1988 : Mobile Suit Gundam - Char's Counterattack met un point final à l'histoire d'Amuro Ray et Char Aznable et clôt le chapitre de l'Universal Century. A compter de ce jour, si l'on excepte deux suites distantes et une poignée d'OAV side-stories, la saga emblématique du robot japonais se consacrera à des univers alternatifs.
2009 : Coup de tonnerre dans le fandom, le roman Mobile Suit Gundam Unicorn sera adapté en animé sous la forme d'une série d'OAV. L'histoire de l'Universal Century, suspendue à la mort de ses figures emblématiques, connaîtra un épilogue.
2014 : Le septième et dernier épisode de Mobile Suit Gundam Unicorn sort, et avec lui la conclusion définitive de l'Universal Century. Que retenir, donc, de cet ultime baroud d'honneur ? Que vaut ce retour aux sources de la saga après ses dernières itérations en demi-teinte ?
Les premières minutes confirment qu'il vaut au moins le coup d’œil. L'Universal Century s'est faite belle pour sa dernière danse et ça se voit, Gundam n'a jamais été aussi beau depuis l'apothéose graphique Gundam 0083, en 1992. Yoshikazu Yasuhiko, chara-designer historique de la vénérable continuité, fait son grand retour et livre des designs sublimes, entre tradition et modernité. Les mécha designers, emmenés par l'habitué de la franchise Katoki Hajime, se sont surpassés pour proposer une fournée de Mobile Suits plus classes les uns que les autres, à commencer par le Gundam Unicorn éponyme qui est simplement le plus beau de toute la saga.
L'animation glorieuse n'a rien à envier à celles des séries d'OAV les plus mythiques, le dernier épisode notamment m'a scotché à mon fauteuil tant les mouvements et les détails des personnages et des robots sont impressionnants. Mobile Suit Gundam Unicorn est beau comme peu d'animés le sont.
Le plaisir des yeux est une chose, et de ce côté nous sommes servis, mais le reste ?
Niveau histoire et personnages, c'est également du solide. La trame est fortement inspirée de la première incarnation de Gundam, mais le fil rouge de la Boîte de Laplace évite la redite complète, et propose un dénouement étonnamment fin pour du Gundam, le macguffin étant relativement subtil. C'est là que l'on trouve un des points forts, mais aussi point faibles de l'animé : les moments de calme font la part belle aux dialogues, globalement bien écrits mais dont beaucoup ont un aspect méta très marqué. Les personnages passent en effet pas mal de temps à commenter les événements passés et leurs liens avec leur périple, ce qui sera fascinant pour un initié mais perdra assurément le néophyte qui n'aura pas eu le courage de regarder le reste de l'UC pour tout comprendre. Je pense par exemple à la révélation de l'épisode 3, qui perd beaucoup d'impact. Le show ne se repose pas uniquement sur ces références, mais il en tire une partie de sa substance et se présente comme une conclusion, et il serait donc dommage de ne pas pouvoir profiter de cet aspect.
Le casting est varié, et si on n'échappe pas aux habituels side-kicks un peu lourds et inutiles ou à l'émo qui devient assez détestable, il est globalement de qualité. Banagher est un héros de Gundam assez classique, l'adolescent un peu naïf et perdu dans un conflit qui le dépasse, mais je le trouve plus sympathique que beaucoup de ses prédécesseurs, et il devient même assez cool une fois qu'il a trouvé sa voie. L'héroïne Audrey représente quant à elle un exploit pour Gundam : proposer un protagoniste qui ne soit pas un combattant, mais soit tout de même une force motrice et actrice de l'intrigue. Déterminée, intelligente, débrouillarde, classe et charismatique, c'est une perle dans une saga assez pauvre en personnages féminins de qualité. Impossible de parler de personnages féminins de qualité sans mentionner Marida, qui est ce que toutes les pilotes de la saga rêveraient d'être. On ne va pas parcourir l'ensemble du casting, car il est vaste, mais il y en a vraiment pour tous les goûts.
C'est beau, c'est intéressant, que demander d'autre ? Une bonne OST peut-être ? Hiroyuki Sawano a ce qu'il vous faut. Celui qui mettra aussi en musique Blue Exorcist, Guilty Crown, Shingeki no Kyojin ou encore Kill la Kill accompagne parfaitement l'animé, les morceaux destinés aux combats notamment sont tellement épiques et puissants qu'on a presque l'impression d'être dans l'action aux commandes du Gundam. Je ne connaissais pas ce compositeur avant de regarder cette série, mais à présent son nom au générique est presque une raison suffisante de donner sa chance à un animé.
On pourrait rechigner que ce Unicorn n'innove pas, qu'il est un retelling déguisé du premier Gundam, que l'épisode 4 est un peu faible, ou qu'il s'adresse presque uniquement aux initiés qui pourront en savourer tout le contenu méta et l'aspect conclusion, mais tout ça est vite éclipsé par la qualité d'une série qui est à Gundam ce que Gurren Lagann est au super-robot.