pour sa fluidité d'animation et sa mise en scène enlevée.
Je pourrais m'arrêter là et faire comme l'anime : court, percutant, unidirectionnel. Thunderbolt est une étoile filante ; la série brille par ses qualités esthétiques et par elles seulement. Sa narration est pourtant sympathique, resserrée comme elle est sur peu de personnages et une intrigue simple, facile à prendre en main pour le vaste néophyte de Gundam que je suis. Mais, si beaucoup d'animes de mecha font des combats le premier terrain de développement du drama, dans Thunderbolt les affrontements sont résolument le seul et unique coeur de l'expérience. Quelques éléments d'histoire - rivalité instantanée entre les deux As opposés, flashback grinçants pour appuyer le rapport de Daryl à son corps - gravitent autour mais sont purement au service de quelques moments d'impact fabuleux.
L'esthétique avant tout, donc. Le secteur dans lequel se déroule la guerre est traversée de débris de civilisations et de dangereux éclairs qui, combinés avec le grain crade et sanglant de la série, donne un cachet apocalyptique à la guerre. L'un des pilotes, l'inarrêtable fan de bagarre, écoute en permanence un jazz très rythmé et virtuose qui résonne avec la technicité des combats. Tout ça est le carburant de la fusée de la hype, qui se disperse en quatre petits épisodes... et qui a culminé pour moi à la fin du second épisode, sombre moment de grâce dans lequel on se dissout avec délectation.
Voilà peut-être tout ce que j'aurais à redire : l'étincelle ne tient pas jusqu'à la fin. Le quatrième épisode m'a fait l'effet d'un scénariste se réveillant en sursaut et cherchant à recadrer les velléités de ses copains animateurs. En un sens, le défaut de Thunderbolt est d'être l'adaptation d'un manga plus long qui n'a pas vocation à s'arrêter si tôt, et qui s'intègre dans un univers plus vaste qui ne le sert pas ! Si la série fournit quand même un sentiment de conclusion acceptable, il n'en va pas de même pour la seconde série parue l'année suivante - une sacrée frustration pour qui veut s'arrêter là.
Donnez-moi d'autres Thunderbolt. J'ai de moins en moins de patience pour les scénarios qui n'écoutent qu'eux-mêmes et pour les personnages qui tentent de crever l'écran pour s'incarner à temps plein ; et de plus en plus d'attrait pour les récits qui sacrifient tout sur l'autel du moment de grâce, sur la beauté soufflante et brutale de quelques étoiles filantes dont la trace nous hante encore bien après les avoir vu s'éteindre.