OTONARI NO TENSHI-SAMA — Incel Fantasy XVI

» Critique de l'anime Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken par Deluxe Fan le
22 Avril 2023
Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken - Screenshot #1

Nous avions déjà discuté dans un précédent commentaire de la dominance des comédies romantiques dans l’animation japonaise, et comment les studios doivent pousser la qualité pour se démarquer de la masse. Ce que nous n’avions pas abordé, c’est que de l’autre côté, le succès du genre créé un appel d’air qui pousse les producteurs à lancer tout un tas de projets pour capitaliser sur la tendance. Et comme ces producteurs n’ont pas que cela à faire d’engager des scénaristes compétents pour écrire des séries intéressantes, ils sont obligés d’aller chercher dans les tréfonds des abysses les mangas, light novels et autres machins à adapter vite fait, quitte à mettre à l’écran des séries toujours plus nazes et stupides.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken est, comme son titre à rallonge l’indique, une adaptation du light novel écrit par « Saekisan » (tiens tiens, un pseudonyme, on dirait qu’il ou elle ne veut pas qu’on le reconnaisse), et qui se retrouve adapté par le studio Project n°9. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce studio pourtant actif depuis une dizaine d’années, on a pu le voir à l’œuvre sur des séries faisant la promotion de l’inceste, de la pédophilie, ou plus récemment du kidnapping de jeunes filles mineures. Autant le dire immédiatement, si vous êtes du genre à prendre tout ce que vous regardez au second degré et que vous cherchez pas à comprendre tant que y’a des dessins colorés qui bougent à l’écran, vous n’êtes pas au bon endroit. Je vous interdis pas hein, mais ici on va essayer de parler un peu sérieusement. Pas trop je vous rassure, mais quand même un peu quoi.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken - Screenshot #2Comme la plupart des séries chaque épisode démarre par un générique et, une fois n’est pas coutume, attardons-nous quelques instants sur celui de Otonari no Tenshi-sama. Déjà la chanson c’est un morceau de Masayoshi Ôishi, auteur-compositeur-interprète très sollicité dans l’animation japonaise de ces dernières années, et qui a entre autres produit le générique d’opening de SSSS.Dynazenon qui est dans mon top 50 de mes openings préférés dans la japanime. C’est un musicien qui a un style assez reconnaissable, qui me rappelle un peu de ce que faisait Takanori Nishikawa autrefois. Et là pour cet opening c’est tout aussi bien que d’habitude, une musique pleine d’énergie avec des paroles qui reprennent très bien le sujet de la série.

Sauf qu’un opening ce n’est pas que la musique c’est aussi des images. Et par exemple la première image du personnage principal dans l’opening c’est ce plan où on le voit regarder dans le vide avec une expression de merlan frit, avec dans le fond une image de son panier de courses de chez LIDL qui contient une bouteille d’huile de tournesol à 2,95€, une tomate, un chou, un autre flacon de je sais pas quoi et une barquette de 200g de viande de bœuf, ou de halouf je vois pas bien d’ici. Et ça c’est la première image du protagoniste de ta série que tu montres dans ton générique. Ce que j’ignorais, c’est que cette image complètement hors-sujet et qui ne veut rien dire serait finalement le seul endroit de cette série où elle montre quelque chose qui ressemble un tant soit peu à du réel.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken - Screenshot #3Le récit suit donc ce personnage principal, que l’on va appeler Protag-kun, un lycéen de première année qui vit tout seul dans son appartement. Un jour il croise une fille de sa classe, Michiru Shiina, qui est dehors sous la pluie. Il lui laisse son parapluie et repart vers chez lui. Sauf que chez lui c’est aussi chez elle, puisqu’elle est sa voisine de palier et qu’elle vit également toute seule dans son appartement, comme par hasard. Pour remercier Protag-kun de sa gentillesse, Michiru (qui au passage est la plus jolie fille du lycée et première de la classe) décide d’aider Protag-kun dans sa vie quotidienne en l’aidant à faire le ménage et la cuisine. Peu à peu une relation va se nouer entre ces personnages qui vont dépendre de plus en plus l’un de l’autre…

Il y a un élément auquel je fais souvent référence dans mes critiques et c’est la notion de complaisance. Une œuvre n’a pas forcément besoin d’être subversive ou provocatrice pour dire quelque chose d’intéressant, mais une démarche purement complaisante ne peut pas aboutir à un résultat artistique. Au mieux c’est de la fanfiction, du fantasme voire de la pornographie. Et Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken c’est l’anime peut-être le plus complaisant que j’ai jamais vu, mais à un point qui confine au malsain et à la bouffonnerie.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken - Screenshot #4Pour commencer le personnage principal Protag-kun est totalement ridicule du début à la fin. Le script le caractérise comme un "nerd asocial" mais à l’écran il ressemble plus à un perso de MMORPG coréen qui s’exprimerait avec la voix de Al Haitham de Genshin Impact. Crois-moi je sais très bien à quoi ça ressemble un nerd asocial et c’est pas ça du tout. Plus tard dans l’anime on t’explique pourquoi il a pas d’amis et littéralement c’est « Je me méfie des autres parce que mes parents sont tellement blindés de thunes et moi aussi que j’ai peur que les gens se rapprochent de moi pour m’utiliser » Et du coup le mec il décide, à quinze ans, de changer de bahut et d’habiter tout seul dans un appart deux pièces d’environ 25m² avec balcon, ascenseur et chauffage collectif tous frais payés. Et le mec il pleure parce qu’il a pas d’amis. Mais genre mais va te faire enc**** en fait.

