Silver Spoon, Le retour à la terre version nippone…

Qui aurait pu croire qu’un anime sur la vie de futur(e)s agriculteurs/éleveurs pourrait être aussi intéressant? Il faut le voir pour le croire, car on m’aurait dit ça il y a quelques années, je pense que j’en rirais encore.

Et pourtant, en suivant l’étudiant Yuugo Hachiken, on découvre un univers relativement méconnu, malgré son importance extrême dans toute société, à savoir : nourrir une population.
N’ayons pas peur des mots, le jeune homme fait un peu tâche sur le tableau. Clairement, il est davantage taillé pour une carrière cérébrale que pour les travaux des champs. Et contrairement à ses nouveaux camarades, tous fils et filles (pas de sexisme) de paysans, c’est un citadin pur jus... Autant dire que ses premiers pas ne se font pas de manière tendre dans sa nouvelle école. Heureusement pour lui, il parvient sans trop de difficulté à s’intégrer (et à se faire apprécier) dans la petite communauté. Mais il ne peut s’empêcher d’avoir certains réflexes maladroits, comme se sentir écœuré en découvrant que les œufs sortent du derrière des poules, ou fondre devant un cochon tout mignon, au grand dam de ses amis qui y voient plus pragmatiquement un futur repas.

Chacune de ces découvertes sera une nouvelle épreuve à affronter, et un nouveau pas à franchir pour devenir un véritable « campagnard ». Si certaines se feront sans difficultés, d’autres seront nettement plus dure à passer, et feront l’objet tout au long des épisodes d’un questionnement sur la marche à suivre. Et là, Hachiken est définitivement seul : si il peut effectivement trouver des pistes à suivre auprès des autres élèves, la réponse ne pourra être que personnelle. En cas d’échec de sa part, autant abandonner immédiatement cette voie.

Autour de lui gravitent de multiples personnalités diverses et variées. Comme on le découvrira rapidement, chacun(e) possède ses propres motivations et projets d’avenir, dévoilant un peu plus la richesse et les multiples possibilités existantes dans le domaine, aussi bien dans les voies disponibles que les manières d’atteindre ses objectifs (par exemple : production traditionnelle ou plus industrielle ?).
N’oublions pas les professeurs qui ne sont pas moins marqués que leurs étudiants, et auront toujours le bon mot pour guider ces derniers, d’une manière ou d’une autre.

Même si le ton est résolument comique, et le tableau de la profession plutôt optimiste (je ne sais pas si les agriculteurs/éleveurs nippons ont autant de difficultés que certains de leurs homologues européens), force est de constater que l’auteur semble s’être documenté avant d’aborder le sujet, pour en faire une analyse suffisamment précise et crédible malgré tout.

Puisqu’on parle de l’auteur, on reconnait sans peine le trait caractéristique d’une grande licence à succès, j’ai nommé Fullmetal Alchemist. Il est surprenant de voir que celui-ci s’adapte si bien pour autre chose qu’un simple shonen, et j’avoue que (juste pour le gag), je n’aurais pas trouvé désagréable ni surprenant de croiser Edward, Alphonse ou Mustang et les autres au détour d’un champ ou d’un abattoir. Bon, ça ne s’est pas fait, mais je ne désespère pas que la production ne puisse à un moment ou un autre tout simplement pas résister à la tentation.

Cette première saison se termine après 6 mois d’études (sur un cursus de 3 ans), et Hachiken vient de passer avec succès (mais toujours de manière originale) sa première véritable épreuve. Autant dire qu’il y a encore de la marge, de la matière et des choses à découvrir avant que la série n’arrive à son terme. Vous l’aurez compris, je suis fan, et j’attends impatiemment une seconde saison, même si je devine qu’il faudra être patient pour laisser au manga le temps de sortir de nouveaux chapitres.

De l’humour, de la découverte, des personnages hilarants et travaillés, un brin de romance qui pointe timidement le bout de son nez… Silver Spoon a véritablement tout ce qu’il faut pour offrir un récit plaisant, malgré un sujet à priori peu passionnant. Ce n’est pas un chef d’œuvre ni un incontournable, mais il serait fort dommage de passer à côté d’une expérience si rafraichissante.