Critique de l'anime Red Garden

» par Starrynight le
08 Septembre 2007
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Voilà un anime méconnu qui mérite une place de choix dans la filmographie des studios Gonzo. Après plusieurs productions décevantes de ce studio, Red Garden est un oasis d’inventivité et d’originalité en matière de choix artistiques et de scénario.

Tout d’abord, la série soigne son look : bien loin des personnages falots à la bouille esquissée en quelques traits, produits habituellement à la chaîne, Red Garden ose mettre en scène des héros – et principalement des héroïnes – à la figure très travaillée et détaillée, quitte à accentuer certains traits à la limite de la caricature. De plus, on voit nettement qu’un gros travail a été fait pour imprimer une identité forte à chaque protagoniste : coupe et couleur des vêtements, brushings, postures, comportements, manies, voix (où l’on est à cent lieues des voix kawaii, enfantines ou criardes que l’on rencontre trop souvent : les seiyuus choisies ici ont parfois des voix graves, mûres) : chacun(e) est réellement unique et a son style propre. Cette originalité de l’esthétique se pressent dès le générique de début, on y retrouve en effet certains effets de superposition de motifs et de couleurs qui ne sont pas sans rappeler le travail effectué par le studio sur Gankutsuou.

Le décor maintenant : une fois n’est pas coutume, l’histoire se déroule en plein New-York, mais vu du côté habitants blasés (donc vous ne verrez par la Statue de la Liberté ou l’Empire State Building à chaque coin de rue sous prétexte qu’on est à Big Apple). L’ambiance en est plutôt bien retranscrite avec les cafés, les immeubles bon marché et les villas huppées.

Pour que le spectacle soit complet, l’aspect musical est également soigné. Le choix de mélodies douces et lentes permet même d’introduire un décalage avec la tournure dramatique que prend progressivement l’histoire, ce qui rend le tout difficile à cataloguer et donc, à mes yeux, d’autant plus riche. Je ne peux m’empêcher de mentionner ici les scènes où s’opère un brusque arrêt du fil du récit et où tous les personnages présents se mettent à fredonner ensemble une chanson mélancolique. Ce type de mise en scène m’a beaucoup rappelé des passages semblables dans le film On Connaît la Chanson d’Alain Resnais.

Quant à l’histoire en elle-même, c’est un être hybride entre ultra réalisme et surnaturel, chronique de la vie quotidienne d’une poignée d’étudiantes et sombre récit de malédiction, série d’auteur et série d’action. Les combats entre les jeunes filles et les adversaires transformés en bêtes inhumaines lorgnent du côté de Shingetsutan Tsukihime, mais il est intéressant de remarquer que dans Red Garden, le quatuor d’héroïnes peine à remplir son rôle de tueuses salvatrices. On est ici très loin des personnages qui passent en deux temps trois mouvements de quidam banal à héros surpuissant et quasi invincible. Ici, même si les filles comprennent bien qu’elles ne peuvent ménager leur adversaire et malgré la bestialité de ce dernier, l’acte de tuer heurte tellement leurs convictions, leur culture, leur éthique et elles paraissent si faibles, démunies, terrorisées et paniquées que le premier affrontement semble durer une éternité.

Un autre attrait du récit est le statut particulier de Rachelle, Claire, Kate et Rose qui restent inchangées aux yeux de tous mais dont le comportement est profondément ébranlé par les révélations successives qui sont faites à leur sujet. Le fossé se creuse peu à peu entre les attentes et les attitudes de leurs proches et leurs nouvelles préoccupations. Se développe alors un nouveau regard sur leurs existences, leurs avenirs, leurs rapports avec leurs proches – parents, amis, amoureux – et l’importance de leurs souvenirs.

Cependant, je regrette qu’à partir de la moitié de la série à peu près, la série perde une partie de son originalité et dérive vers notamment une systématisation des affrontements, alors que c’est loin d’être le charme principal de cet anime.

De même la fin est un peu trop rapide et, en conséquence, un peu bâclée. Au vu du format original de la série (22 épisodes), celle-ci aurait gagné à s’allonger de quelques épisodes pour développer le dénouement et l’amener plus progressivement. De même un aspect un peu symbolique de cette malédiction (par exemple : un groupe quasi exclusivement féminin contre un groupe quasi exclusivement masculin et qui cherche désespérément un élément féminin capable de surmonter ce clivage pour perpétuer sa race) est à mon sens sous-exploité.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Starrynight, inscrit depuis le 18/06/2006.
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