Revenons aux grands principes: Nicky Larson, c'est la nostalgie de City Hunter en version française mal doublée si vous voulez, version dans laquelle les "méchants" disent "bonbons", "fifilles", "poumpoums" et "bobos", s'appellent tous entre eux "Maurice", on ne parle pas de "Love Hotels" édulcorés en "restaurant végétariens", "alcool" en "soda" et ça continue comme cela avec d'autres termes, mais où est ce qu'il vont trouver cela. J'en ai pleuré de déception. Mais dans la candeur de l'enfance, lorsque le générique "Nicky Larson ne craint personne" interprété par Jean-Paul Césari, vous fait bondir dès les premières notes musicales, vous vous mettez à chanter chaque mot révélant votre passion affirmée. A l'âge adulte vous ne vous contentez plus de cette médiocrité infinie dont vous vous serez rendu compte des années après, non... Vous allez creuser plus loin que ce que vous ont laissé vos souvenirs pré-pubères, vous allez creuser plus vite pour assouvir cette curiosité lancinante sur ce qui deviendra votre plus beau coup de coeur, votre premier amour. Nicky Larson.
Tsukasa Ojo est un maître, c'est indéniable. Il a l'art de magnifier son propre style et de déroger aux règles préconçues. Il possède cet art de créer du beau, du rêve et d'équilibrer romance, comédie et violence. En parlant de violence, la version édulcorée, adaptée par les (médiocres) éditeurs français ont eu un impact direct sur la légitimité et la crédibilité de l'anime, la qualité première du manga ne s'est pas retrouvé, les dialogues totalement retranscris et les répliques comiques trop abondantes par rapport à la version initiale, ce qui a été sévèrement critiqué par les puristes. Mais paradoxalement cet aspect comique aura contribué au succès de la version du manga (version française). Comme quoi, le pire peut engendrer le meilleur. City Hunter, c'est avant tout violent, passionnée et sombre. Il ne faut pas oublier que c'est l'histoire d'un mercenaire quand même, un tueur à gages, un nettoyeur qui s'est reconvertit en homme à tout faire, dans le freelance. Les scènes humoristiques sont présentes afin de recadrer l'anime et d'en faire un divertissement appréciable par un large public. (Ou comment imposer au peuple, ce qu'il ne demande pas.) Ce développement du comique est toutefois fortement apprécié dans les versions originales de l'animes ou la censure n'est pas de garde et que l'anime s'épanouit joyeusement pour le plaisir de nos yeux.
City Hunter, je préfère nommer ainsi l'anime, est une série fleuve, donc comme dans toutes les séries adoptant ce format, on retrouvera beaucoup de répétition au niveau du scénario; il n'y a pas de trame, mais un petit fil conducteur qui nous invitera à suivre l'évolution des relations entre Ryo (Nicky) et son entourage, et plus spécifiquement sa relation avec sa partenaire, Kaori (Laura). On ne peut pas décemment proposer cette forme alléchante de l'anime sans nous amener sur un plateau, une certaine consistance. Cette consistance sera la relation de partenaire que va privilégier notre héros et qui sera assez bien mise en évidence, notamment à travers certains épisodes. C'est le genre d'histoire dont on connaît le dénouement mais dont le cheminement nous surprend et nous enchante même, je dirais. La capacité d'innovation de l'anime est quasiment faible. Ce sont des missions ponctuelles qui s’étaleront dans certains cas sur 2-3 épisodes tout au plus. Le concept est bon, pourquoi? On accroche facilement à partir des éléments que j'ai cité un peu plus haut. Les épisodes sont indépendants et font entrer en scènes divers personnages certains plus récurrents que d'autres. Sans compter bien évidemment le design appréciable de charmantes demoiselles, destiné à captivé le regard de la gente masculine. Personnellement cela m'a plus aussi. Malgré cet aspect d'homme sérieux, viril, grand brun ténébreux, magnifique et .... bref, Ryo est aussi un abruti fini doté d'expressions faciales géniales sous la menace. Pourquoi cette ambiguïté? Tsukasa Ojo voulait créer un héros urbain, un héros des temps modernes avec ses propres défauts et ses qualités, un homme seul, pris de remords qui peut autant passer pour un jeune homme pervers, coureur de jupons à la libido démesurée que pour un assassin froid casuel. Celui que l'on préfère quand même, c'est celui en parka sombre assis dans un bar devant un bon scotch, seuls dans ses pensées.
Graphiquement, le style old School est un style que j'admire assez, depuis Maison Ikkoku jusqu'à Captain Tsubasa en passant par Princesse Sarah et Jeanne et Serge, en oubliant beaucoup d'autres en chemin, c'est un style nostalgique qui s'est perdu après les années 2000 au profit d'un design postiché... CH nous propose quand même quelque chose de différent, de moins basique, de moins statique et de plus harmonieux au regard. Les détails, des décors sont impressionnants, je parle des voitures, de certains buildings et encore mieux, là où Ryo puise son identité: le Colt Python 357 Magnum, qu'il dégaine pour protéger "la veuve et l'orphelin". Eh oui, CH respire l'allure et la classe. On ne peut pas oublier, non plus Umibozu (Mammouth), son Tank et son Bazooka pas plus que Saeko Nogami (dangereusement belle) ni les nombreuses références à Cat's Eye pour les amateurs et les grands habitués... mais ca c'est une autre histoire. Pour ceux qui en redemande après avoir visionné bien entendu les versions originales mangas et animes,
Tsukasa Ojo propose une suite alternative "Angel Heart's" dans laquelle l'auteur effectue un autre tour de force majestueux à la demande du public.
Un coeur, des épaules larges et un magnum 357...