Princesse Sarah... Voilà une critique bien épineuse...
D'un point de vue objectif, la série a vieilli, aussi bien au niveau de l'animation que du character design. Sarah et Becky ont des voix françaises qui peuvent agacer certains, et la quantité de pathos présent dans chaque épisode pourrait être récolté avec une moissonneuse batteuse.
Mais il est vrai qu'elle rappelle des souvenirs d'enfance, des goûters devant la télévision après l'école, l'atmosphère paisible d'une fin d'après-midi d'élève de primaire... Certes, la dimension christique de Sarah (qui ne se plaint jamais même lorsque -crime atroce!- elle ramène des pommes de terres germées au pensionnat après tout une journée passée sous la pluie, avant de se faire gronder par la cuisinière) est parfois assez énervante, et l'anime a tendance à forcer le trait, entre le sadisme de Lavinia et la bonté naturelle de l'excellente Sarah.
L'histoire en elle-même est relativement simple, et se limite au cercle très fermé du pensionnat anglais. Sarah, fille d'un riche homme d'affaires, voit sa vie basculer lorsque son père disparaît. Elle était adulée et devient une femme de chambre méprisée, dans le pensionnat où elle étudiait. Evidemment, le message général de la série est plutôt positif, il faut être bon envers les autres sans jamais avoir quelque ressentiment, et cela portera ses fruits.
Inutile de dire qu'une fois l'enfance terminée, cette série apparaît facilement comme un sommet de la niaiserie. Tout finit par s'arranger et la pauvre petite Cosette, pardon, Sarah, a la fin heureuse qu'elle mérite depuis le début (peut être que cette phrase est un spoiler, mais on se doute que la série finit bien assez vite, en regardant la série...)
Histoire de continuer à massacrer la petite princesse, je dirais que l'anime garde un grand nombre des défauts déjà présents dans l'oeuvre originale, à savoir une vision assez conservatrice de la femme et assez paternaliste de la pauvreté. Sarah est, en effet, une fille forte, au caractère affirmé, mais elle ne peut aspirer qu'à être une bonne ou une bourgeoise. Mademoiselle Mangin est une vieille fille acariâtre, Lavinia une bourgeoise dédaigneuse... aucune de ces femmes ne sort de la place qu'on lui attribue.
Le livre a été écrit à la fin du XIXème siècle, et cela se sent. Les pauvres sont bien gentils et bien braves, et Sarah donne un peu de son pain à un homme plus démuni qu'elle. Mais c'est tout. L'anime s'adresse essentiellement aux enfants, comme le livre, ce qui explique cette vision plus "simpliste" peut-être, de la société (un peu à la manière de Cendrillon, de Disney).
En somme, cet anime ne fait pas vraiment réfléchir mais parfois le spectateur est ému devant les épreuves qu'affronte Sarah (ou désabusé, c'est selon) et il est porteur d'une incontestable nostalgie. D'où mon 5 sur 10 (j'avoue avoir longtemps hésité avec 4)