Après Lamu, je poursuis ma découverte des anciens animes du Club Dorothée avec les aventures farfelues de Ranma et ses ami(e)s. Si la précédente expérience m’avait légèrement déçu parce qu’au bout de près de 200 épisodes, on tournait un peu trop en rond sans réelle nouveauté (toujours les mêmes idées qui revenaient en boucle), je dois dire qu’ici, même en prenant en compte les 160 épisodes, je n’ai pas vraiment eu le temps de m’ennuyer.
Cette différence vient probablement du fait qu’ici les différents protagonistes, plutôt que d’être présentés d’un bloc sur les trente premiers épisodes, puis recyclés jusqu’à provoquer une certaine lassitude chez les spectateur, sortent au compte goutte du chapeau des producteurs. Ainsi, même après une centaine d’épisodes, on continue à découvrir de temps à autres de nouvelles têtes, dans des aventures qui ne manquent pas de variétés, s’accordant malgré tout plutôt bien avec les différents caractères présents.
L’un des constats que l’on peut faire en visionnant chaque épisode, c’est que l’anime a très bien vieilli et malgré quelques défauts ponctuels, l’animation et les musiques restent de très bonne facture.
D’une certaine manière, cet anime est une série type « harem » (un garçon et plein de filles qui lui tournent autour) à l’ancienne. Comprenez que par rapport aux productions sorties récemment, l’humour ne se base moins sur le fan service et l’humour façon Love Hina Keitaro ouvre une porte, voit des filles en tenue légère et se prend une méga-baffe). En fait, le seul personnage qu’on voit de manière régulière la poitrine dénudée ou en bikini, c’est bien Ranma lui-même, et le fait de savoir qu’en réalité il s’agit d’un jeune homme sous l’effet d’un mauvais sort atténue fortement le côté « je viens me rincer l’œil » (surtout qu’à l’époque, la censure en Europe et aux USA a du être particulièrement féroce) et renforce le comique de la situation. Bien sûr il y a quand même une poignée d’épisodes dans lesquels on peut voir les autres demoiselles (notamment Akane et ses sœurs) dans des tenues plus affriolantes, mais on n’atteint jamais les excès de certaines productions actuelles grand-public.
Le gros point fort de l’anime, outre le fait de savoir se renouveler quand il le faut et de ne pas trop tourner en rond en terme de scénario dans les épisodes, ce sont bien entendus les multiples personnages présents.
En premier lieu il y a bien entendu Ranma qui nous sert un véritable numéro de schizophrène avec ses transformations intempestives. Si celles-ci lui posent au premier abord de gros problèmes (il vaut mieux éviter de dévoiler un tel secret à de mauvaises personnes) et infligent un sacré coup à sa fierté masculine on s’aperçoit bien vite que, contre mauvaise fortune bon cœur, il se met peu à peu à apprécier son nouvel avatar féminin dont il use et abuse. Aussi bien pour tromper ses adversaires (Ryoga et Kuno en savent quelque chose) que pour se faire offrir des repas à l’œil ou participer à certaines compétitions d’arts martiaux réservée aux femmes, il y a quand même pas mal d’avantages à pouvoir changer de sexe à tout moment.. Bien entendu, par orgueil, il n’acceptera jamais d’admettre que plus ça va, plus cette situation lui plait.
Viennent ensuite les 3 sœurs Tendo aux caractères assez variés. En premier lieu il y a bien entendu Akane, experte en arts-martiaux (même s’il lui reste du chemin avant d’égaler le niveau de son fiancé) et ne manquant pas de caractère, ce qui est parfait pour retenir certaines pulsions du jeune homme et le remettre à sa place quand il faut. D’abord réticente, on sent peu à peu que le courant passe entre les deux jeunes gens et que l’idée de fiançailles ne les dérange pas trop, ça tombe bien car il faudra pas mal de volonté pour espérer repousser les diverses rivales qui apparaissent et espèrent bien rentrer dans la famille Saotome. Par contre, n’essayez surtout pas de goûter à sa cuisine qui peut se révéler mortelle pour un estomac non entraîné.
D’un autre côté, on a Kasumi qui est vraiment la maîtresse de maison parfaite (un peu trop même) et surtout Nabiki... Vénale et manipulatrice, celle-ci est prête à tout pour extorquer à son entourage autant d’argent que possible (chantage, photos prises à l’insu de mademoiselle Ranma, marché noir) et n’hésitera pas à mettre celui-ci en difficulté si elle peut ramener quelques yens en plus. Et pourtant, elle sait se rendre utile quand il faut et retournera sa veste si la situation dépasse certaines limites, toute la question étant de savoir où se trouvent ces limites, ce qui en fait un personnage assez imprévisible.
Enfin, il y a les deux pères de familles qui, sous leurs airs de combattants respectables et accomplis cachent un comportement pour le moins puéril, lâche et pas toujours très honnête (en jouant au shogi, toutes les tricheries et bassesses sont bonnes pour gagner). Dans le genre porte-poisse, Genma Saotome est d’ailleurs un modèle puisque c’est par sa faute que la plupart des ennuis subis par Ranma ont lieu, comme promettre Ranma en mariage à 2-3 familles différentes ou rédiger en son nom une promesse de seppuku (à l’époque où il n’a que 4 ans)... Et quand vient l’heure des explications, la seule solution qu’il trouve est de se transformer en gros panda et de feindre l’ignorance.
Les autres personnages ne sont pas en reste et ne manqueront pas d’ajouter leurs grain de sel aux situations épineuses rencontrées par Ranma et Akane. On compte ainsi un jeune apprenti en arts martiaux au sens de l’orientation déplorable et se transforme en petit cochon au contact de l’eau froide (très pratique pour pouvoir se loger en toute impunité sur la poitrine des demoiselles et notamment Akane) ; un riche héritier adepte de Kendo et qui aime jouer les playboys (qui a dit cliché ?) ; un vieux professeur qui revient d’Hawaï, aux méthodes d’enseignement plutôt discutable ou une amazone Chinoise prête à tout pour ramener son fiancé chez elle, comme le veut la coutume de son village. L’un de mes préférés reste quand même Happosai, vieux maître en arts martiaux presque imbattable mais qui est en fait un vrai fétichiste de sous vêtements qu’il vole aux fenêtres ou dans les casiers dès qu’il en a l’occasion. Mieux vaut éviter de le sous-estimer si l’on souhaite se mettre en travers de sa route, car il a gardé toute sa vigueur d’antan.
Devant cette pléthore de personnages, la citation « les arts martiaux sont partout » est poussée à son paroxysme : dans la gymnastique, en patinage artistique, dans la cuisine ou l’art de manger, et même chez les pom-pom girls... Autant de défis qu’il faudra pourtant relever pour maintenir l’honneur du dojo Tendo et de la famille Saotome, avec des méthodes assez exotiques et ne manquant pas de surprises.
Pour conclure, voici un excellent anime qui ne fait pas défaut à sa réputation et sait occuper son public pendant de longues heures. Malgré son année de sortie (1989), il n’a pas vraiment pris de ride et rappellera aux plus anciens les heures de gloire du Club Dorothée. Aussi bien pour les connaisseurs que pour les néophytes voilà une production dont il serait fort dommage de se passer.