Critique de l'anime Oseam

Oseam est une animation coréenne de qualité qui aurait pu être exceptionnelle. Je n'ai jamais apprécié les séries qui se veulent trop larmoyantes, et c'est l'unique raison pour laquelle je n'ai pas mis une excellente note à cet anime.

Le film commence très bien. On découvre une magnifique plage ensoleillée sur laquelle court un jeune garçon qui rit aux éclats. Cette scène, à première vue banale, est pourtant emplie d'une poésie indiscutable, créée à la fois par l'esthetique visuelle et musicale du film. Car s'il y a bien quelque chose que j'ai apprécié dans cet anime, c'est son côté contemplatif. Il existe de nombreux films asiatique où la nature possède une place prédominante et où les plans fixes censés faire ressortir la beauté notre monde sont légions ; mais aucun n'accomplit aussi bien sa mission qu'Oseam. Sur ce point là, le film est une grande réussite.

Le character-design est à la fois pauvre et original ; pauvre car il ne fourmille pas de détails et ne permet pas une grande palette d'expression, mais original car il est loin des designs typiquement japonais que l'on retrouve dans de nombreux animes. Les personnages principaux, le jeune Gil-son et sa soeur Ga-mi possèdent les expressions les plus touchantes et les plus complexes.

L'animation ne souffre d'aucune faille ; le dessin a beau être simple, il est dynamique et on ne remarque aucun défaut.

Les décors, quant à eux, sont absolument magnifiques. On admire de nombreux paysages extrêmement détaillés et aux couleurs somptueuses. Le film nous permet d'admirer ces mêmes paysages au fil des saisons et d'observer les délicats changements de teinte entre la fin d'un été et le début d'un automne.

De ce film émane donc une réelle beauté, et on voit clairement apparaitre l'un des principaux aspects du Boudhisme, l'amour de la nature. Si l'on laisse de côté notre sceptiscisme pendant l'heure et demi de ce film, on découvre alors la pureté de cette foie et de cet amour pour ce que les grecs appelaient le "cosmos".

Voyons maintenant ce qui peut être la force de l'anime pour certains, et sa faiblesse pour d'autres : le scénario.

Sans sombrer dans l'extrêmisme au point de dire que tout est téléphoné d'avance et qu'on sait dès le départ que tout va mal finir, je vais parler d'éxagération et de trop grande volonté à vouloir faire dans le dramatique larmoyant.

Malheureusement, je ne peux pas dire grand chose de plus, à moins de vous gâcher le film en vous révélant certains passages importants. Je me contenterai donc d'affirmer que pour un anime qui offre tant de délicatesse et de raffinement, j'ai trouvé grossières certaines péripéties menant à des drames. Je pense nottement à l'élément scénaristique qui mène à la fin du film.

Cela dit, ce n'est pas pour cette raison que l'anime est mauvais, au contraire. Certaines scènes sont réellement poignantes et parviendront à en émouvoir plus d'un. Je pense nottement à la scène où Ga-mi, tendre jeune fille au grand coeur subît de nombreuses persécutions simplement parce qu'elle est aveugle. L'entendre pleurer et appeler son frère à l'aide m'a réellement ému. Evidemment, tout est fait pour que ce personnage soit touchant ; sa voix est douce, ses gestes et ses paroles sont tous plus délicats les uns que les autres, et elle est en plus très attentionée. Bref, Ga-mi est émouvante.

Gil-son est l'opposé de sa soeur. Il se montre souvent irrespectueux et ne connait pas la honte. Incapable de faire preuve d'humilité, il admire pourtant la beauté de la nature, et ce dès le début du film. Sa soeur étant aveugle, il devient ses yeux et lui fait partager les merveilleux paysages qu'ils traversent. La relation qui le lie à sa soeur est très bien trouvée et extrêmement bien exploitée. On fait face à l'amour noble et protecteur d'un frère pour sa soeur. Gil-son va donc progressivement découvrir le boudhisme et finira par vouloir en apprendre plus. On reste toujours dans le contemplatif, la vie des moines se résumant à une dévotion totale envers leurs dieux et déesses.

La trame est parfaite, le film ne subit aucun ralentissement, l'ennuie ne se fait absolument pas ressentir.

Pour conclure cette partie sur le scénario, je dirai qu'il est au dessus de la moyenne, qu'il est bien travaillé, mais qu'il aurait pû frôler la perfection si ce volonté de sombrer dans le larmoyant ne s'était pas fait ressentir. Dommage, dommage...

L'ambiance musicale s'accorde parfaitement avec les thèmes de la série. Les musiques sont toutes bien trouvées et chaque mélodie est agréable à écouter. Sortit du contexte visuel, je doute que l'on trouve un excellent thème que l'on passerait en boucle, mais je suppose que la bande originale serait parfaite en musique d'ambiance. Mission accomplie pour le compositeur, son oeuvre sert bien le film.

Le travail des doubleurs est lui aussi très bon, nottement pour Ga-mi qui a une voix magnifique.

Pour conclure, je dirai qu'Oseam est un bon film, qu'il véhicule une poésie que l'on a rarement l'occasion de voir aussi bien exploitée, mais qu'il aurait pu être encore meilleur. Je ne peux m'empêcher de ressentir cette lacune dans le scénario, ce désir de faire en sorte que tout se termine mal, même au risque de faire perdre une grande part de crédibilité à l'ensemble. Sans cette impression, j'aurais sans problème poussé la note à 8 ou 9 ; mais cette note me parait désormais trop gentille et non-objective. Faites vous votre propre idée sur le scénario. Quoiqu'il en soit, même avec ce léger défaut, Oseam vaut le détour.