L’héroïne Mahiru quant à elle n’est pas caractérisée comme un être humain, c’est un "ange" qui comme le Père Noël est descendu du ciel avec des jouets par milliers pour récompenser les enfants qui ont été sages. Après sa rencontre avec Protag-kun elle devient sa femme de ménage attitrée, passe son temps chez lui, lui fait les courses et la cuisine, parfois elle dort chez lui voire même carrément sur lui. On nous explique que son comportement est le résultat d’un manque affectif de ses parents qui l’ont chassée de chez elle et forcée à vivre seule elle aussi, et que c’est pour cela qu’elle chouchoute Protag-kun à ce point. C’est bien connu demandez à n’importe quel psychothérapeute, une adolescente qui a des problèmes familiaux et qui est en rupture sociale et affective, son premier réflexe ce sera de chercher le premier nerd asocial qui passe et d’aller faire la boniche chez lui gratuitement puis après de dormir chez lui et de le laisser la caresser comme un animal de compagnie. Mais bien sûr, c’est évident monsieur l’agent.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken - Screenshot #5« Oui mais tu prends le truc trop au sérieux, c’est pas censé être réaliste » Je sais que c’est pas censé être réaliste, c’est pas un documentaire de France 5, c’est pas ça le problème. Ce qui compte ce n’est pas de savoir si ça essaie d’être réaliste, ce qui compte c’est qu’est-ce qu’on essaie de te raconter. Là on te présente des personnages caractérisés comme des marginaux, des asociaux, qui vont se trouver et tomber amoureux. Sauf que quand tu regardes la série, c’est pas ça qui est montré. Moi ce que je vois c’est deux gosses de riches avec des physiques de top-modèles et admirés de tous leurs camarades scolaires qui jouent au papa et à la maman pendant douze épisodes dans leurs appartements payés par les parents. On me dit de pas prendre le truc au sérieux, mais l’anime lui se prend extrêmement au sérieux, la mise en scène est extrêmement premier degré.

Plus la série avance plus on entre dans un monde bizarre où le bon sens s’est enfui et laisse place à un script hors de contrôle. Les dialogues se résument à écouter Mahiru expliquer pourquoi Protag-kun est le meilleur homme de l’univers et qu’elle ne peut pas vivre sans lui et qu’elle aime se faire toucher par lui (authentique), tandis que Protag-kun regarde au loin en silence en faisant des efforts draconiens pour maîtriser ses pulsions sexuelles en bon herbivore japonais qu’il est. On a droit à des séquences véritablement louches avec Protag-kun qui s’engage dans une sorte de roleplay où il devient un bébé qui dort sur les genoux de sa maman, et une autre incroyable scène dans l’épisode 9 où nos deux personnages sortent faire les boutiques et à un moment Protag-kun se fait aborder par deux gonzesses semble-t-il plus âgées que lui et qui lui proposent de sortir avec. Je veux dire, un garçon de quinze ans censé être un nerd asocial qui se fait aborder dans un lieu public par deux femmes qu’il ne connaît absolument pas, c’est tout à fait normal. C’est bien connu ça nous arrive tous les jours à nous les mecs, dès qu’on sort quelque part les meufs se jettent sur nous parce que c’est des grosses chiennes. Hein les gars ? Soyons sérieux, ce que raconte cette série c’est ce que l’on lit dans les fanfictions érotiques postées sur les sites amateurs des recoins du web, ça n’a rien à faire dans une série d’animation diffusée sur Crunchyroll.

J’aimerais consacrer de longs développements pour parler cinématographie, mise en scène et animation, mais le problème avec Otonari no Tenshi-machin c’est qu’on ne peut pas parler d’animation parce qu’il n’y en a pas. La semaine dernière je mentionnais le développement de l’animation limitée avec Astro Boy de 1963, et bien soixante ans plus tard le studio Project n°9 invente un nouveau style qui est l’animation ultra-limitée. Enfin je parle du studio, je devrais plutôt dire les studios puisque la quasi-totalité de la production a été sous-traitée à je sais pas quels tâcherons éparpillés au quatre coins de l’Asie du Sud-Est. L’animation est inexistante, on est plus proche du Powerpoint que du dessin animé, et la cinématographie se résume à cadrer les deux personnages discuter sur le canapé du salon comme si c’était une version japo-niaise débile de Un Gars Une Fille. Le chara-design de Mahiru est le seul point qui a fait l’objet d’un minimum d’effort du directeur de l’animation, en revanche Protag-kun il prend très cher, dans l’épisode 11 il est hors-modèle un plan sur deux c’est hilarant et consternant à la fois.

Otonari no Tenshi-sama ni Itsu no Ma ni ka Dame Ningen ni Sareteita Ken ce n’est pas simplement mauvais, parce que oui évidemment c’est mauvais mais des animes mauvais il y en a plein. Cet anime je l’ai trouvé fatiguant. Ça me fatigue que des productions de ce genre qui sont à la limite de l’amateurisme continuent à être produites et ça me fatigue qu’on crache au visage du public avec ce genre d’histoires de waifubait bidon qui vise clairement à appâter une certaine audience de personnes qui sont déjà pas super bien dans leur peau et qui n’ont pas besoin qu’on leur refourgue des fantasmes de supermarché. Si vous avez sincèrement apprécié cet anime et que vous vous êtes senti touché par cette histoire, mon conseil c’est de fermer votre ordi, sortir de votre chambre, mettre vos godasses, ouvrir la porte de chez vous et allez faire un tour dehors. Et si vous voulez voir un anime qui parle d’adolescence et d’amour de manière drôle, bienveillante et naturelle, il y a Skip and Loafer qui est actuellement diffusé. Franchement les gens, vous méritez mieux.

Verdict :2/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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